Web-série — Dans l’armée de Terre, il y a certains grades particuliers. Celui de major en unité opérationnelle en est un. Il est le grade le plus élevé parmi la catégorie des sous-officiers. En compagnie d’incendie et de secours (CIS), son rôle est essentiel : il est le gardien du temps, celui qui « sait », celui qui naturellement par son ancienneté, impose le respect. Le major Christophe L., de la 15e compagnie, nous enseigne les spécificités de cette fonction si particulière. Entretien.
Le major Christophe L., 55 ans dont 34 à servir à la Brigade, nous reçoit dans le bureau des officiers de la caserne de Champigny. Certains l’appellent « le sarce » ou encore « le chibani », il fait partie des murs de la Brigade. Son matricule en dit long : 47 807 (ndr : aujourd’hui, nous en sommes à 105 000). Jeune, il découvre les valeurs militaires aux côtés de son père, alors sous-officier du génie matériel de l’armée de Terre. Né à Niamey au Niger, c’est au gré des mutations de son paternel qu’il découvre chaque région de France, « étant jeune, je connaissais déjà le devoir de disponibilité et de discipline » évoque-t-il. Désireux d’intégrer la BSPP pour sa conscription, c’est dans un régiment de chars qu’il est amené à servir pour toute la durée de son service militaire.
Destiné à servir sous les drapeaux, le jeune Christophe L. décide à son tour de s’engager dans l’armée de Terre, au sein du génie, mais dans une autre institution : la BSPP. Une ambition l’anime : devenir officier. L’histoire d’amour débute alors en 1987. Nous ne relaterons pas aujourd’hui toute la carrière du major Christophe L., simplement par manque de pages dans ce magazine ! Il gravit les échelons de la Brigade rapidement. Il débute au 3e groupement d’incendie et de secours à la 3e compagnie puis, après quelques passages ci-et-là dans les compagnies voisines, il devient chef de garde à six ans de service, chef du centre de secours Auteuil à seize ans de service, et enfin adjudant d’unité de la 6e compagnie d’incendie et de secours après 20 ans de bons et loyaux services.
La carrière opérationnelle en compagnie d’incendie et de secours du Major L. aurait pu s’arrêter là, en 2007, à la fin de sa dernière affectation. Mais son ambition demeure intacte. Alors adjudant-chef et ressentant le besoin de se relancer, il décide de s’accorder une deuxième partie de carrière en préparant les concours des majors. « J’ai préparé le concours une première fois en 2009 mais, mal préparé, j’ai eu une note éliminatoire lors des épreuves écrites. Je me suis ensuite présenté aux épreuves de sélection professionnelle (ESP) en 2014 alors que j’étais en poste au bureau opération préparation opérationnelle. Cette fois-ci, mieux préparé et placé dans les meilleures conditions, j’ai réussi brillamment les épreuves en terminant major de promotion » raconte-t-il fièrement.
Le 1er janvier 2017, l’adjudant-chef Christophe L. est promu au grade de major. Cette fonction lui rouvre les portes des unités opérationnelles. C’est une deuxième partie de carrière qui se profile pour lui. La fonction de major en compagnie d’incendie et de secours est particulière.
« J’ai fait le choix de retourner en compagnie d’incendie, car c’est là le cœur du métier ». Pour son retour, le jeune major Christophe L. est affecté à Champigny-sur-Marne au PC de la 15e compagnie. En unité opérationnelle, les majors peuvent tenir des fonctions dévolues aux officiers et notamment celles d’officier de garde compagnie. « Aujourd’hui, à 55 ans, ma satisfaction est là ! Je ne suis pas officier, mais j’en occupe les mêmes fonctions, dit-il fièrement. Lorsque l’on arrive à la fonction d’OGC, c’est que l’on a déjà une forte expérience en tant que chef de garde. Devenir commandant des opérations de secours en tant que sous-officier est valorisant et très enrichissant. »
« La prévision et la prévention constituent l’essentiel de mon travail » continue-t-il. En priorité, les majors remplissent des fonctions particulières, propres au service spécial des compagnies d’incendie : commissions communales de sécurité, groupes de visite, réunions de chantiers. « Ma mission principale consiste en la mise à jour des plans, parcellaires, dossiers d’établissements répertoriés et la création de fiches opérationnelles dont celles relatives aux chantiers du Grand Paris Express (GPE). Ces éléments permettent aux secours de mieux connaître leur environnement opérationnel. Ce travail-là permet de prévenir tout départ de feu et également de maîtriser l’environnement opérationnel dans lequel les secours de la Brigade sont amenés à intervenir. Il s’agit de prendre toutes les mesures nécessaires empêchant la survenue d’un drame » conclut-il.
Enfin, une autre de ses missions est celle d’adjoint du commandement : « mon rôle est de mettre du liant entre les officiers, les sous-officiers et les militaires du rang. De par mon ancienneté, je détiens une partie de la mémoire de la Brigade, mon devoir est d’apporter aux jeunes cette expérience et les valeurs qui feront d’eux des pompiers de qualité ».
L’année prochaine, le major L. quittera, cette fois-ci définitivement, la compagnie d’incendie, pour apporter son expertise au bureau prévention du 2e groupement d’incendie et de secours. Nous lui souhaitons une belle continuation.
Mes chers adjudants-chefs
« N’hésitez pas à présenter le concours des majors ! Ce poste est valorisant et enrichissant ! Aujourd’hui, vous êtes des sous-officiers expérimentés ayant acquis de nombreuses connaissances techniques, vous êtes au top de vos qualifications alors continuez à apporter à l’Institution. Vous êtes essentiels. Foncez ! »
L’INFO EN PLUS
Les épreuves de sélection professionnelle (ESP) permettent d’accéder au grade de major. Les ESP sont composées d’épreuves d’admissibilité et d’admission. Il existe autant d’ESP que de domaines de spécialités. Ces ESP sont ouvertes et organisées une fois par an sauf situation particulière. Les conditions de présentation sont :
- être volontaire ;
- être en position d’activité ou de détachement d’office ;
- avoir été promu au grade d’adjudant-chef avant le 31 décembre de l’année précédant celle de présentation aux ESP ;
- sauf exemption médicale, avoir effectué le contrôle sportif annuel au titre de l’année de présentation aux épreuves.