DÉTACHEMENTS (1/​3) — Hôtel des Invalides : sous garde rapprochée

You­na Lan­dron —  — Modi­fiée le 11 février 2025 à 01 h 59 

Grands formats — L’Hôtel national des Invalides est l’un des plus hauts lieux historiques de la ville de Paris. Défendu depuis une trentaine d’années par les pompiers de Paris, qui veillent sur ce site emblématique avec rigueur et discrétion.

Cent sept mètres. C’est la hau­teur gra­vie chaque semaine par les sapeurs-pompiers de Paris de la 42e com­pa­gnie déta­chés aux Inva­lides pour mon­ter au som­met du lan­ter­non. Des­sous, repose le corps de l’empereur Napo­léon depuis 1861. L’Hôtel natio­nal des Inva­lides, ce haut lieu de l’histoire de
France, a été édi­fié dès 1671 sur déci­sion du roi Louis XIV. « Il sou­hai­tait construire un bâti­ment capable d’accueillir ceux qui ont expo­sé leur vie et pro­di­gué leur sang pour la défense de la monar­chie. La capa­ci­té d’accueil de 1 500 per­sonnes était régu­liè­re­ment dépas­sée », conte l’adjudant Johann Picault, arri­vé aux Inva­lides en 2022. Au fil du temps, les fonc­tions de l’édifice se sont diver­si­fiées pas­sant d’une caserne à un hos­pice, puis d’un sanc­tuaire mili­taire à un musée.

Et main­te­nant ? L’hôpital n’a jamais ces­sé de fonc­tion­ner depuis sa créa­tion. Le centre des pen­sion­naires non plus, conser­vant ain­si la voca­tion ini­tiale de l’Hôtel natio­nal des Inva­lides. Les 140 chambres répar­ties de part et d’autre du Dôme accueillent les bles­sés de l’armée fran­çaise et les vic­times
civiles d’attentats. Mais, les Inva­lides recèlent bien d’autres trésors…

Aujourd’hui, près de 2 000 per­sonnes y tra­vaillent, répar­ties dans 37 orga­nismes dif­fé­rents tels les cel­lules d’aide aux bles­sés de toutes les armées (Terre, Marine, Air et Espace), le secré­ta­riat géné­ral de la défense et de la sécu­ri­té natio­nale, le musée de l’Armée entre autres. Ce der­nier détient « l’un des ensembles mili­taires les plus riches au monde », pré­cise l’adjudant Picault. Chaque année, plus de quatre mil­lions de visi­teurs viennent admi­rer cet ensemble muséal de l’histoire mili­taire de France. Par­ti­ci­pant acti­ve­ment à la pro­tec­tion du site, un déta­che­ment de pom­piers de Paris est pré­sent aux
Inva­lides depuis plus de 30 ans. Com­man­dé par un major et com­po­sé de 22 pom­piers dont six de garde quo­ti­dien­ne­ment, les mis­sions sont, pour le moins, com­plètes et variées.

Une diver­si­té de mis­sions. « Veiller sur les visi­teurs fait par­tie inté­grante de leur quo­ti­dien, tant par le secours à vic­times que par le sou­tien sani­taire appor­té lors d’hommages natio­naux, de céré­mo­nies, etc. », explique l’adjudant Johann Picault. Prendre garde aux départs de feu éven­tuels, notam­ment lors de tra­vaux sur les lieux, est une vigi­lance de tous les ins­tants. Les levées de doute sont légion. Les mis­sions de for­ma­tion ne sont
pas en reste… « Les per­sonnes tra­vaillant aux Inva­lides sont for­mées sur place au PSC1. Elles béné­fi­cient éga­le­ment d’une for­ma­tion incen­die, dis­pen­sée par une entre­prise exté­rieure, durant laquelle leur est expli­qué le manie­ment de l’extincteur », com­mente l’adjudant Picault. Un « par­cours fumée » vient clore cette for­ma­tion des plus enri­chis­santes pour le per­son­nel des Inva­lides. Ces for­ma­tions per­mettent de sen­si­bi­li­ser les agents à la sécu­ri­té et de limi­ter les risques d’incendie sur ce site fra­gile et char­gé d’histoire.

2 500 inter­ven­tions. Le déta­che­ment inter­vient en moyenne 6 à 7 fois par jour. Par­mi elles, sont comp­tées les levées de doute, le secours d’urgence à per­sonnes, l’accompagnement au lan­ter­non ain­si que la créa­tion de per­mis feux. Pour les aider dans leur tra­vail de recon­nais­sance, les pom­piers sont aidés de « 2 300 détec­teurs de fumée répar­tis un peu par­tout sur le site, 8 colonnes sèches, 1 350 extinc­teurs et envi­ron 180 robi­nets incen­die armés (RIA) », pré­cise le chef de garde du jour, l’adjudant Picault. Les grandes salles des Inva­lides sont éga­le­ment équi­pées de détec­teurs mul­ti-ponc­tuels par aspi­ra­tion VESDA. Ces 26 détec­teurs ana­lysent l’air en conti­nu pour une détec­tion « haute sen­si­bi­li­té ». Toutes ces aides maté­rielles per­mettent de pré­ser­ver le site vieux de 350 ans, fait de pierre et de bois. Le site des Inva­lides abrite de nom­breuses per­son­na­li­tés du monde de la Défense. Les pom­piers ont pour voi­sin… le Chef d’état-major de l’Armée de Terre (CEMAT). Le Gou­ver­neur mili­taire de Paris (GMP) a éga­le­ment son appar­te­ment ain­si que ses salons pri­vés où il peut rece­voir ses invi­tés. Le ministre délé­gué à la Défense a, lui aus­si, ses quar­tiers aux Inva­lides. Ces voi­sins pas comme les autres demandent une extrême vigi­lance. Assu­rer la pro­tec­tion incen­die de ces hautes auto­ri­tés repré­sente une res­pon­sa­bi­li­té sup­plé­men­taire pour les pompiers.

Idéal pour les exer­cices. L’Hôtel natio­nal des Inva­lides est un lieu idéal d’entraînement pour la bri­gade de sapeurs-pom­piers de Paris. « Le groupe de recon­nais­sance et d’intervention en milieu périlleux (GRIMP) des pom­piers de Paris s’entraîne une fois tous les deux ou trois ans sur site. Ils dis­posent de 13 hec­tares pour réa­li­ser un grand nombre de manœuvres », pour­suit le chef de garde. Il y a peu, un autre exer­cice, en col­la­bo­ra­tion avec le musée de l’ordre de la Libé­ra­tion, a eu lieu pour le stage com­man­dant des opé­ra­tions de secours (COS). Le théâtre des exer­cices est éga­le­ment celui d’interventions impres­sion­nantes. « En octobre 2022, le sous-sol de l’hôpital s’est vu recou­vert d’un épais nuage vert. Un phar­ma­cien, pré­sent dans l’officine située sous les Inva­lides, a ren­ver­sé une bou­teille d’acide chlor­hy­drique ain­si que tous les pro­duits chi­miques de l’armoire », raconte l’adjudant Johann Picault. Cette mani­pu­la­tion invo­lon­taire avait obli­gé les sapeurs-pom­piers de Paris à inter­ve­nir. La rapi­di­té d’action sur place a per­mis de rapi­de­ment neu­tra­li­ser la situa­tion sans qu’aucune vic­time ne soit à déplo­rer. Les lieux stra­té­giques et emblé­ma­tiques de Paris ont bien besoin de leurs anges gardiens.

Infographie Sergent-Chef Nicholas Bady — Photographies Caporal-chef François-Julien Leonetti

À LIRE AUSSI…


Retour en haut