UN POMPIER, UN CS — Loan au CS Issy-les-Moulineaux

Raphaël Orlan­do —  — Modi­fiée le 26 août 2025 à 05 h 09 

Web-série — À Issy-les-Moulineaux, le première classe Loan Malot a trouvé un cadre où l’ambiance fraternelle et la cohésion de la garde tiennent une place centrale. Au sein de cette caserne ELD, il partage son parcours marqué par un passage à la caserne Grenelle en début de carrière.

Bon­jour Loan, pour­rais-tu te présenter ?

Bon­jour, je suis le pre­mière classe Loan Malot, j’ai 28 ans et huit ans et demi de ser­vice. J’ai débu­té à la 6e com­pa­gnie, à la caserne Gre­nelle. Rapi­de­ment après mon arri­vée, j’ai inté­gré la remise et pas­sé mes for­ma­tions de conduc­teur d’engins-pompes, de nacel­lier, d’échelier ain­si que mon per­mis poids lourd.

Au bout de cinq ans de ser­vice, j’ai ten­té les sélec­tions pour inté­grer la spé­cia­li­té explo­ra­tion longue durée (ELD). Après les avoir réus­sies, j’ai été muté au CS spé­cia­liste d’Issy-les-Moulineaux.

En paral­lèle de ma vie à la Bri­gade, je suis pom­pier volon­taire, pac­sé et bien­tôt papa de jumeaux, qui doivent naître en fin d’année. C’est un gros chan­ge­ment de pas­ser d’un couple à une famille de quatre. Nous sommes d’ailleurs en train de construire notre mai­son dans la Drôme, en des­sous de Lyon.

Quel est le pre­mier aspect posi­tif qui te vient en tête en pen­sant à ce CS ?

Issy-les-Mou­li­neaux est une caserne très par­ti­cu­lière. L’ambiance, la fra­ter­ni­té, l’esprit d’équipe y sont très pré­sents, et je pense que notre spé­cia­li­té y contri­bue. Nous avons tous fait le choix d’être ELD, et la plu­part d’entre nous avons déjà plu­sieurs années de ser­vice der­rière nous.

Bien sûr, il y a tou­jours la petite décep­tion de quit­ter sa femme et son envi­ron­ne­ment, mais j’ai tou­jours le plai­sir et l’envie de reprendre ma garde.

Quelles spé­ci­fi­ci­tés ou type d’inter’ pour ce secteur ?

Le sec­teur pré­sente de nom­breux risques : flu­vial, rou­tier, fer­ro­viaire. Issy-les-Mou­li­neaux est une com­mune assez aisée et rela­ti­ve­ment vieillissante.

Mais notre par­ti­cu­la­ri­té aux Moul’, au-delà du sec­teur, c’est sur­tout notre spé­cia­li­té. L’exploration longue durée nous per­met d’être déployés sur tout le sec­teur Bri­gade. Nous dis­po­sons d’un engin spé­ci­fique : le camion d’exploration longue durée (CELD), équi­pé notam­ment d’un robot d’extinction (REX), uti­li­sé lors du feu de Notre-Dame.

Concrè­te­ment, nous déca­lons sou­vent sur des feux de par­kings cou­verts, nous assu­rons la sécu­ri­té des autres pom­piers ou la recon­nais­sance des lieux avant leur enga­ge­ment. Nos mis­sions sont variées, autant dans les moyens mis en œuvre que dans la com­plexi­té des sinistres.

Quelle est l’intervention qui t’a le plus mar­qué dans ce CS ?

Je suis par­ti sur un ren­fort incen­die dans le sec­teur d’Auteuil avec le four­gon pompe-tonne léger d’Issy, en tant que conduc­teur. À notre arri­vée, je me suis posi­tion­né sur la façade oppo­sée à l’accès prin­ci­pal, pen­dant que les deux équipes et le chef d’agrès s’engageaient sur la façade principale.

De mon côté, j’alimentais le four­gon en eau et pré­pa­rais du maté­riel. Peu de temps après, un sous-offi­cier – qui n’était pas de mon engin – est venu me dire qu’il y avait des sau­ve­tages à réa­li­ser sur la façade devant laquelle je me trou­vais, où aucun pom­pier n’était encore engagé.

À deux, nous avons donc pro­cé­dé, avec l’échelle à cro­chets et l’échelle à cou­lisse, au sau­ve­tage de quatre vic­times situées au pre­mier et au deuxième étage.

Cette inter­ven­tion reste excep­tion­nelle car, en tant que conduc­teur, ma mis­sion est nor­ma­le­ment d’assurer le camion et son ali­men­ta­tion en eau. Mais contre toute attente, des vic­times s’étaient mani­fes­tées sur cette façade et j’ai dû, avec un binôme impro­vi­sé, assu­rer leur sauvetage.

Le plus sur­pre­nant, c’est que ce n’était pas la pre­mière fois que cela m’arrivait. La même chose s’était pro­duite quand j’étais encore à Gre­nelle. Alors main­te­nant, j’en ris en disant qu’il vaut mieux tou­jours me mettre sur les façades opposées !

Sou­ve­nir personnel/​cohésion le plus mar­quant dans ce CS ?

Sans hési­ter, le café du matin en caserne. C’est un moment que j’affectionne par­ti­cu­liè­re­ment. C’est un véri­table chas­sé-croi­sé : cer­tains ter­minent leur garde, d’autres la com­mencent, cer­tains sortent d’intervention, d’autres pas. Il y a tou­jours des bla­gueurs, d’autres plus sérieux… Et c’est là qu’on retrouve la vraie éner­gie du CS.


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