
#BrigadeInside — Véritable couteau suisse de l’urgence et du secours routier, le camion de désincarcération (CD) de la BSPP a été conçu comme une boîte à outils prête à être envoyée rapidement sur les accidents de la route et les interventions complexes. Il en existe trois sur le secteur Brigade, un par groupement d’incendie. Et pour chacun, entre 200 et 400 départs par an.
Au centre de secours de Puteaux, le CD du troisième groupement est dans la moyenne haute des départs, en défendant un secteur riche en infrastructures routières, tunnels et échangeurs. Si le camion en lui-même reste d’apparence classique, le matériel qu’il contient a été modernisé et allégé afin d’optimiser la place tout en étant plus efficace sur intervention. « On est passé d’un engin un peu fourre-tout, avec du matériel lourd, moins maniable, fonctionnant sur un générateur électrique bruyant et encombrant, à du matériel électrique sur batterie qui devient la norme aujourd’hui », indique l’adjudant-chef Frédéric Louvel, chef du CS Puteaux.
Majoritairement engagé sur du secours routier, le CD peut aussi être sonné pour des interventions sur feu lorsque cela nécessite de la découpe, du levage, du déblai complexe. Armé par trois sapeurs-pompiers formés pour appliquer les meilleures solutions en un temps record, il peut être indispensable sur des situations inhabituelles comme des personnes bloquées ou des animaux coincés. « Le camion doit rester un engin d’intervention rapide, précise le chef de centre. Lorsqu’il s’agit de missions lourdes et complexes, parfois longues, cela revient au RSMU spécialement formé et équipé pour cela. »
Dans le ventre du CD. Parmi les très nombreux outils à disposition du chef d’agrès ou des équipiers, deux sont incontournables : l’écarteur et la cisaille. Affichant un poids de 17 kg pour le modèle le plus imposant, l’écarteur paraît petit, mais déploie une puissance considérable. Sa force maximale, mesurée en kilonewtons, équivaut à 5 tonnes, soit 501 kN. En écrasement, l’écarteur qui devient écraseur développe une force de 144 kN, soit 1,5 tonne environ.
Maniant l’outil avec une habileté acquise au fil des interventions, le sergent James Chanut, chef d’agrès du CD à Puteaux, explique que « l’avantage de ce modèle, c’est surtout l’ensemble des accessoires qui permettent de l’utiliser dans différentes configurations, comme la patine qui se fixe sur la partie inférieure pour faire appui avec le sol et lever rapidement un véhicule sur plusieurs dizaines de centimètres ».
Au même titre que l’écarteur, la cisaille joue un rôle fondamental. Conçue pour découper barres, tôles et métaux dits vides ou creux, elle exige d’être consciencieux pour éviter les blessures. Le sergent Hakim Cherkaoui, chef d’agrès CD lui aussi, indique qu’un entraînement régulier des sapeurs est nécessaire au maintien des savoir-faire. « On doit s’exercer sur de vrais véhicules, car une mauvaise découpe de tôle présente un risque important à la fois pour les victimes et pour les sapeurs, ajoute le sous-officier du CS. En complément, nous utilisons un lot de protection pour la découpe que l’on fixe avec des sortes de pinces, c’est indispensable. » Dernièrement, c’est sur les wagons d’un train entier que les pompiers de Puteaux ont pu travailler, en lien avec la SNCF. « Une belle journée de cohésion ! » souligne en souriant le sergent. En y ajoutant l’une des deux disqueuses, l’équipage du CD peut découper à peu près tout sur intervention.
Bien armé pour toute intervention. D’autres outils moins imposants ou moins connus font partie du lot. Si le Stab-Fast permet de stabiliser les véhicules retournés — légers ou poids lourds — au moyen de sangles et d’un système d’équilibres, le tire-fort et le treuil à l’avant du camion peuvent être employés pour le déplacement de charges lourdes. La fameuse scie à chaîne est également de la partie, indispensable à tout pompier de Paris employé sur de l’élagage, tandis que les perceuses, meuleuses et trousses à outils simples restent la base indispensable. En interventions nocturnes, fréquentes lorsqu’il s’agit de secours routier, les sapeurs peuvent s’appuyer sur différents moyens d’éclairage, notamment des projecteurs sur batteries et des spots fixés sur le camion.
La solution adéquate à une situation complexe
Découper, écarter, déformer ou reformer ne sont pas toujours des solutions pertinentes. « Aujourd’hui, sur les secours routiers et avec la complexité des nouveaux véhicules, on préfère dévisser quelques vis ou boulons pour décrocher une portière que découper de la tôle » lance le sergent Chanut, dix ans de service, évoquant l’évolution sans fin de l’industrie automobile. Pour le chef d’agrès du CD, l’objectif est d’élaborer un plan d’urgence en utilisant les outils appropriés.
À l’aide d’une application sur tablette, il est désormais possible d’obtenir rapidement les caractéristiques techniques et physiques d’un véhicule en scannant la plaque d’immatriculation ou un QR code pour certaines marques. « C’est essentiel pour travailler en sécurité, ajoute-t-il. On obtient des renseignements précis, des images et des schémas sur tout ce qui peut être dangereux pour nous ou la victime lors des manœuvres de désincarcération, comme la localisation des airbags ou celle des batteries. »
Le CD du futur. Aujourd’hui, grâce à un matériel toujours plus performant et une formation rigoureuse des sapeurs, le camion de désincarcération reste la référence en matière de secours routier, capable de s’adapter aux nombreux défis du terrain. Celui de Puteaux n’est plus tout jeune. L’ancien camion de Landon réaffecté au CS il y a quelques années, a connu les pavés parisiens et, avec près de 100 000 km au compteur, l’usure se fait sentir. Courant 2025, il devra être remplacé par un engin de nouvelle génération qui, avant ça, aura eu l’honneur de défiler sur les Champs-Élysées pour le 14 juillet. Vous pourrez le découvrir en détail dans une prochaine édition d’Allo 18.