UN GRADE , UNE FONCTION (14) — Officier et psychologue réserviste

Mar­ving Esca­vo­caf —  — Modi­fiée le 25 juillet 2024 à 08 h 43 

Web-série — Objectif : “Prendre soin de soi… ” La psychologue de classe normale (PCN) Julie Corfmat, réserviste à la BSPP depuis six ans, fait partie de la section médico-psychologique. Deux jours par semaine, elle travaille sous les ordres du psychologue hors classe (PSYHC) Matthieu Petitclerc. Aujourd’hui, c’est elle qui se confie à ALLO DIX-HUIT et elle nous explique sa fonction.

Julie Corf­mat, après l’obtention de son bac en 2002, veut deve­nir psy­cho­logue. Deux cur­sus de for­ma­tion s’offrent à elle : la facul­té de psy­cho­lo­gie ou l’école de psy­cho­logues pra­ti­ciens. Après une pre­mière année, la jeune femme n’apprécie pas le rythme de la fac et pré­fère s’orienter vers l’école de psy­cho­logues pra­ti­ciens, une ins­ti­tu­tion basée à Paris et Lyon. L’étudiante, ori­gi­naire de Bre­tagne, choi­sit d’intégrer l’établissement d’Île-de-France. Sa période de for­ma­tion de cinq ans se ter­mine en 2008. Fraî­che­ment diplô­mée, elle met rapi­de­ment en pra­tique ses nou­velles com­pé­tences de psy­cho­logue à l’établissement public de san­té de Ville-Evrard, loca­li­sé à Saint-Denis (93) jusqu’en 2011. L’année sui­vante, la jeune femme rejoint un cabi­net spé­cia­li­sé dans les risques psy­cho­so­ciaux et la ges­tion de crise en entre­prise. En 2015, la psy­cho­logue quitte son emploi pour voler de ses propres ailes. Elle ouvre, à Mon­treuil (93), son propre cabi­net dans la même spé­cia­li­té. En paral­lèle, elle intègre la bri­gade de sapeurs-pom­piers de Paris pour « prendre en charge les secou­ristes qui, eux, s’occupent des vic­times ». À son entrée à la Bri­gade, la PCN Julie Corf­mat prend l’initiative de pas­ser le diplôme uni­ver­si­taire de psy­cho­trau­ma­to­lo­gie à l’université Paris Des­cartes. Cette for­ma­tion dure un an et lui per­met d’adapter ses com­pé­tences à sa nou­velle popu­la­tion de patients.

« Une inter­ven­tion peut se révé­ler mar­quante psy­cho­lo­gi­que­ment »
La PCN Corf­mat retrouve tous les lun­dis et mar­dis matins son bureau de Port-Royal (3e cie) dans le XIIIe arron­dis­se­ment. Elle com­plète l’effectif de la sec­tion médi­co-psy­cho­lo­gique (SMPSY), com­po­sée de trois per­ma­nents dont le PSYHC Mat­thieu Petit­clerc, chef de la sec­tion, et cinq autres réser­vistes. Dans cette uni­té où la cohé­sion est au ren­dez-vous, ils ont, entre autres, pour mis­sions d’honorer des cours de pré­ven­tion lors des stages d’avancement, tout grade confon­du, et d’assurer des for­ma­tions tout au long des car­rières des sapeurs-pom­piers. « De l’entrée à Vil­le­neuve-Saint-Georges jusqu’au stage DSM (direc­teur des secours médi­caux), les psy­cho­logues inter­viennent au cours des stages pour sen­si­bi­li­ser les sapeurs-pom­piers de Paris aux enjeux de l’abord rela­tion­nel de la vic­time et de la pré­ser­va­tion du poten­tiel men­tal des inter­ve­nants, en pre­nant en compte les risques psy­cho­lo­giques aux­quels ils sont expo­sés » explique la PCN Corf­mat. Ils sont éga­le­ment ame­nés à inter­ve­nir lors d’interventions impor­tantes comme les atten­tats. « L’objectif pri­mor­dial est de faire bais­ser la ten­sion res­sen­tie lors d’une inter­ven­tion par­ti­cu­liè­re­ment sen­sible » déclare l’officier réser­viste. Les membres de la sec­tion sont éga­le­ment char­gés de veiller à la san­té men­tale des sol­dats du feu après la ges­tion d’une inter­ven­tion déli­cate. « Une inter­ven­tion peut paraître ano­dine et se révé­ler pour autant mar­quante psy­cho­lo­gi­que­ment » sou­ligne la PCN Corfmat.

Lorsqu’elle n’est pas chez les sapeurs-pom­piers de Paris, la psy­cho­logue exerce dans son cabi­net et à l’extérieur. Elle anime notam­ment des groupes d’analyse de pra­tiques pro­fes­sion­nelles auprès de soignants/​accompagnants dans des struc­tures médi­co-sociales, et gère éga­le­ment des situa­tions de crise au sein des entre­prises (décès bru­tal d’un col­la­bo­ra­teur, bra­quages, etc.). Elle donne éga­le­ment des cours de psy­cho­lo­gie cli­nique au sein d’une école de masseurs-kinésithérapeutes.

« Res­ter seul n’est pas la meilleure option »
Être et durer sont des prin­cipes fon­da­men­taux à la bri­gade de sapeurs-pom­piers de Paris. Ces mots donnent du sens aux conseils de la psy­cho­logue. Effec­ti­ve­ment, pour elle, il est pri­mor­dial de prendre soin de sa san­té, men­tale et phy­sique, pour gagner en séré­ni­té tout au long de sa car­rière et même de sa vie. « Tout le monde doit prendre soin de soi, estime la capi­taine psy­cho­logue. His­toire de tenir dans la durée. »
À pro­pos de notre Ins­ti­tu­tion basée sur la cama­ra­de­rie, elle pré­co­nise de ne pas hési­ter à se rap­pro­cher d’un frère d’arme lorsque les choses ne vont pas au tra­vail ou dans la vie pri­vée. « Res­ter seul lorsqu’on ne va pas bien, n’est pas la meilleure option » ajoute la capi­taine Julie Corfmat.

Un conseil à médi­ter du sapeur aux plus hauts gra­dés de la Brigade.


A LIRE AUSSI…

UN GRADE, UNE FONCTION (13) — Aumô­nier catho­lique de la Brigade
Retour en haut