L’art et la Brigade, une belle histoire

Maxime Gri­maud —  — Modi­fiée le 19 jan­vier 2023 à 03 h 25 

Grands formats — Architecture, sculpture, peinture, musique, littérature, spectacle, photographie, films, bandes dessinées, etc. Depuis la création du bataillon, le pompier de Paris est représenté dans de multiples formes artistiques. Voici une compilation de chefs‑d’œuvres et d’histoires entremêlant ces deux mondes en apparence si opposés.


1 — Architecture 

NOS CASERNES, CES PETITS BIJOUX


CS Mont­martre

Pre­mier des arts majeurs dans la clas­si­fi­ca­tion clas­sique, l’architecture doit res­pec­ter, de prime abord, des règles de construc­tion pré­cises. La prise en compte de la fonc­tion de l’édifice et de son inté­gra­tion dans l’environnement consti­tuent les pre­mières pro­blé­ma­tiques abor­dées par l’architecte. Une fois ces contraintes dépas­sées, l’aspect artis­tique émerge.

La prin­ci­pale expres­sion archi­tec­tu­rale de la BSPP est bien sûr la caserne. Les pre­mières d’entre elles étaient des bâti­ments réaf­fec­tés qui n’étaient pas conçus pour accueillir des pom­piers à l’origine. Il s’agissait d’anciens cou­vents, tels que Colom­bier, ou d’hôtels par­ti­cu­liers, comme Sévi­gné et Grenelle.

Des maté­riaux nobles
Ces édi­fices pro­po­sant des façades orne­men­tées, des fron­tons sculp­tés, des boi­se­ries et des por­tails riche­ment déco­rés, n’avaient pas pour voca­tion à être admi­rés par des pom­piers. Ils res­tent aujourd’hui des témoi­gnages his­to­riques remar­quables du patri­moine archi­tec­tu­ral de la capi­tale. Colom­bier et Sévi­gné étant les deux plus anciennes casernes de Paris tou­jours en acti­vi­té (1813 et 1815).

Le fron­ton du centre de secours Cha­li­gny a été réa­li­sé par Louis Oscar Roty, célèbre sculp­teur de La Semeuse.

Par la suite, finan­cées par la ville de Paris ou les autres com­munes adja­centes et issues de concours d’architectes, l’ensemble des casernes pari­siennes se dis­tingue des édi­fices sobres habi­tuel­le­ment construits pour les armées. Inté­grées dans l’écosystème pari­sien, elles res­semblent bien plus à des mai­ries, des écoles ou des lycées. Ain­si, Mont­martre, Blanche ou Port-Royal pro­posent des bâti­ments construits en maté­riaux nobles : pierre de taille ou rem­plis­sage de briques.

Enfin, si la majo­ri­té de ces édi­fices furent conçus à la fin du XIXe siècle, par des archi­tectes répu­tés, le centre de secours Dau­phine reste une œuvre d’art à part entière. Créé par le grand archi­tecte Robert Mal­let-Ste­vens en 1936, il emprunte le style Art déco tout en adop­tant cer­tains élé­ments de l’esprit cubiste.


2 — sculpture

UN SAUVEUR AU DESTIN TRAGIQUE


S i plu­sieurs hauts-reliefs et bas-reliefs ornent les façades des centres de secours, c’est bien l’histoire de la sta­tue « Sau­vée » qui incarne à elle seule le second art majeur à la BSPP : En 1889, l’État fran­çais com­mande au sculp­teur Hec­tor Lemaire une œuvre pour embel­lir le congrès inter­na­tio­nal de sau­ve­tage de l’exposition uni­ver­selle. L’artiste réa­lise donc cette allé­go­rie qui immor­ta­lise l’héroïsme d’un pom­pier de Paris, sau­vant une jeune femme. D’abord relé­guée dans une réserve de la ville de Paris, l’œuvre est ensuite dépla­cée dans le petit square Vio­let du XVe arron­dis­se­ment. Encore aujourd’hui, l’origine de cette sta­tue reste sujet à contro­verse. Il pour­rait s’agir d’une méta­phore des pom­piers sau­vant Paris des flammes. La femme éva­nouie sym­bo­li­sant la capi­tale ou la Répu­blique. Cette théo­rie pou­vant se confir­mer avec l’action héroïque réa­li­sée par les corps de pom­piers de pro­vinces vingt ans plus tôt, venus sau­ver la ville des incen­dies meur­triers com­mis par la Com­mune. Le débat reste ouvert.

Pho­to­gra­phie de la sta­tue, prise avant son déboulonage


Le pom­pier sau­vant paris des flammes ?

À l’époque, l’œuvre s’intègre très bien à son nou­vel empla­ce­ment et fait la joie des habi­tants du XVe. Mal­heu­reu­se­ment, la Seconde Guerre mon­diale et l’occupation portent un coup ter­rible aux sta­tues expo­sées sur l’espace public. Plus d’une cen­taine d’œuvres à Paris, comme dans toute la France, seront ain­si débou­lon­nées et fon­dues par les alle­mands afin d’en récu­pé­rer le métal au titre de l’effort de guerre. « Sau­vée » n’échappe pas à la rafle et le square perd sa sta­tue. En 1990, la BSPP, après avoir lan­cé un appel à témoin en Alle­magne, ap- prend que la sta­tue à bel et bien été fon­due et que son plâtre d’origine a éga­le­ment été détruit dans un bom­bar­de­ment. Depuis, plu­sieurs pro­jets hom­mages à l’œuvre dis­pa­rue ont été réa­li­sés, mais la sta­tue n’a mal­heu­reu­se­ment jamais été recréée.

Buste de Marianne expo­sé au CS Rous­seau, ayant mira­cu­leu­se­ment sur­vé­cu à l’occupation mal­gré son sym­bole patriotique.

Il fau­dra donc attendre l’année 2008 pour qu’une nou­velle œuvre pari­sienne rende hom­mage aux pom­piers de la ville. Éri­gée place Jules Renard, face à l’État-major de la BSPP, une œuvre de l’artiste chi­nois Wang Du rap­pelle une tour d’instruction polie tel un casque F1.


3 — Peinture

SOLDAT DU FEU SUR TOUS LES SUPPORTS


La grande fresque
de Rous­seau expose la vie du quar­tier des Halles dans les années 40. De nom­breux mes­sages cachés sou­lignent la résis­tance des pom­piers contre l’occupant.

L e troi­sième art majeur englobe toutes les formes et sup­ports de pein­tures. Plu­sieurs œuvres mar­quantes, réa­li­sées par des grands-maîtres, évoquent ain­si l’histoire du régi­ment. « Au feu » de Georges Bus­son, « Pom­piers cou­rant à un incen­die » de Gus­tave Cour­bet, ou « vic­time du devoir » d’Edouard Detaille et le der­nier d’entre eux, « Mort du lieu­te­nant-colo­nel Froi­de­vaux » d’Émile Renard, illus­trent dif­fé­rents évé­ne­ments de la vie du corps.
Pour­tant, le plus impor­tant témoi­gnage artis­tique du pom­pier de Paris, et sûre­ment le plus intime, reste la fameuse fresque ! Très sou­vent réa­li­sée par les mili­taires eux-mêmes, elle peut illus­trer les par­ti­cu­la­ri­tés de la caserne : son sec­teur, le quar­tier, ses membres et même ses sym­boles. Elle sert prin­ci­pa­le­ment à créer un sen­ti­ment d’appartenance à son centre de secours et à sa com­pa­gnie.
Ain­si, avec les décen­nies, des mil­liers d’artistes en herbe ont peint avec joie, et plus ou moins de talent, les murs de leur centre de secours. Tous les styles ont été abor­dés : réa­lisme, impres­sion­nisme, cubisme, sur­réa­lisme ou encore pop art. Même chose pour les maté­riaux uti­li­sés qui furent éga­le­ment très divers comme l’aérographe, le mar­queur, le sty­lo, le rou­leau ou le pin­ceau. La mul­ti­tude d’œuvres d’art dans leur style et leur varié­té rend donc impos­sible de créer une liste exhaustive.

Le corps attaque les diables
Les plus anciennes réa­li­sa­tions datent de la Seconde Guerre mon­diale, ce qui en fait de véri­tables tré­sors à pro­té­ger coûte que coûte. On pense évi­dem­ment à celle en cou­ver­ture du dos­sier « Le corps attaque les diables » repré­sen­tant une allé­go­rie des pom­piers du régi­ment com­bat­tant l’occupant nazi. Pour­tant, leur conser­va­tion n’est pas for­cé­ment évi­dente. Inamo­vibles, elles ne peuvent pas être trans­por­tées, ce qui com­plique dès lors leur sau­ve­garde. Les efforts se basent donc le plus sou­vent sur le report du des­sin vers un claque voir direc­te­ment à par­tir de photographies.

Une fresque sur­passe toutes les autres par sa répu­ta­tion : celle de la voûte de Vil­le­neuve-Saint-Georges réa­li­sée en 1989 par le sapeur Serge Hara­go­vitch, élève à l’école supé­rieure d’arts gra­phiques. Pre­mier contact des jeunes incor­po­rés avec la Bri­gade, cette œuvre sym­bo­lise une porte d’entrée vers un nou­veau monde. Peut-être l’œuvre la plus mar­quante pour tous les hommes et les femmes ayant por­té l’uniforme de la BSPP.

Fresque de la célèbre voûte de Villeneuve-Saint-Georges

D’autres artistes du corps ont par­ti­ci­pé au déve­lop­pe­ment de l’art. Notam­ment Michel Pus­siaux au sein même des murs de l’État-major. Rapi­de­ment atti­ré par « l’art du grand feu » à savoir la céra­mique émaillée, il sera convo­qué à la fin des années soixante par le géné­ral Cas­so lui-même pour embel­lir ses locaux. Aujourd’hui encore ses réa­li­sa­tions peuvent être admi­rées dans dif­fé­rents bureaux de Champerret.

L’une des mosaïques de Mar­cel Pas­qua­li­ni, expo­sée dans les murs de l’État-major

Dans la vidéo, Renald Zapa­ta nous explique les fon­de­ments de la fresque qu’il a réa­li­sé en hom­mage à l’ad­ju­dant-chef Alexis Floquet.


4 — Musique

CHANTS, FLÛTES ET TROMPETTES


L a qua­trième forme d’art majeur s’incarne dans la Musique des sapeurs-pom­piers de Paris. Celle-ci contri­bue au rayon­ne­ment de la Bri­gade au tra­vers de ses mul­tiples pres­ta­tions. Res­pon­sable de la solen­ni­té des prises d’armes, des hon­neurs mili­taires au pro­fit de muni­ci­pa­li­tés, d’associations et d’organismes divers, le groupe est aujourd’hui consti­tué d’une cin­quan­taine de volon­taires spécialistes.

Ce groupe com­prend deux for­ma­tions dis­tinctes. La pre­mière étant l’orchestre d’harmonie, ensemble réunis­sant trois familles d’instruments : les bois (pic­co­lo, flûte, haut­bois, cor anglais, bas­son, cla­ri­nette, saxo­phone) les cuivres (trom­pette, cor­net bugle, cor, trom­bone, eupho­nium, tuba), les per­cus­sions et une contre­basse à cordes.

La m usique de la Brigade lors d’une représentation à la cité des sciences et de l’industrie.
La musique de la Bri­gade lors d’une repré­sen­ta­tion à la cité des sciences et de l’industrie.

La seconde for­ma­tion, la « bat­te­rie », réunit les ins­tru­ments d’ordonnance (tam­bour, clai­ron, et trom­pette de cava­le­rie). La grande varié­té ain­si que la poly­va­lence de ces musi­ciens per­mettent de consti­tuer éga­le­ment divers petits ensembles : quin­tette à vent, quin­tette de cuivre, qua­tuor de saxo­phones, qua­tuors de cla­ri­nettes, et dans de nom­breux styles différents.

Nous avions consa­cré l’an der­nier notre dos­sier du mois de juillet à ce groupe d’une très grande qua­li­té artistique.

Paris, nous voi­là !
En paral­lèle des pro­fes­sion­nels, chaque enga­gé a déjà expé­ri­men­té la musique à sa manière au tra­vers des fameux chants de sec­tions. S’il est com­mu­né­ment admis que le pom­pier de Paris chante comme une cas­se­role, les for­ma­teurs du GFIS réus­sissent pour­tant l’exploit de créer un véri­table chœur avec leurs recrues. Même dans la musique l’union fait la force !

Les deux chants tra­di­tion­nels de la BSPP étant bien sûr : « Paris nous voi­là » et « Sombres fumées ». D’autres sec­tions du GFIS entonnent des rimes plus tra­di­tion­nels, mar­queurs de l’histoire fran­çaise tels que « Pélot d’Hennebont », « La Stras­bour­geoise » ou « Le chant des Marais ». Enfin, cer­tains reprennent des paroles d’autres régi­ments de l’armée de Terre. On pense bien sûr à « La légion marche », « j’avais un cama­rade » ou « le volon­taire », retrans­crit par les pom­piers eux même.

»> À LIRE AUSSI… : Major Dominique Fiaudrin, un final sans fausse note


5 — Littérature

DES BEAUX TEXTES, DES BEAUX LIVRES


S i le pom­pier n’est pas répu­té pour être un féru de lec­ture, en dehors de ses BSP, cer­tains d’entre eux ont tout de même pris la plume. Le plus ins­pi­rant reste, bien sûr, le colo­nel Jean Hus­son. En 1965, celui-ci reçoit le grand prix du roman de l’Académie fran­çaise pour son livre “Le che­val d’Herbelot”. Récit réa­liste d’un vieil homme bataillant pour retrou­ver son ani­mal per­du, dont la quête le ramè­ne­ra vers les méandres de son pas­sé.
Mis à part cette prouesse encore inéga­lée, la lit­té­ra­ture de fic­tion sur les pom­piers de Paris ne s’avère pas foi­son­nante. Néan­moins, de nom­breux beaux livres ont été écrits dont cer­tains par l’Institution elle-même. Les plus consé­quents sont édi­tés par la mai­son Albin Michel comme « Sapeurs-pom­piers de Paris », à l’occasion du bicen­te­naire et « Sau­ver ou périr ». D’autres ouvrages se concentrent sur des périodes pré­cises, notam­ment : « 1939 – 1945 Le régi­ment de sapeurs-pom­piers de Paris ». À noter éga­le­ment l’auteur Didier Sapaut et son recueil très abou­ti : « Paris et ses sapeurs-pompiers ».

Attentats de 2015, explosion de la rue de Trévise, incendie de la rue Erlanger et sauvetage de Notre-Dame : ce beau livre retrace quatre événements majeurs de l’histoire de la BSPP.
Atten­tats de 2015, explo­sion de la rue de Tré­vise, incen­die de la rue Erlan­ger et sau­ve­tage de Notre-Dame : ce beau livre retrace quatre évé­ne­ments majeurs de l’histoire de la BSPP.

D’autres livres prennent un contre-pied plus phi­lo­so­phique tel que « L’éthique du sapeurs-pom­piers Paris » dont l’écriture fut menée par le géné­ral Glin. Dans la même lignée, le géné­ral Jean-Claude Gal­let et Romain Gubert ont rédi­gé, l’année der­nière, un essai ambi­tieux « Éloge du courage ».

Enfin, le ter­rible incen­die de Notre-Dame a par­ti­cu­liè­re­ment atti­ré l’attention des jour­na­listes et roman­ciers. Les deux prin­ci­paux livres nar­rant cette inter­ven­tion sont « Dans les flammes de Notre-Dame » de Sébas­tien Spit­zer et « La nuit de Notre-Dame » aux édi­tions Gras­set. Ce der­nier ayant été co-écrit avec la BSPP.

Sois fier de ces héros dignes du Capi­tole,
Paris … Noble cité,
Que sur leurs casques d’or tes rayons de clar­té
Leur fasse une auréole.
Cha­cun d’eux de la mort sait qu’il risque le heurt
En pleine vaillan­tise
Mais telle est la devise :
« Ou sau­ver ou périr » Cha­cun d’eux sauve ou meurt.

Extrait du poème « Sau­ver ou périr » paru en 1902 dans L’Écho des jeunes. Pour­tant la devise du régi­ment n’existait pas encore à cette époque.
Une belle trou­vaille avant l’heure !

6 — Arts de la scène

LA BSPP FAIT SON SHOW


A u même titre que la Musique des sapeurs-pom­piers de Paris incarne le qua­trième art, le groupe de gym­nas­tique de la Bri­gade cor­res­pond par­fai­te­ment au sixième, les arts de la scène. Ces deux groupes par­tagent géné­ra­le­ment l’affiche et par­courent les routes de France ensemble.

Le groupe de gymnastique en représentation.
Le groupe de gym­nas­tique en représentation

Ins­tau­rée à l’origine pour des rai­sons opé­ra­tion­nelles, cette orga­ni­sa­tion sécu­laire est, aujourd’hui, un vec­teur à la fois de rayon­ne­ment mais aus­si de recru­te­ment. Com­po­sé d’une ving­taine de pom­piers, pour la plu­part opé­ra­tion­nels, le groupe pro­pose huit numé­ros dif­fé­rents adap­tables en fonc­tion du temps, de la météo et du nombre de gym­nastes dis­po­nibles.
En paral­lèle de la gym­nas­tique, de 1945 à 2011, « la nuit du feu » fut un évé­ne­ment popu­laire et annuel incon­tour­nable. Durant cette longue période, de mul­tiples artistes, chan­teurs et musi­ciens popu­laires vien­dront se pro­duire pour faire le show le temps d’une nuit par­ti­cu­liè­re­ment fes­tive.
Pour ce qui est du spec­tacle vivant, le pom­pier opé­ra­tion­nel y par­ti­cipe aus­si à sa manière. Deux prin­ci­paux évé­ne­ments : le défi­lé du 14 juillet et les fameux bals du 13 et du 14 juillet. Durant cette courte nuit chaque pom­pier devient un dan­seur et un ani­ma­teur pour la popu­la­tion civile venue décou­vrir l’univers des pom­piers de Paris.

AU SECOURS DES DANSEUSES

De 1780 à 2009, les pom­piers de Paris ont assu­ré la pro­tec­tion des théâtres pari­siens. Leur mis­sion prin­ci­pale consis­tant à étouf­fer les débuts d’incendie. Notam­ment en secou­rant les bal­le­rines au tutu régu­liè­re­ment enflam­mé par le contact des rampes à gaz et d’autres arti­fices scé­niques ! Un arrê­té de 2007 met fin à cette rela­tion tumul­tueuse après trois siècles de bons et loyaux ser­vices. Bien long­temps après l’abandon du gaz pour l’électricité.


7 — Cinéma

SUR GRAND ÉCRAN


D ans le sep­tième art éga­le­ment, le pom­pier de Paris retrouve ses lettres de noblesse. Le tout pre­mier film trai­tant exclu­si­ve­ment des mili­taires du régi­ment remonte d’ailleurs aux années 50. « La bataille du feu » aus­si appe­lée « Les joyeux conscrits » retrace ain­si le quo­ti­dien des enga­gés dans un registre où le réa­lisme et l’humour se côtoient.
Mais il fau­dra attendre près de 70 ans pour qu’un second cinéaste, Fré­dé­ric Tel­lier, réa­lise un autre film sur la BSPP : Sau­ver ou périr. Sor­ti en décembre 2018, le long-métrage est le fruit d’un for­mi­dable tra­vail col­la­bo­ra­tif entre la Bri­gade et le réa­li­sa­teur de L’affaire SK1, nom­mé aux Césars en 2016 dans la caté­go­rie du meilleur pre­mier film.

Notre-dame brûle…
La BSPP, sol­li­ci­tée dès la fin de l’année 2015, s’est plei­ne­ment enga­gée dans la réa­li­sa­tion de Sau­ver ou périr. Afin de garan­tir au met­teur en scène un maxi­mum de réa­lisme, la Bri­gade s’est inves­tie du scé­na­rio au tour­nage en pas­sant par la mise à dis­po­si­tion d’engins, de décors, d’uniformes et de conseillers tech­niques.
Le drame, por­té par la per­for­mance remar­quable de Pierre Niney dans le rôle du ser­gent Franck Pas­quier, jeune chef de garde au centre de secours Rous­seau, évoque avant tout la recons­truc­tion phy­sique et psy­cho­lo­gique d’un homme après un ter­rible acci­dent pro­fes­sion­nel. Cette his­toire uni­ver­selle sur fond de caserne de pom­piers a ras­sem­blé plus d’un mil­lion de spec­ta­teurs au cinéma.

En 2022, c’est une toute autre his­toire que nous pour­rons redé­cou­vrir dans les salles obs­cures, avec le nou­veau long métrage de Jean-Jacques Annaud. En effet, le célèbre réa­li­sa­teur de L’Ours, Sept ans au Tibet et Sta­lin­grad vient de ter­mi­ner le tour­nage de Notre-Dame brûle…


8 — Photographie

DANS LA BOÎTE


Aujourd’hui, tous les sapeurs-pom­piers connaissent l’impact média­tique du bu- reau com­mu­ni­ca­tion et de son engin dédié : le véhi­cule équipe inter­ven­tion image (VEII). Armé d’un pho­to­graphe et d’un camé­ra­man, l’origine de cet engin remonte pour­tant à bien plus loin que l’on ne pour­rait le croire. En effet, dès 1932, le régi­ment se dote d’un side-car ciné­ma­to­gra­phique ! Outil de démons­tra­tion et d’enseignement, uti­li­sé pour cap­tu­rer les grands incen­dies de l’époque, ce pre­mier véhi­cule sera le pré­cur­seur de prises de vue foi­son­nantes. Pro­gres­si­ve­ment, la cou­leur rem­pla­ce­ra le noir et blanc et le tra­vail de pho­to­gra­phie des mili­taires du corps se professionnalisera.

La danse des flammes par Syl­via Borel (BCOM), prix ser­gent Sébas­tien Ver­meille 2019

Aujourd’hui, la sec­tion pro­duc­tion-image pour­suit avec pas­sion ce tra­vail. Ali­men­tant conti­nuel­le­ment le maga­zine ALLO DIX-HUIT et ses réseaux sociaux par ses nou­veaux cli­chés. C’est en 2019 que l’œuvre de ses membres trouve un écho reten­tis­sant dans les armées et à l’international. Lorsque le capo­ral-chef Syl­via Borel rem­porte le prix « ser­gent Sébas­tien Ver­meille » pour la meilleure pho­to­gra­phie unique « La danse des flammes ».

La Force de l’image

« Erick Vau­thier pom­pier de Paris » raconte la lente réédu­ca­tion de ce sous-offi­cier de la BSPP griè­ve­ment brû­lé en 1993 sur un feu d’entrepôt à Run­gis. Ber­nard Le Bars, ancien pom­pier de Paris, éga­le­ment, immor­ta­lise cette his­toire poi­gnante au fil de ses cli­chés, témoins d’un par­cours tou­chant et tragique.


9 — Bande dessinée

DES CASES ET DES BULLES


E n 1964, un jeune des­si­na­teur de talent, René Dosne, gri­bouille ses pre­miers des­sins dans le maga­zine ALLO DIX-HUIT. Avec son ima­gi­na­tion débor­dante, ceux-ci se trans­forment rapi­de­ment en véri­tables bandes des­si­nées. Met­tant en scène ses per­son­nages emblé­ma­tiques connus de tous les pom­piers : pin-pon la VL, Flam­mèche et Cor­no­feu. Dans les années 80, il lais­se­ra le noir et blanc pour pas­ser à la couleur !

Jeu-dessin de René Dosne, réalisé pour le cahier de vacances 2019.
Jeu-des­sin de René Dosne, réa­li­sé pour le cahier de vacances 2019.

Après plus de 400 planches et une com­pi­la­tion en deux albums, René Dosne n’a tou­jours pas lâché son crayon et conti­nue, tous les deux mois, à ali­men­ter l’antépénultième page du maga­zine d’une de ses planches. En paral­lèle de ses des­sins enfan­tins, l’auteur est éga­le­ment l’inventeur du cro­quis opé­ra­tion­nel et réa­lise tous les des­sins d’intervention pour le magazine.

»> À LIRE AUSSI… : PORTRAIT — René Dosne : pompier, bon œil


Retour en haut