
Associatif — Fait inédit, nos deux grandes associations, l’ADOSSPP et le GNASPP ont changé de présidents ces derniers mois. Nous sommes allés à leur rencontre de Christophe Varennes (à gauche) et Thierry Dehecq pour mieux les connaître et comprendre leurs motivations associatives et personnelles. Interview complice.
Pourquoi avez-vous candidaté pour la fonction de président ?
Christophe Varennes (président de l’ADOSSPP) :
Cela coïncide avec un moment de ma vie où je continue à avoir une activité professionnelle, mais moins soutenue. Ainsi, autant mettre cette disponibilité au service de la Brigade qui nous a élevés depuis notre enfance. Et au sein d’associations qui nous ont toujours aidés. Ma vie a été jalonnée par l’ADOSSPP. Je suis né en étant un ayant-droit et je le suis toujours. C’est l’idée de redonner ce que j’ai pu recevoir depuis toujours.
Thierry Dehecq (président du GNASPP) : Dans cette interview, il va y avoir énormément de similitudes entre nous deux. C’est le cas pour ma candidature comme celle de Christophe : rendre un peu de tout ce que j’ai reçu de la Brigade. Quand Thierry Guilmin, l’ancien président, a eu besoin de prendre du recul, il m’a proposé de me présenter pour prendre sa suite. Nous nous connaissons depuis longtemps, car nous avions passé les chefs de garde ensemble. J’ai donc rejoint le GNASPP et après une période d’observation, j’ai posé ma candidature à sa succession qui a été votée, bien que mon activité professionnelle soit encore soutenue. Le tout avec une volonté d’impulser un nouvel élan à l’association qui entre dans une nouvelle ère.
Qu’avez-vous découvert en arrivant au sein de vos associations respectives ?
C.V. : En fait, je n’imaginais rien. Pour moi, l’ADOSSPP a toujours fait partie du paysage, mais j’ai découvert l’énorme boulot qu’il y a derrière. Surtout le professionnalisme, le sérieux avec lequel sont traitées les affaires et le sens de l’engagement des gens qui sont à la manœuvre. Il y a aussi le bénévolat et toutes les choses qui sont faites sur le temps libre des membres impliqués au sein de l’association. C’est une réalité que l’on ne perçoit pas lorsque l’on est en activité ou même quand on profite des prestations. Certains dossiers sont d’une complexité qui demande souvent d’avoir des connaissances juridiques, techniques et une bonne vision de leur faisabilité, tout en restant dans la lignée des statuts.
T.D. : L’idée est la même. La complexité est moins prégnante, mais l’engagement est là, avec moins de bénévoles pour le travail quotidien.
Il n’y a au GNASSPP que des bénévoles à l’exception de ceux qui participent aux activités liées à la jeunesse comme l’École ouverte, les Volontaires service civique ou l’Engagement aux valeurs de la République (EVR), financé par le Fonds interministériel de prévention de la délinquance (FIPD). J’ai découvert également qu’il y a des enjeux importants, à certaines périodes de la vie de l’association. C’est le cas en ce moment. Chaque général commandant la Brigade ayant ses objectifs, et nous devons nous adapter pour les mettre en œuvre.
C.V. : L’attente de nos adhérents, de notre institution, de nos partenaires qui sont nombreux, suscite une charge de travail importante qui demande une omniprésence sur tous les fronts. C’est la raison pour laquelle les associations doivent en permanence retrouver leur souffle et mettre en place des plans stratégiques, tous les trois à cinq ans, pour ne pas perdre le cap et s’adapter aux besoins de leurs adhérents.
Quels vont être les grands chantiers de vos associations respectives ?
C.V. : Pour l’ADOSSPP, le recouvrement des adhésions est un chantier immédiat et stratégique puisqu’à partir de 2026, les adhésions des actifs ne seront plus prélevées automatiquement sur la solde de janvier. Nous devons donc mettre en place une stratégie de marketing et d’attractivité incluant quelques nouveautés, tout en respectant le principe d’universalité entre les anciens et les actifs. Il faut que l’on soit présent sur l’ensemble d’une carrière et d’une vie. Je pense que nous devons faire un effort sur les premiers contrats et être plus présents pour les jeunes qui s’engagent, afin de participer à leur fidélisation. D’autre part, il faut aussi garder parmi nous les jeunes retraités qui sortent de la Brigade pour qu’ils deviennent nos ambassadeurs. Le deuxième projet important va être la création d’un fonds de dotation qui va permettre de concevoir et piloter les grands projets de l’écosystème des associations de la BSPP en partageant une vision commune.
T.D. : En effet, la création de ce fonds de dotation va être une étape importante dans la vie de toutes les associations de la BSPP. Elle va permettre d’avoir de la visibilité à plus long terme sur des projets structurants de plus grande ampleur et d’avoir les moyens de les porter. Des projets qui facilitent la cohésion entre les adhérents. L’enjeu pour le GNASPP comme pour l’ADOSSPP, je crois, c’est de faciliter les conditions de développement de ces associations. Une fois cette tâche accomplie, nous pourrons recommencer à bâtir des choses sur le long terme.
Par ailleurs, en particulier pour le GNASPP, nous disposons de nouveaux moyens financiers. À nous de bien les utiliser dans l’esprit et la lettre de nos deux donateurs principaux qui sont l’ADOSSPP et les Gueules cassées. Nous avons diminué le prix de la cotisation pour gommer la différence qu’il y avait entre les actifs et les anciens. Les actifs sont en effet membres du GNASPP à titre gratuit, depuis quelques années déjà : nous souhaitons également changer de nom pour mieux les intégrer, avec les anciens. Et enfin, nous devons consolider la première place de la Brigade comme contributeurs du service civique en France. Pour tout ceci, il nous faut recruter, car si le nombre d’adhérents est stable, la moyenne d’âge augmente.
En quoi les deux associations sont-elles compatibles ?
C.V. : Elles sont plus que compatibles, elles sont complémentaires. L’une ne va pas sans l’autre. Le GNASPP est un opérateur social au même titre que l’ADOSSPP. Auprès des anciens de tout le territoire national, il est le référent de notre solidarité. Nous sommes implantés sur le même site et, Thierry et moi, siégeons dans les deux conseils d’administration. Il y a donc des échanges permanents et nous apportons l’expertise de l’ADOSSPP sur les dossiers qui demandent une structure sociale professionnelle. Mais à l’avenir, nous devrons certainement rapprocher encore davantage nos associations.
T.D. : Cette complémentarité s’exprime notamment dans le fait que les anciens, qui ne sont plus adhérents
à l’ADOSSPP sont soutenus par le GNASPP dans sa mission d’entraide et de solidarité, grâce aux subventions de cette dernière, et au maillage que Christophe vient d’évoquer.
En quoi les deux présidents sont-ils compatibles ?
C.V. : C’est une histoire de familles. Avec Thierry, nous sommes entrés à la Brigade à la fin des années 80. Nous avons réussi le concours des officiers à l’EMIA, ensemble. Depuis, nos familles demeurent très liées et ne se sont jamais quittées. Notre amitié dure depuis presque quarante ans et cette aventure commune en est, en quelque sorte, la continuité.
T.D. : Au-delà de ça, je sais que Christophe, comme moi, on éprouve le besoin de « toujours servir ». C’est d’ailleurs la nouvelle devise du GNASPP depuis juillet dernier, en écho à la devise de l’arme du Génie, à laquelle la BSPP appartient : « parfois détruire, souvent construire, toujours servir ». Un beau symbole où chacun au GNASPP doit veiller sur l’autre, comme le binôme des actifs en reconnaissance sur le terrain.
Christophe Varennes en bref
Officier en unité d’incendie : 28e Cie (1990/1992) – EMIA (1992/1994) – DA (1994/1995) – 21e Cie (1995/1998) – 6e Cie (adjoint et CDU 1998⁄2002)
EM Brigade : adjoint et chef BIRP (2003/2005) — chef BOPE puis BOPO (2011/2013)
Délégation à l’information et à la communication de la Défense : adjoint au département stratégie (2008/2012)
Chef de corps du GFIS de 2013 à 2015
Administrateur de l’État au centre des monuments nationaux affecté à la cité de Carcassonne et à la forteresse de Salses : 2018⁄2023
Depuis 2023 : expert en sécurité incendie dans les Monuments historiques
Thierry Dehecq en bref
Engagé volontaire à la BSPP : MDR à la 5e Cie puis au groupement instruction (1985/1989)
sergent puis chef de garde à la 24e Cie (1990/1992)
Après l’EMIA, officier au 71e RG (1995/1997) : chef de section d’appelés, mission ONU déminage en Angola
Officier en unité d’incendie : 12e Cie (1997/1998) — 7e Cie (adjoint et CDU 1998⁄2002)
EM Brigade : officier traitant au BOPE (2002/2005)
Scolarité du diplôme technique à la Sorbonne (master 2 gestion des crises, 2005/2006)
Officier supérieur de protection contre l’incendie en région terre Île-de-France (2006/2010)
Bureau des experts (tunnels) à la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises (2010/2013)
EM Brigade : chef BPO (2013/2015), puis EM GIS1 : commandant en second (2015/2017)
Mission pour l’Union européenne d’amélioration de la sécurité civile en Jordanie (2017/2019)
Depuis 2019, gestionnaire de parc immobilier et d’entreprises.