LA STRATÉGIE DE RELATIONS INTERNATIONALES — World wide Paris fire Brigade (2/4)

Raphaël Orlando
8 janvier 2025
Nicho­las Bady —  — Modi­fiée le 13 jan­vier 2025 à 10 h 56 

[tag-adh] Le capitaine Alexandre Merheb est chef de la section relations internationales (SRI) de la BSPP depuis le début de l’année 2022. ALLO 18 est parti à sa rencontre pour tout savoir sur les nombreuses relations que la Brigade entretient avec les pays étrangers.

Qu’est-ce qu’une mis­sion de coopé­ra­tion ? Et dans quelle mesure la BSPP réa­lise-t-elle ces missions ?

Les mis­sions de coopé­ra­tion concernent aus­si bien des mili­taires du rang, des sous-offi­ciers que des offi­ciers ; soit sur des for­ma­tions de base en secou­risme ou en lutte contre l’incendie, ou des for­ma­tions beau­coup plus tech­niques comme le secours rou­tier, la pré­ven­tion ou d’autres domaines d’expertise de la Bri­gade. Le but de ces for­ma­tions est essen­tiel­le­ment de for­mer les pom­piers locaux aux for­ma­tions de la BSPP. La Bri­gade est en
mesure d’encadrer des stages COS à l’étranger, hier au Bur­ki­na Faso et aujourd’hui en Tuni­sie. Et demain, pro­ba­ble­ment à Djibouti.

La BSPP par­ti­cipe annuel­le­ment à plu­sieurs mis­sions de coopé­ra­tion inter­na­tio­nale, que ce soit sur le conti­nent afri­cain ou asia­tique, même si la plu­part ont lieu en Afrique, notam­ment dans des pays comme le Came­roun, la Répu­blique démo­cra­tique du Congo, la Tuni­sie, au Séné­gal ou dans le pas­sé, dans la bande sahélo-saharienne. Nous for­mons éga­le­ment des pom­piers en Asie, dans les pays du Moyen-Orient, aux Émi­rats arabes unis
ou en Irak. La mis­sion de coopé­ra­tion la plus inso­lite est pro­ba­ble­ment une mis­sion de for­ma­tion en Mon­go­lie, dans le sens où il est rare que la Bri­gade se rende aus­si loin ! Plu­tôt ori­gi­nal pour les sapeurs-pom­piers de Paris, qui ont plus l’habitude de for­mer sur le conti­nent africain. Cela est néan­moins moins sur­pre­nant lorsque nous pen­sons aux enjeux diplo­ma­tiques fran­çais dans ce pays et nous avons aus­si voca­tion à accom­pa­gner ceux-ci.

Il est inté­res­sant de noter que les mis­sions de coopération sont gérées par le minis­tère de l’Intérieur (DGSCGC, DCIS) ou le minis­tère des Affaires étran­gères (DCSD), tan­dis que les OPEX sont gérées par le minis­tère des Armées.

Jus­te­ment, que pou­vez-vous nous dire à pro­pos des OPEX de la Brigade ?

La BSPP a un déta­che­ment de six sapeurs-pom­piers au sein de la FINUL dans le cadre de la pro­tec­tion du camp Dayr Kifa, au Liban. Leur voca­tion est notam­ment de pro­té­ger le camp contre les risques incen­die, de sensibiliser les mili­taires pré­sents à notre métier et de mener des actions de coopé­ra­tion avec les pom­piers liba­nais. C’est une opé­ra­tion exté­rieure d’un man­dat de quatre mois. Par ailleurs, un offi­cier BSPP est aus­si pré­sent dans la zone FINUL, avec une mis­sion d’officier de liai­son au sein de la FINUL.

Au Gabon, les pom­piers de Paris pro­tègent le camp Charles-de-Gaule à Libre­ville. En revanche, il s’agit d’une ission de courte durée et non d’une opé­ra­tion extérieure. Leur but est de pro­té­ger le camp contre les risques incen­die et, sur le même modèle que le Liban, de sensibiliser le per­son­nel mili­taire fran­çais sur place et de for­mer les pom­piers gabo­nais. Une des rai­sons qui explique la pré­sence de la BSPP au Gabon est que les mili­taires
fran­çais pré­sents au Gabon vivent avec leurs familles. Il appa­rais­sait donc impor­tant pour les Armées qu’un détachement de six sapeurs-pom­piers mili­taires soit présent.

Dans le cadre des OPEX, la BSPP arme un char­gé de pré­ven­tion des risques pro­fes­sion­nels en opé­ra­tion au sein d’un camp fran­çais en Europe, un adjoint interarmées de pré­ven­tion de théâtre à Lille et des offi­ciers de liai­son au sein de dif­fé­rents états-majors fran­çais en Afrique, qui sont une oppor­tu­ni­té pour nos offi­ciers d’avoir une expé­rience en opé­ra­tion exté­rieure. Nous sou­te­nons éga­le­ment, dans leur pré­pa­ra­tion, les lau­réats
de l’École de guerre qui, avant d’entamer leur sco­la­ri­té, doivent être pro­je­tés en OPEX.

La Bri­gade entre­tient-elle une rela­tion par­ti­cu­lière avec cer­taines nations étrangères ?

Nous entre­te­nons depuis plu­sieurs années un partenariat avec le Tokyo Fire Depart­ment (TFD), au Japon, qui a pour but d’échanger sur des thé­ma­tiques bien pré­cises. Le TFD est un des plus grands corps de pom­piers du monde, avec le NYFD et la BSPP. Nous pou­vons donc avoir des enjeux et des centres d’intérêt com­muns avec cette uni­té. Ce par­te­na­riat est très impor­tant pour la BSPP. Chaque année, soit Paris, soit Tokyo, accueille une
délé­ga­tion de l’autre uni­té afin d’observer le trai­te­ment par l’unité d’accueil, de cer­taines thé­ma­tiques et d’échanger sur des sujets particuliers.

À ce titre, cette année en novembre, le Tokyo Fire Depart­ment va venir à Paris afin d’honorer une de ces visites. En 2025, la BSPP ira donc à Tokyo. Concrè­te­ment, la BSPP est très inté­res­sée par leur façon d’éduquer la popu­la­tion aux risques. Le TFD pos­sède un centre d’éducation de la popu­la­tion aux risques qu’une délé­ga­tion de la BSPP ira visi­ter, en amont de la venue du TFD à Paris. De son côté, le TFD est très inté­res­sé par la manière dont
la Bri­gade traite les opé­ra­tions de secours et par son centre opé­ra­tion­nel, qui est, je pense, très per­for­mant à leurs yeux, notam­ment en ce qui concerne la prise d’appel et le rac­cour­cis­se­ment du temps entre celui-ci et l’intervention à pro­pre­ment par­ler. Le TFD et la BSPP font face aux mêmes enjeux et pour­raient tra­vailler sur des thé­ma­tiques, comme le chan­ge­ment cli­ma­tique et ses consé­quences sur nos interventions.

Le par­te­na­riat entre la BSPP et le Ser­vice d’incendie et de secours de Genève est his­to­rique. Nous fai­sons des exer­cices en com­mun et accueillons des sta­giaires suisses aux stages COS, au sein des­quels nous for­mons leurs offi­ciers. Ce par­te­na­riat fran­co­phone nous tient particulièrement à cœur. Le ser­vice d’incendie et de secours de Genève est d’ailleurs régu­liè­re­ment pré­sent lors de nos évè­ne­ments et com­mé­mo­ra­tions et est très soli­daire de la
Bri­gade de sapeurs-pom­piers de Paris. Nous avons également signé de nou­velles conven­tions avec des par­te­naires his­to­riques, tels que le corps grand-ducal du Luxem­bourg et le corps des sapeurs-pom­piers de Monaco.

Ensuite, Sin­ga­pour. La Bri­gade a éga­le­ment un partenariat avec le Sin­ga­pore civil defense force, qui date de jan­vier 2022. Cette uni­té sin­ga­pou­rienne fait appel à la BSPP pour visi­ter notre état-major et notre centre opérationnel, notam­ment en ce qui concerne le trai­te­ment des appels.

La BSPP sus­cite un inté­rêt cer­tain pour ces uni­tés, en plus d’un lien affec­tif, sachant que beau­coup de ces par­te­na­riats sont his­to­riques, comme celui avec les pom­piers de Genève, mais aus­si avec la pompe France au Chi­li, le corps de sapeurs-pom­piers de Mona­co, le corps grand-ducal du Luxem­bourg ou encore les pom­piers de Côte d’Ivoire. On compte d’ailleurs beau­coup d’anciens sapeurs-pom­piers de Paris au sein des sapeurs-pom­piers de Monaco.

Nous accueillons éga­le­ment des délé­ga­tions du monde entier au sein de la Bri­gade. À ce titre, nous avons constitué une petite col­lec­tion de dra­peaux, que nous his­sons lors des visites de délé­ga­tion étran­gère. C’est sou­vent la pre­mière chose qu’ils voient de l’état-major, ce qui les touche particulièrement.

Qu’est-ce que le MPCU ?

Le méca­nisme de pro­tec­tion civile de l’Union euro­péenne est, comme son nom l’indique, euro­péen. Son but est de pro­je­ter des modules euro­péens sur des lieux de crise. L’un de ses der­niers déploie­ments a été la Tur­quie, après le séisme qui a eu lieu en début d’année 2023. Plu­sieurs sapeurs-pom­piers de Paris par­tis à cette occasion.

Nous déve­lop­pons actuel­le­ment une stra­té­gie afin de mieux répondre aux attentes et au besoin spé­ci­fique du méca­nisme de pro­tec­tion civile de l’Union euro­péenne, notam­ment par la consti­tu­tion de viviers de mili­taires pro­je­tables. Nous avons voca­tion à pour­suivre et à intensifier notre inves­tis­se­ment au niveau européen.

Pro­pos recueillis par le Ser­gent-chef Nicho­las Bady


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