
Web-série — Vingt ans dans la même caserne, ça forge un parcours. Le caporal-chef Sébastien Grancourt a toujours servi au CS Colombes. Dans ce petit centre de secours, il a trouvé un environnement propice à durer et à s’investir pleinement.
Bonjour Sébastien, pourrais-tu te présenter ?
Bonjour, je suis Sébastien Grancourt, caporal-chef au CS Colombes et président des militaires du rang de la 27e compagnie depuis 2017. J’ai 20 ans de service et je suis affecté ici depuis mes débuts. Je suis arrivé à Colombes peu de temps après l’accident du sergent Pailot. Ce fut une période difficile pour la caserne, mais aussi particulière pour y commencer en tant que sapeur.
J’ai passé mes six premières années en tant que première classe avant de rejoindre la remise. Après un an et demi de conduite, j’ai obtenu le galon de caporal pour prendre la fonction de « gradé BPIB », puis en 2018 je suis devenu chef d’agrès VSAV.
Avant d’intégrer la Brigade, le monde des pompiers m’était totalement inconnu. C’est lors d’un salon, au lycée, que j’ai découvert la BSPP. J’ai rapidement voulu signer mais on m’a demandé de patienter un an et demi. J’ai donc attendu mon entrée à Villeneuve-Saint-Georges en me formant aux premiers secours à la Croix-Rouge.
Quel est le premier aspect positif qui te vient en tête en pensant à ce CS ?
Il n’y a que du positif ici, et ça l’a toujours été ! Notre caserne est ouverte sur l’extérieur, avec des jardins et des passages à ciel ouvert : pour rejoindre n’importe quel coin, il faut passer dehors. Du coup, de mai/juin à septembre, on vit vraiment dehors.
Même si nous restons militaires, l’esprit de famille est bien réel. Ce n’est pas artificiel, il est profondément ancré. Je pense que cette atmosphère de travail et de vie permet comme on le dit « d’être et de durer ».
Quelles spécificités ou type d’inter’ pour ce secteur ?
Colombes, c’est une ville de 93 000 habitants dont nous protégeons 80 % de la commune. Au nord du secteur, on trouve principalement des cités, et au sud, des quartiers pavillonnaires. Nous couvrons également tout Bois-Colombes ainsi qu’environ 15 % de La Garenne-Colombes.
Au CS, nous sommes 55 personnels. Notre remise comprend un départ normal (DN) et deux VSAV. Les choses évoluent : j’ai connu Colombes avec seulement un DN.
Quelle est l’intervention qui t’a le plus marqué dans ce CS ?
En 20 ans de carrière, il y en a beaucoup, même si le temps efface une partie des souvenirs. Ce qui me marque le plus, ce sont les « drames familiaux », la fatalité de certaines interventions.
Par exemple, récemment, nous sommes intervenus pour un père de famille souffrant de douleurs thoraciques. Sur place je commence son bilan, réalise son électrocardiogramme (ECG) car ses constantes ne sont pas rassurantes, et je demande au SAMU de se déplacer. À l’arrivée du médecin, cet homme tombe en arrêt cardio-respiratoire. Nous avons écarté la famille, essayé de les rassurer, et fait tout notre possible pour relancer son cœur. Mais il n’est jamais reparti.
C’était un père de deux enfants, âgé de 40 ans. Personne ne peut anticiper ce genre de fatalité, tout le monde peut partir du jour au lendemain. Dans ces situations, je pense que notre rôle est aussi de faire preuve de délicatesse et de communication auprès de la famille pour que leur travail de deuil puisse commencer.
Souvenir personnel le plus marquant dans ce CS ?
Le plus marquant, ce sont les accidents de moto qui ont beaucoup touché le centre de secours de colombes, 3 accidents grave dont la perte d’un camarade. Il est important de sensibiliser les plus jeunes sur la vitesse.