
Web-série — À Issy-les-Moulineaux, le première classe Loan Malot a trouvé un cadre où l’ambiance fraternelle et la cohésion de la garde tiennent une place centrale. Au sein de cette caserne ELD, il partage son parcours marqué par un passage à la caserne Grenelle en début de carrière.
Bonjour Loan, pourrais-tu te présenter ?
Bonjour, je suis le première classe Loan Malot, j’ai 28 ans et huit ans et demi de service. J’ai débuté à la 6e compagnie, à la caserne Grenelle. Rapidement après mon arrivée, j’ai intégré la remise et passé mes formations de conducteur d’engins-pompes, de nacellier, d’échelier ainsi que mon permis poids lourd.
Au bout de cinq ans de service, j’ai tenté les sélections pour intégrer la spécialité exploration longue durée (ELD). Après les avoir réussies, j’ai été muté au CS spécialiste d’Issy-les-Moulineaux.
En parallèle de ma vie à la Brigade, je suis pompier volontaire, pacsé et bientôt papa de jumeaux, qui doivent naître en fin d’année. C’est un gros changement de passer d’un couple à une famille de quatre. Nous sommes d’ailleurs en train de construire notre maison dans la Drôme, en dessous de Lyon.
Quel est le premier aspect positif qui te vient en tête en pensant à ce CS ?
Issy-les-Moulineaux est une caserne très particulière. L’ambiance, la fraternité, l’esprit d’équipe y sont très présents, et je pense que notre spécialité y contribue. Nous avons tous fait le choix d’être ELD, et la plupart d’entre nous avons déjà plusieurs années de service derrière nous.
Bien sûr, il y a toujours la petite déception de quitter sa femme et son environnement, mais j’ai toujours le plaisir et l’envie de reprendre ma garde.
Quelles spécificités ou type d’inter’ pour ce secteur ?
Le secteur présente de nombreux risques : fluvial, routier, ferroviaire. Issy-les-Moulineaux est une commune assez aisée et relativement vieillissante.
Mais notre particularité aux Moul’, au-delà du secteur, c’est surtout notre spécialité. L’exploration longue durée nous permet d’être déployés sur tout le secteur Brigade. Nous disposons d’un engin spécifique : le camion d’exploration longue durée (CELD), équipé notamment d’un robot d’extinction (REX), utilisé lors du feu de Notre-Dame.
Concrètement, nous décalons souvent sur des feux de parkings couverts, nous assurons la sécurité des autres pompiers ou la reconnaissance des lieux avant leur engagement. Nos missions sont variées, autant dans les moyens mis en œuvre que dans la complexité des sinistres.
Quelle est l’intervention qui t’a le plus marqué dans ce CS ?
Je suis parti sur un renfort incendie dans le secteur d’Auteuil avec le fourgon pompe-tonne léger d’Issy, en tant que conducteur. À notre arrivée, je me suis positionné sur la façade opposée à l’accès principal, pendant que les deux équipes et le chef d’agrès s’engageaient sur la façade principale.
De mon côté, j’alimentais le fourgon en eau et préparais du matériel. Peu de temps après, un sous-officier – qui n’était pas de mon engin – est venu me dire qu’il y avait des sauvetages à réaliser sur la façade devant laquelle je me trouvais, où aucun pompier n’était encore engagé.
À deux, nous avons donc procédé, avec l’échelle à crochets et l’échelle à coulisse, au sauvetage de quatre victimes situées au premier et au deuxième étage.
Cette intervention reste exceptionnelle car, en tant que conducteur, ma mission est normalement d’assurer le camion et son alimentation en eau. Mais contre toute attente, des victimes s’étaient manifestées sur cette façade et j’ai dû, avec un binôme improvisé, assurer leur sauvetage.
Le plus surprenant, c’est que ce n’était pas la première fois que cela m’arrivait. La même chose s’était produite quand j’étais encore à Grenelle. Alors maintenant, j’en ris en disant qu’il vaut mieux toujours me mettre sur les façades opposées !
Souvenir personnel/cohésion le plus marquant dans ce CS ?
Sans hésiter, le café du matin en caserne. C’est un moment que j’affectionne particulièrement. C’est un véritable chassé-croisé : certains terminent leur garde, d’autres la commencent, certains sortent d’intervention, d’autres pas. Il y a toujours des blagueurs, d’autres plus sérieux… Et c’est là qu’on retrouve la vraie énergie du CS.