
Web-série — Caporal à la caserne Château-Landon depuis deux ans et demi, Inès Brichler s’épanouit aujourd’hui dans un centre de secours qui, d’une certaine manière, lui était déjà familier. Jeune passionnée, elle observait autrefois cette caserne avec admiration avant d’y faire ses premiers pas en tant que pompier de Paris.
Bonjour Inès, pourrais-tu te présenter ?
Je m’appelle Inès Brichler et je suis caporal. Depuis mes débuts à la Brigade, il y a deux ans et demi, j’évolue au centre de secours Château-Landon, rattaché à la 10e compagnie et au 1er groupement d’incendie et de secours. J’ai toujours souhaité intégrer la BSPP et le milieu militaire, mais avant d’entrer en formation, j’ai validé mon Bac ES, suivi deux années d’études d’infirmière puis travaillé comme pompier contractuel pendant huit mois afin de découvrir le métier. Cette expérience m’a confortée dans mon choix, mais ce qui me manquait vraiment, c’était l’aspect militaire que j’affectionne tant. À tel point que l’ordre serré et les rassemblements me manquent aujourd’hui, car on en pratique beaucoup moins en caserne que durant les formations.
Sur le plan personnel, j’ai une petite sœur de 21 ans qui poursuit des études de géographie. Mes parents, eux, me soutiennent énormément dans mon métier : ils me demandent régulièrement à quel engin je suis affectée, comment se passent mes journées, si j’ai pu dormir et si j’ai eu des interventions difficiles. Leur présence et leur soutien sont précieux et je leur en suis très reconnaissante.
À côté de la Brigade, je pratique le saxophone depuis mes quatre ans et je fais aussi du triathlon. J’habite en Bretagne depuis un an et demi, mais j’ai grandi en Alsace, où j’étais pompier volontaire.
Le monde des pompiers s’est ouvert à moi au collège, lorsque des Jeunes sapeurs-pompiers (JSP) et des pompiers sont venus présenter leur métier. Pour moi, ce fut une révélation : une évidence de vouloir intégrer la BSPP, un objectif que je n’ai jamais lâché.
Quel est le premier aspect positif qui te vient en tête en pensant à ce CS ?
Landon est une super caserne pour se forger une expérience solide : on décale beaucoup et notre secteur est particulièrement intéressant. C’est un CS qui pousse à l’excellence, on se tire vers le haut mais toujours dans la bienveillance et la bonne humeur. La cohésion est très forte, d’autant plus que la caserne n’avait pas été pensée, à l’origine, pour accueillir des pompiers.
Quelles spécificités ou types d’interventions pour ce secteur ?
Landon, c’est un bon compromis en intramuros, car nous couvrons un secteur varié et nous intervenons aussi sur de nombreux extras voisins. Nous protégeons par exemple une partie du Xe, du XVIIIe et du XIXe arrondissement, la gare du Nord (plus grande gare d’Europe), la porte de la Chapelle, Stalingrad, Barbès, ou encore la colline du crack. C’est un secteur où la précarité est très marquée, avec les problématiques de délinquance et de drogue qui l’accompagnent. Cela engendre des situations parfois difficiles, mais aussi des interventions variées et formatrices, aussi bien en incendie qu’en secours à victime.
Quelle est l’intervention qui t’a le plus marquée dans ce CS ?
Un jour, nous avons été appelés pour une femme potentiellement en détresse psychologique, qui, en présence de son bébé, hurlait sur un quai de la gare du Nord. À notre arrivée, nous avons compris la situation. Elle venait de recevoir un appel lui annonçant le décès de son mari et de son deuxième enfant, tous deux morts en tentant de traverser la Méditerranée pour rejoindre la France. Ce qui m’a le plus marqué lors de cette intervention, c’est le cri de cette mère, la douleur viscérale d’apprendre la perte de la moitié de sa famille, alors qu’elle se trouvait déjà dans une grande précarité.
Souvenir personnel ou cohésion le plus marquant dans ce CS ?
C’est un souvenir personnel qui me tient particulièrement à cœur. Lorsque j’étais plus jeune, pour mon anniversaire, ma mère m’emmenait souvent à Paris pour le week-end. J’habitais en Alsace à cette époque et nous arrivions par la gare de l’Est. Très vite, ma passion pour la Brigade a pris le dessus sur les promenades parisiennes : je voulais simplement aller voir les casernes. La plus proche était… Landon. J’adorais observer les pompiers manœuvrer. Un jour, j’ai même eu la chance de monter sur la grande échelle et, en enfilant le casque, ma première réaction a été de dire : « Woah, ça sent bon le feu », ce qui a bien fait rire tout le monde. Aujourd’hui, je me sens chanceuse et fière d’avoir intégré cette caserne que j’ai tant observée et admirée avant d’y entrer.