UN POMPIER, UN CS — Inès au CS Landon

Raphaël Orlan­do —  — Modi­fiée le 18 sep­tembre 2025 à 04 h 36 

Web-série — Caporal à la caserne Château-Landon depuis deux ans et demi, Inès Brichler s’épanouit aujourd’hui dans un centre de secours qui, d’une certaine manière, lui était déjà familier. Jeune passionnée, elle observait autrefois cette caserne avec admiration avant d’y faire ses premiers pas en tant que pompier de Paris.

Bon­jour Inès, pour­rais-tu te présenter ?

Je m’ap­pelle Inès Bri­chler et je suis capo­ral. Depuis mes débuts à la Bri­gade, il y a deux ans et demi, j’évolue au centre de secours Châ­teau-Lan­don, rat­ta­ché à la 10e com­pa­gnie et au 1er grou­pe­ment d’incendie et de secours. J’ai tou­jours sou­hai­té inté­grer la BSPP et le milieu mili­taire, mais avant d’entrer en for­ma­tion, j’ai vali­dé mon Bac ES, sui­vi deux années d’études d’infirmière puis tra­vaillé comme pom­pier contrac­tuel pen­dant huit mois afin de décou­vrir le métier. Cette expé­rience m’a confor­tée dans mon choix, mais ce qui me man­quait vrai­ment, c’était l’aspect mili­taire que j’affectionne tant. À tel point que l’ordre ser­ré et les ras­sem­ble­ments me manquent aujourd’hui, car on en pra­tique beau­coup moins en caserne que durant les formations.

Sur le plan per­son­nel, j’ai une petite sœur de 21 ans qui pour­suit des études de géo­gra­phie. Mes parents, eux, me sou­tiennent énor­mé­ment dans mon métier : ils me demandent régu­liè­re­ment à quel engin je suis affec­tée, com­ment se passent mes jour­nées, si j’ai pu dor­mir et si j’ai eu des inter­ven­tions dif­fi­ciles. Leur pré­sence et leur sou­tien sont pré­cieux et je leur en suis très reconnaissante.

À côté de la Bri­gade, je pra­tique le saxo­phone depuis mes quatre ans et je fais aus­si du tri­ath­lon. J’habite en Bre­tagne depuis un an et demi, mais j’ai gran­di en Alsace, où j’étais pom­pier volontaire.

Le monde des pom­piers s’est ouvert à moi au col­lège, lorsque des Jeunes sapeurs-pom­piers (JSP) et des pom­piers sont venus pré­sen­ter leur métier. Pour moi, ce fut une révé­la­tion : une évi­dence de vou­loir inté­grer la BSPP, un objec­tif que je n’ai jamais lâché.

Quel est le pre­mier aspect posi­tif qui te vient en tête en pen­sant à ce CS ?

Lan­don est une super caserne pour se for­ger une expé­rience solide : on décale beau­coup et notre sec­teur est par­ti­cu­liè­re­ment inté­res­sant. C’est un CS qui pousse à l’excellence, on se tire vers le haut mais tou­jours dans la bien­veillance et la bonne humeur. La cohé­sion est très forte, d’autant plus que la caserne n’avait pas été pen­sée, à l’origine, pour accueillir des pompiers.

Quelles spé­ci­fi­ci­tés ou types d’interventions pour ce secteur ?

Lan­don, c’est un bon com­pro­mis en intra­mu­ros, car nous cou­vrons un sec­teur varié et nous inter­ve­nons aus­si sur de nom­breux extras voi­sins. Nous pro­té­geons par exemple une par­tie du Xe, du XVIIIe et du XIXe arron­dis­se­ment, la gare du Nord (plus grande gare d’Europe), la porte de la Cha­pelle, Sta­lin­grad, Bar­bès, ou encore la col­line du crack. C’est un sec­teur où la pré­ca­ri­té est très mar­quée, avec les pro­blé­ma­tiques de délin­quance et de drogue qui l’accompagnent. Cela engendre des situa­tions par­fois dif­fi­ciles, mais aus­si des inter­ven­tions variées et for­ma­trices, aus­si bien en incen­die qu’en secours à victime.

Quelle est l’intervention qui t’a le plus mar­quée dans ce CS ?

Un jour, nous avons été appe­lés pour une femme poten­tiel­le­ment en détresse psy­cho­lo­gique, qui, en pré­sence de son bébé, hur­lait sur un quai de la gare du Nord. À notre arri­vée, nous avons com­pris la situa­tion. Elle venait de rece­voir un appel lui annon­çant le décès de son mari et de son deuxième enfant, tous deux morts en ten­tant de tra­ver­ser la Médi­ter­ra­née pour rejoindre la France. Ce qui m’a le plus mar­qué lors de cette inter­ven­tion, c’est le cri de cette mère, la dou­leur vis­cé­rale d’apprendre la perte de la moi­tié de sa famille, alors qu’elle se trou­vait déjà dans une grande précarité.

Sou­ve­nir per­son­nel ou cohé­sion le plus mar­quant dans ce CS ?

C’est un sou­ve­nir per­son­nel qui me tient par­ti­cu­liè­re­ment à cœur. Lorsque j’étais plus jeune, pour mon anni­ver­saire, ma mère m’emmenait sou­vent à Paris pour le week-end. J’habitais en Alsace à cette époque et nous arri­vions par la gare de l’Est. Très vite, ma pas­sion pour la Bri­gade a pris le des­sus sur les pro­me­nades pari­siennes : je vou­lais sim­ple­ment aller voir les casernes. La plus proche était… Lan­don. J’adorais obser­ver les pom­piers manœu­vrer. Un jour, j’ai même eu la chance de mon­ter sur la grande échelle et, en enfi­lant le casque, ma pre­mière réac­tion a été de dire : « Woah, ça sent bon le feu », ce qui a bien fait rire tout le monde. Aujourd’hui, je me sens chan­ceuse et fière d’avoir inté­gré cette caserne que j’ai tant obser­vée et admi­rée avant d’y entrer.


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