
#BrigadeInside — Le métier de sapeur-pompier est une tâche exigeante qui demande une grande disponibilité. Mais parfois les aléas de la vie viennent bouleverser cet équilibre. Le bureau condition du personnel — environnement humain (BCP-EH) est l’un des quatre bureaux de la division des ressources humaines de la Brigade. Dans les moments les plus beaux d’une vie jusqu’aux périodes les plus difficiles à surmonter, le BCP-EH avec l’ADOSSPP représentent le lien indéfectible entre l’institution et le militaire qui sollicite son aide. Une main tendue quelle que soit sa situation…
Altruisme, efficience, discrétion. Ces trois mots résonnent dans la tête de chaque sapeur-pompier de Paris qui part de chez lui pour enfiler l’uniforme avec lequel il viendra en aide à la population francilienne. Mais comment les conserver à l’esprit quand lui-même est tourmenté, inquiet, parfois anéanti par ses propres maux ? Pour le commandant Pierre-Olivier Adenot, chef du BCP-EH, la devise est simple : « Bien dans ta vie, bien dans tes bottes ! ».
Composé de 30 personnels ayant tous la fibre sociale, ce bureau œuvre chaque jour pour venir en aide à tous les sapeurs-pompiers de Paris dans le besoin. Mariés, célibataires, en concubinage, parents, propriétaires de biens, gradés ou non, tous sont potentiellement, un jour, confrontés aux difficultés de la vie. Pour les militaires du BCP-EH, il est inconcevable qu’un autre militaire de la BSPP n’ait pas de quoi faire ses courses en rentrant à la maison ou se retrouve isolé après un divorce douloureux. « Nous sommes présents pour ce qu’il y a de plus cher dans la vie de nos militaires : leurs vies d’hommes, de femmes, de citoyens, d’époux, de parents et ce avec toutes les complexités qu’une vie de famille peut parfois comporter » confie avec sincérité le commandant. Dans le contexte d’engagement massif, complexe et exigeant de nos personnels, les familles remplissent, il en est convaincu, un rôle central en constituant le socle de la vie des sapeurs-pompiers de Paris. Malheureusement, c’est dans sa sphère conjugale et familiale que le soldat du feu d’aujourd’hui est le plus touché. Tout comme pour nos camarades de l’armée de Terre, la recrudescence de divorces et de séparations impacte significativement le moral des troupes, avec des procédures souvent longues et compliquées, notamment lorsqu’il y a de jeunes enfants. Pourtant, il suffit parfois d’une aide financière ou d’un accompagnement juridique, voire simplement d’une présence bienveillante, pour remonter la pente. A l’écoute, les personnels du BCP-EH sont pour cela à la disposition de tous les pompiers de Paris afin de trouver des solutions à des situations souvent impactantes dans leur quotidien.

De nombreuses aides humaines et financières envisageables
Dès l’acceptation de la difficulté rencontrée, la première étape, et non des moindres, est de demander de l’aide. Il est parfois bien difficile dans une culture de la discrétion, très ancrée à la Brigade, de passer par sa hiérarchie de proximité, parfois même d’en parler à ses propres collègues. Pour ces raisons, il est possible de prendre directement rendez-vous avec une assistante sociale ou encore avec le conseiller facteur humain (CFH) de son groupement, qui travaillent tous les jours avec le BCP-EH. Les dossiers sont ensuite étudiés en toute discrétion, au cas par cas, par la commission de l’action sociale de l’ADOSSPP dont deux membres permanents appartiennent à la section de l’entraide sociale du bureau. L’ADOSSPP est indéniablement inscrite dans l’ADN de la BSPP et est le véritable bras armé social de la Brigade (voir page 70). Avec ce soutien, chacun peut se voir attribuer l’aide financière, juridique ou matérielle dont il peut avoir besoin. Des prestations aujourd’hui rendues possibles à 67 % grâce à l’offrande des
calendriers, mais également aux cotisations annuelles des adhérents ainsi qu’aux dons faits aux oeuvres sociales. Vient s’ajouter à ce grand panel de prises en charge des « accidents de la vie », la section reconversion pour tous les militaires en droit de bénéficier de ce dispositif à la Brigade. Cette section importante au BCP-EH œuvre afin de trouver une seconde vie professionnelle aux sapeurs- pompiers de Paris qui quittent l’institution. Elle possède des ramifications dans les groupements grâce aux conseillers en transition professionnelle (CTP).
Deux autres sections complètent le BCP-EH. La section environnement humain, avec sa cellule de suivi des blessés et des malades (CSBM), suit au jour le jour tous les blessés et les malades hospitalisés ou à domicile. La section concertation, animée par le capitaine Olivier Clerbout, officier concertation de la Brigade et adjoint au chef du BCP-EH, travaille quant à elle sur le moral et ses indicateurs. Elle est en contact permanent avec les conseillers catégoriels, les présidents de catégorie dans les groupements, les membres du conseil de la fonction militaire Terre (CFMT) ou les membres du conseil supérieur de la fonction militaire (CSFM). Ensemble, ils ont la volonté de défendre au mieux les intérêts de tous les personnels de la Brigade dans un contexte en perpétuelle effervescence (pensions militaires de retraites, mutuelles, nouvelles politique de rémunération des militaires, plan familles, situations familiales à accompagner, etc.).

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Trois questions au CBA ADENOT

« Tout le monde peut être touché par la maladie, la blessure, le handicap d’un enfant, le surendettement, la vie de famille brisée, l’impasse… Je refuse d’entendre encore en 2020 le terme « cassos » dans la bouche de nos hommes. Nous sommes des sauveurs d’Hommes et nous devons avant tout nous entraider » martèle avec conviction le commandant Pierre-OlivierAdenot. « Comme j’ai à cœur de l’entendre souvent de nos aumôniers présents tous les jours avec nous au BCP-EH : quand la première famille flanche, il revient à la deuxième, la Brigade, de prendre le relai et de ne pas laisser l’un des nôtres sur le bord de la route. »
Quel est votre parcours à la BSPP ?
Je suis arrivé à la Brigade le 4 mai 1988 comme engagé volontaire. Originaire de Seine-Saint-Denis, j’ai naturellement choisi le premier groupement d’incendie et de secours. Très vite séduit par le métier de sapeur-pompier de Paris, je suis allé à l’avancement et j’ai gravi les échelons très rapidement, poussé par mes chefs successifs. Oscillant entre les différentes unités de ce groupement et le CFC, toujours dans le 93 (sic), je me suis spécialisé dans le secourisme et les risques technologiques chimiques et radiologiques. J’ai servi la 39 e cie (UES Kourou) entre 2007 et 2012 en Guyane avant de revenir en métropole au tout nouveau groupement des appuis et de secours (GAS) comme officier logistique, avec la mission de créer la CCL4. Fort de mon expérience d’officier de sapeur-pompier de Paris détaché, je suis muté en 2013 à la direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN) pour concevoir le dispositif sécurité-incendie de ce site très sensible et mettre à jour la doctrine nationale de sécurité de cette grande et merveilleuse institution. L’été dernier, j’ai rejoint l’état-major de la Brigade pour prendre la tête du bureau condition du personnel — environnement humain (BCP-EH), l’un des quatre bureaux de la division organisation des ressources humaines.
En quoi consistent vos postes à l’ADOSSPP ?
Le rôle de secrétaire général me permet d’avoir une vue très globale de l’association. En tant que membre du bureau, je participe à toutes les décisions de fond. Mon rôle, en relation avec le président, est primordial pour le directeur de l’ADOSSPP, chargé de la mise en œuvre des décisions prises. Et mon statut d’actif à la BSPP est également très important vis-à-vis de cette association. En tant que président de la commission de l’action sociale, je me consacre à ce mandat afin d’aider tous les sapeurs-pompiers de Paris actifs ou anciens, éprouvés par des difficultés dans leurs vies.
Quel est le rôle de la commission de l’action sociale de l’ADOSSPP ?
La commission de l’action sociale de l’ADOSSPP est constituée de treize membres actifs ou anciens qui occupent ces fonctions en plus de leurs obligations professionnelles et/ou personnelles afin d’aider les SPP dans la difficulté. Je tiens ici à saluer cet engagement noble et louable (sauveur
de sauveteurs). Merci à eux… Nous venons en aide sous différentes formes aux pompiers de Paris en service ou retraités dans la « mouise » financièrement, matériellement, moralement ou autre. Nous nous appuyons pour cela sur le remarquable travail des assistantes sociales. Les aides distribuées sont très diversifiées et vont du simple soutien moral à l’exercice de la profession jusqu’au paiement de prestations dans de nombreux domaines : frais de scolarité, frais d’avocat, facture d’électricité, paiement des impôts, achat de mobiliers, versement de dividendes directement sur les comptes bancaires, mise à disposition de chèques multiservices, etc. Le sapeur-pompier de Paris, en activité ou retraité, n’est pas épargné par les difficultés et a quelquefois besoin d’aide. En commission, nous examinons environ dix dossiers tous les mois. Ces dossiers sont présentés par l’assistante sociale en chef et nous votons des aides en fonction des détresses. Je sais que des centaines de personnes vont se reconnaître à la lecture de ces quelques lignes, mais ces actions se réalisent en toute discrétion (pas de noms sur les ondes…).
Ce qui explique certainement pourquoi la commission de l’action sociale de l’ADOSSPP n’est pas tellement connue à la Brigade. Ces aides sont financées par l’ADOSSPP pour rester fidèle à ses statuts qui imposent de « porter assistance […] au pompier de Paris et sa famille… ».
À chaque fois, je me souviens des campagnes d’offrandes de calendriers auxquelles je participais chaque année afin que nous puissions en retour aider nos camarades en proie à des difficultés. Il me semble très important de garder le contact avec tous les parisiens qu’ils soient de Paris, de Seine-Saint-Denis, des Hauts-de-Seine ou du Val-de-Marne autrement que lorsqu’ils sont dans la détresse. Aussi, je me permets d’adresser un grand merci à tous les pompiers de Paris qui s’impliquent dans l’offrande des calendriers aux quatre coins de la mégalopole parisienne car grâce à eux nous pouvons, entre autres, aider les familles des sapeurs-pompiers de Paris dans la difficulté.
Pour faire un don à l’ADOSSPP : https://oeuvresocialepompiersparis.fr/