UN POMPIER, UN CS — Sami au CS Villecresnes

Raphaël Orlando
6 juillet 2025
Raphaël Orlan­do —  — Modi­fiée le 1 août 2025 à 10 h 08 

Web-série – À Villecresnes, l’opérationnel rime avec polyvalence et ingéniosité. Loin des grandes artères parisiennes, ce centre de secours extra-muros se distingue par un secteur vaste, rural et varié, où la débrouillardise et l’adaptation sont souvent les clés de l’efficacité. Affecté à la remise depuis 2021, le première classe Sami Mansouri y a construit une solide expérience, nourrie d’interventions atypiques et d’un esprit de caserne marqué par la bienveillance.

Bon­jour Sami, pour­rais-tu te présenter ?

Salut, je suis le pre­mière classe Sami Man­sou­ri, j’ai 28 ans et je suis affec­té à la remise du CS Vil­le­cresnes. Je suis entré à la Bri­gade le 3 sep­tembre 2019. J’ai été ven­ti­lé à la 23e com­pa­gnie, au CS Saint-Maur, le 2 jan­vier 2020. En novembre de la même année, j’ai sui­vi la for­ma­tion CEP (conduc­teur d’engin-pompe), puis j’ai muté à Vil­le­cresnes le 4 jan­vier 2021, tou­jours comme remi­sard.

J’ai choi­si la BSPP parce que, depuis tout petit, j’ai tou­jours vou­lu deve­nir mili­taire. À 17 ans, j’ai com­men­cé le volon­ta­riat dans mon dépar­te­ment, le Cher, et j’ai tout de suite accro­ché aux inter­ven­tions, au feu, au fait d’aider les gens.

Après mon bac, j’ai été recru­té en tant qu’emploi d’avenir. J’ai bos­sé deux ans dans un centre de secours dif­fé­rent de celui où j’étais volon­taire, en fai­sant des gardes pos­tées de 12 heures. Ça a encore ren­for­cé ma pas­sion pour ce métier. Mais il me man­quait l’aspect mili­taire. C’est en tant que volon­taire que j’ai ren­con­tré d’anciens Bri­ga­dous, qui m’ont conseillé de me tour­ner vers la Brigade.

Quel est le pre­mier aspect posi­tif qui te vient en tête en pen­sant à ce CS ?

À Vil­le­cresnes, je pense immé­dia­te­ment à la bien­veillance. Elle se res­sent à tous les niveaux, quels que soient les grades, l’ancienneté ou l’expérience. On a vrai­ment cette volon­té de tirer tout le monde vers le haut, en accom­pa­gnant les plus jeunes avec péda­go­gie. Ce qui m’a sur­pris à mon arri­vée, c’est jus­te­ment cette ambiance très saine, celle qui m’avait fait aimer ce métier à mes débuts comme volontaire.

Et si je peux ajou­ter un deuxième point, c’est la poly­va­lence de notre caserne. On est rela­ti­ve­ment iso­lés, dans un envi­ron­ne­ment plus rural, donc on tra­vaille sou­vent en auto­no­mie en atten­dant les ren­forts. On est aus­si confron­tés à des inter­ven­tions assez aty­piques pour le sec­teur pari­sien, mais très cou­rantes dans les zones plus rurales.

Quelles spé­ci­fi­ci­tés ou quel type d’inter’ pour ce secteur ?

Notre sec­teur est très vaste, en super­fi­cie, il est presque aus­si grand que celui du G2 intra-muros. On couvre cinq com­munes : Vil­le­cresnes, San­te­ny, Marolles-en-Brie, Mandres-les-Roses et Péri­gny. Le poten­tiel opé­ra­tion­nel est très large : grands espaces boi­sés, réseau rou­tier dense… Et sur­tout, il n’y a pas de routine.

Ce que j’aime ici, c’est qu’on est fré­quem­ment obli­gé de réflé­chir dif­fé­rem­ment, de s’adapter. Cer­taines manœuvres apprises en for­ma­tion ne sont pas tou­jours trans­po­sables sur le ter­rain ici, donc on doit faire preuve d’initiative et par­fois se creu­ser un peu la tête.

Quelle est l’intervention qui t’a le plus mar­qué dans ce CS ?

Dif­fi­cile d’en choi­sir une, car plu­sieurs me viennent en tête et illus­trent bien la par­ti­cu­la­ri­té de notre secteur.

Par exemple, un feu de chaume pro­vo­qué par une sur­chauffe d’un tableau élec­trique en bord de champ. Les bouches à incen­die étaient éloi­gnées, donc nous avons dû choi­sir entre ali­men­ter l’engin-pompe — ce qui nous fai­sait perdre énor­mé­ment de temps — ou atta­quer avec notre réserve et orga­ni­ser des norias. On a choi­si la deuxième option. C’est typi­que­ment le genre d’intervention où il faut impro­vi­ser intelligemment.

Une autre fois, sur un acci­dent de bus, on a dés­in­car­cé­ré le conduc­teur à l’aide des petits outils du PS. Quand le camion de dés­in­car­cé­ra­tion est arri­vé, on avait déjà ter­mi­né. Encore une fois, débrouillar­dise et efficacité.

Enfin, à Vil­le­cresnes, quand les VSAV sont déjà enga­gés, on peut déca­ler à quatre en engin-pompe. Les règles d’engagement sont adap­tées, mais ça nous per­met de faire face à de petits feux ou de gagner du temps pour des sau­ve­tages, des mises en sécu­ri­té ou plus cou­ram­ment une pre­mière action de lance en atten­dant les renforts.

Sou­ve­nir personnel/​cohésion le plus mar­quant dans ce CS ?

Comme beau­coup de Bri­ga­dous, j’ai ten­dance à inté­rio­ri­ser mes émo­tions. En quatre ans, j’ai vu beau­coup de monde par­tir, mais le départ qui m’a le plus mar­qué, c’est celui de mon gra­dé remise. C’est lui qui m’a for­mé, qui m’a trans­mis tout son savoir, son expé­rience… un peu comme un pas­sage de flam­beau. Il fai­sait par­tie des piliers de Vil­le­cresnes. Son départ m’a vrai­ment tou­ché, c’est l’une des pre­mières fois où j’ai été aus­si ému par le départ d’un collègue.


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