Grands formats — L’Hôtel national des Invalides est l’un des plus hauts lieux historiques de la ville de Paris. Défendu depuis une trentaine d’années par les pompiers de Paris, qui veillent sur ce site emblématique avec rigueur et discrétion.
Cent sept mètres. C’est la hauteur gravie chaque semaine par les sapeurs-pompiers de Paris de la 42e compagnie détachés aux Invalides pour monter au sommet du lanternon. Dessous, repose le corps de l’empereur Napoléon depuis 1861. L’Hôtel national des Invalides, ce haut lieu de l’histoire de
France, a été édifié dès 1671 sur décision du roi Louis XIV. « Il souhaitait construire un bâtiment capable d’accueillir ceux qui ont exposé leur vie et prodigué leur sang pour la défense de la monarchie. La capacité d’accueil de 1 500 personnes était régulièrement dépassée », conte l’adjudant Johann Picault, arrivé aux Invalides en 2022. Au fil du temps, les fonctions de l’édifice se sont diversifiées passant d’une caserne à un hospice, puis d’un sanctuaire militaire à un musée.
Et maintenant ? L’hôpital n’a jamais cessé de fonctionner depuis sa création. Le centre des pensionnaires non plus, conservant ainsi la vocation initiale de l’Hôtel national des Invalides. Les 140 chambres réparties de part et d’autre du Dôme accueillent les blessés de l’armée française et les victimes
civiles d’attentats. Mais, les Invalides recèlent bien d’autres trésors…
Aujourd’hui, près de 2 000 personnes y travaillent, réparties dans 37 organismes différents tels les cellules d’aide aux blessés de toutes les armées (Terre, Marine, Air et Espace), le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale, le musée de l’Armée entre autres. Ce dernier détient « l’un des ensembles militaires les plus riches au monde », précise l’adjudant Picault. Chaque année, plus de quatre millions de visiteurs viennent admirer cet ensemble muséal de l’histoire militaire de France. Participant activement à la protection du site, un détachement de pompiers de Paris est présent aux
Invalides depuis plus de 30 ans. Commandé par un major et composé de 22 pompiers dont six de garde quotidiennement, les missions sont, pour le moins, complètes et variées.
Une diversité de missions. « Veiller sur les visiteurs fait partie intégrante de leur quotidien, tant par le secours à victimes que par le soutien sanitaire apporté lors d’hommages nationaux, de cérémonies, etc. », explique l’adjudant Johann Picault. Prendre garde aux départs de feu éventuels, notamment lors de travaux sur les lieux, est une vigilance de tous les instants. Les levées de doute sont légion. Les missions de formation ne sont
pas en reste… « Les personnes travaillant aux Invalides sont formées sur place au PSC1. Elles bénéficient également d’une formation incendie, dispensée par une entreprise extérieure, durant laquelle leur est expliqué le maniement de l’extincteur », commente l’adjudant Picault. Un « parcours fumée » vient clore cette formation des plus enrichissantes pour le personnel des Invalides. Ces formations permettent de sensibiliser les agents à la sécurité et de limiter les risques d’incendie sur ce site fragile et chargé d’histoire.
2 500 interventions. Le détachement intervient en moyenne 6 à 7 fois par jour. Parmi elles, sont comptées les levées de doute, le secours d’urgence à personnes, l’accompagnement au lanternon ainsi que la création de permis feux. Pour les aider dans leur travail de reconnaissance, les pompiers sont aidés de « 2 300 détecteurs de fumée répartis un peu partout sur le site, 8 colonnes sèches, 1 350 extincteurs et environ 180 robinets incendie armés (RIA) », précise le chef de garde du jour, l’adjudant Picault. Les grandes salles des Invalides sont également équipées de détecteurs multi-ponctuels par aspiration VESDA. Ces 26 détecteurs analysent l’air en continu pour une détection « haute sensibilité ». Toutes ces aides matérielles permettent de préserver le site vieux de 350 ans, fait de pierre et de bois. Le site des Invalides abrite de nombreuses personnalités du monde de la Défense. Les pompiers ont pour voisin… le Chef d’état-major de l’Armée de Terre (CEMAT). Le Gouverneur militaire de Paris (GMP) a également son appartement ainsi que ses salons privés où il peut recevoir ses invités. Le ministre délégué à la Défense a, lui aussi, ses quartiers aux Invalides. Ces voisins pas comme les autres demandent une extrême vigilance. Assurer la protection incendie de ces hautes autorités représente une responsabilité supplémentaire pour les pompiers.
Idéal pour les exercices. L’Hôtel national des Invalides est un lieu idéal d’entraînement pour la brigade de sapeurs-pompiers de Paris. « Le groupe de reconnaissance et d’intervention en milieu périlleux (GRIMP) des pompiers de Paris s’entraîne une fois tous les deux ou trois ans sur site. Ils disposent de 13 hectares pour réaliser un grand nombre de manœuvres », poursuit le chef de garde. Il y a peu, un autre exercice, en collaboration avec le musée de l’ordre de la Libération, a eu lieu pour le stage commandant des opérations de secours (COS). Le théâtre des exercices est également celui d’interventions impressionnantes. « En octobre 2022, le sous-sol de l’hôpital s’est vu recouvert d’un épais nuage vert. Un pharmacien, présent dans l’officine située sous les Invalides, a renversé une bouteille d’acide chlorhydrique ainsi que tous les produits chimiques de l’armoire », raconte l’adjudant Johann Picault. Cette manipulation involontaire avait obligé les sapeurs-pompiers de Paris à intervenir. La rapidité d’action sur place a permis de rapidement neutraliser la situation sans qu’aucune victime ne soit à déplorer. Les lieux stratégiques et emblématiques de Paris ont bien besoin de leurs anges gardiens.