
Web-série — Ancré dans l’histoire de la BSPP, le centre de secours Auteuil veille sur un secteur prestigieux de la capitale. CS historique, il a notamment été en première ligne lors de l’incendie de la rue Erlanger, l’un des plus marquants de ces dernières années. Affecté à Auteuil depuis 2021, le caporal-chef Antoine Sancey raconte son quotidien dans cette caserne où la cohésion et la camaraderie rythme chaque garde.
Bonjour Antoine, pourrais-tu te présenter ?
Bonjour, je suis le caporal-chef Antoine Sancey, j’ai six ans de service. Je suis affecté à la sixième compagnie depuis juin 2021, plus précisément au CS Auteuil. Je suis arrivé dans ce centre de secours en tant que caporal-chef, mais j’avais réalisé mon avancement dans ma première caserne : le CS Rueil-Malmaison.
Côté personnel, je suis pacsé. J’ai choisi de me rapprocher de Paris pour réduire mes déplacements et rejoindre ma compagne. Nous vivons dans les Yvelines, mais je suis originaire de Besançon, dans le Doubs.
Quel est le premier aspect positif qui te vient en tête en pensant à ce CS ?
Les premières choses qui me viennent à l’esprit sont la cohésion et la collectivité. On a un centre de secours assez atypique, avec la particularité d’avoir deux grands dortoirs pour les militaires du rang et un dortoir pour les sous-officiers. Nous n’avons donc pas de chambres séparées entre gradés et sapeurs, ce qui fait que l’on est vraiment tout le temps ensemble.
Bien sûr, cela a quelques inconvénients en termes de sommeil ou d’intimité, mais beaucoup soulignent que cela renforce la cohésion : tout le monde est intégré et chacun se connaît vraiment.
Auteuil c’est aussi l’incendie rue Erlanger, l’un des plus importants des dernières années donc forcément la caserne est chargée d’histoire. Je ne vous cache pas que c’est imposant lorsque l’on arrive dans un CS qui a connu un tel engagement opérationnel.
Quelles spécificités ou type d’inter’ pour ce secteur ?
Auteuil couvre un secteur assez aisé et prisé de Paris, avec une majorité de bâtiments haussmanniens. Nous sommes dans un arrondissement chic où se trouvent de nombreuses installations sportives : le Parc des Princes, Roland-Garros, le stade Jean Bouin, mais aussi deux hippodromes.
Ces lieux gèrent très bien leur affluence, donc nous y intervenons rarement. Mais ce sont des sites sensibles, avec un rayonnement international : notre capacité d’intervention doit donc rester constante.
Même si nous n’avons pas de monuments majeurs dans notre secteur, c’est toujours un plaisir d’intervenir ici. Certains immeubles offrent des vues imprenables sur la tour Eiffel : on évolue dans un quartier charmant et historique de Paris.
Quelle est l’intervention qui t’a le plus marqué dans ce CS ?
Un feu que j’ai vécu un an après mon arrivée à Auteuil m’a particulièrement marqué.
C’était dans la nuit du 11 septembre 2022. Nous partons pour un feu de chambre de bonnes au septième étage, rue de Passy. À notre arrivée, on sait qu’il y a potentiellement deux occupants dans l’appartement, mais après nos reconnaissances, personne ne répond et personne ne se manifeste aux fenêtres.
Avec mon servant, nous attaquons les flammes dans un appartement complètement embrasé, en pensant malheureusement que, vu l’intensité de l’incendie, il est peu probable de retrouver quelqu’un en vie.
Une fois les flammes maîtrisées, nous ouvrons une petite porte dérobée… et découvrons les deux occupants réfugiés dans leur salle de bain, vivants ! Nous procédons immédiatement à leur sauvetage avant de retourner parfaire l’extinction.
Quand j’y repense, c’est vraiment un miracle qu’il ne leur soit rien arrivé. Pour nous, tout espoir semblait perdu en entrant.
Le lendemain, alors que j’étais de garde au VSAV, j’ai recroisé par hasard cette mère et son fils, en parfaite santé. C’est une intervention qui restera gravée comme un puissant rappel de ne jamais perdre espoir.
Souvenir personnel/cohésion le plus marquant dans ce CS ?
Si je devais quitter le CS, je garderais en mémoire toutes les petites cohésions improvisées : un repos, une fin de réserve, quelqu’un propose une activité ou un verre, puis un autre se greffe… et on finit par se retrouver en grand groupe.
Ces moments n’ont pas de prix. Ils naissent naturellement et témoignent de la véritable solidarité qui nous unit.
Je retiens aussi le fait que les relations professionnelles peuvent, au fil du temps, se transformer en véritables amitiés. Je pense que c’est courant dans beaucoup de CS de la Brigade, mais pour moi, une vraie amitié, c’est aussi pouvoir partager son quotidien, rencontrer la famille de l’autre, visiter sa région…
C’est beau de se dire que tout cela commence dans un cadre professionnel et devient une véritable fraternité.