ARRÊT CARDIAQUE (2) — Massage téléphonique

 — Modi­fiée le 4 avril 2024 à 04 h 27 

Grands formats — Dès la prise d’appel, les arrêts cardiaques doivent être traités avec la plus grande efficacité. Les opérateurs de la salle de traitements des appels (STA) de la BSPP y sont spécialement formés, mais à chaque fois, la tension est à son paroxysme.

Mais que se passe-t-il lors d’un arrêt car­diaque ? Lorsque la cir­cu­la­tion s’arrête, le cer­veau n’est plus oxy­gé­né et la Perte de connais­sance (PC) arrive en quelques secondes, avec une chute si la per­sonne se tient debout. Par­fois, cette PC s’accompagne de mou­ve­ments convul­sifs qui dis­pa­raissent rapi­de­ment. Pen­dant quelques dizaines de secondes, on peut encore voir des signes de vie : res­pi­ra­tion, mou­ve­ments ocu­laires ou des membres. Puis les mou­ve­ments res­pi­ra­toires deviennent ago­niques, on parle de gasps, et dis­pa­raissent. C’est pour­quoi, il n’est pas rare qu’au moment de l’appel des secours, la vic­time ait été mise en PLS parce que le témoin voit encore des mou­ve­ments res­pi­ra­toires.
Si un Mas­sage car­diaque externe (MCE) est débu­té très rapi­de­ment, la cir­cu­la­tion céré­brale est réamor­cée et des signes de vie peuvent réap­pa­raître : res­pi­ra­tion ou mou­ve­ments. Dès l’arrêt du MCE, la cir­cu­la­tion s’arrête de nou­veau et les signes de vie dis­pa­raissent.
Si le MCE n’est pas entre­pris lors de l’AC, il n’y a aucune chance de sur­vie après dix minutes. C’est pour­quoi il est urgent de détec­ter, mas­ser et si pos­sible défi­bril­ler car une par­tie des AC d’origine car­diaque répond à la défi­bril­la­tion, sur­tout si elle est précoce.

Trai­te­ment de l’appel à la BSPP. Lors d’un AC, le témoin appelle car la vic­time a per­du connais­sance et ne répond plus. L’opérateur de la salle de récep­tion de l’appel, dès qu’il com­prend que la vic­time ne répond plus, ne parle pas, trans­fère l’appel en mode « très urgent », prio­ri­taire sur tous les autres appels, vers la salle de trai­te­ment des appels. Après avoir confir­mé l’inconscience, pris l’adresse et envoyé les secours, le second opé­ra­teur entre­prend une détec­tion de l’AC. À la BSPP, la détec­tion consiste à faire un Top Ventre. Le requé­rant doit posi­tion­ner sa main sur l’abdomen de la vic­time et dire « Top » chaque fois que l’abdomen se sou­lève (mou­ve­ment res­pi­ra­toire). Lorsque l’écart entre deux res­pi­ra­tions dépasse sept secondes, on consi­dère que la vic­time pré­sente un AC et l’opérateur demande au requé­rant, tout en le gui­dant, de débu­ter un MCE en lui don­nant la fré­quence des com­pres­sions thoraciques.

Au fur et à mesure, l’opérateur fait véri­fier la posi­tion du requé­rant, la pro­fon­deur et la fré­quence des com­pres­sions. Il encou­rage le sau­ve­teur jusqu’à l’arrivée des secours et véri­fie que le MCE ne soit jamais inter­rom­pu, même si des signes de vie réap­pa­raissent. Si un défi­bril­la­teur se trouve à proxi­mi­té et peut être appor­té auprès de la vic­time, l’opérateur aide à la mise en place du défi­bril­la­teur et à la reprise du MCE après l’administration éven­tuelle d’un choc élec­trique. Le défi­bril­la­teur ne doit jamais être éteint.
L’objectif est de com­men­cer le MCE avant la fin de la res­pi­ra­tion afin de mini­mi­ser les séquelles neu­ro­lo­giques, car le cer­veau souffre immé­dia­te­ment
de l’absence d’oxygène.

Si le Top Ventre révèle des mou­ve­ments res­pi­ra­toires rapides, il est répé­té au moins deux fois toutes les 30 secondes avant d’éliminer un AC et de conclure que la per­sonne est seule­ment incons­ciente.
Si le requé­rant annonce que la per­sonne est en ACR, qu’elle ne res­pire plus ou que la res­pi­ra­tion est anor­male (gasps), le MCE doit être mis en œuvre immé­dia­te­ment sans faire de Top Ventre pour ne pas perdre plus de temps 

Texte : MCE Frédérique Briche, illustration : SCH Nicholas Bady

Le jour où le capo­ral Quen­tin a sau­vé un ado­les­cent de 15 ans

Après cinq ans au centre de secours Pier­re­fitte, au sein de la 26e com­pa­gnie, le capo­ral Quen­tin est deve­nu opé­ra­teur de niveau deux il y a un an et demi. Et un jour…

Lun­di 18 décembre 2023, aux alen­tours de 20 heures, le Centre opé­ra­tion­nel (CO) reçoit un appel pré­oc­cu­pant. Un jeune homme de 15 ans aurait, d’après ses amis sur place, lour­de­ment chu­té dans un gym­nase à Cli­chy. Il est incons­cient et souffre pro­ba­ble­ment d’un trau­ma­tisme crânien.

Après quelques ques­tions et des réponses d’une clar­té abso­lue, l’opérateur connaît pré­ci­sé­ment l’état de l’adolescent… Il est en arrêt car­diaque. À 15 ans. Sans aucun antécédent.

Le décompte de la vie est lancé…

Tout repose sur les épaules des quatre amis, les seules per­sonnes pré­sentes. Le capo­ral Le Roch leur confie alors 3 mis­sions. L’un est char­gé d’ouvrir toutes les portes et bar­rières de l’enceinte spor­tive pou­vant encom­brer l’arrivée des secours. Un second part à la recherche du défi­bril­la­teur. Les deux der­niers massent leur copain en écou­tant atten­ti­ve­ment les consignes du pom­pier. Chaque minute compte. Il n’est pas per­mis de perdre du temps.
Très réac­tif et à l’écoute, le groupe de jeunes applique toutes les direc­tives du capo­ral en atten­dant l’arrivée des secours. En deux minutes, le défi­bril­la­teur est récu­pé­ré, posé et le jeune homme cho­qué. Deux de ses amis conti­nuent de le mas­ser sans relâche durant un quart d’heure. Le temps semble s’être mis sur pause…

Au même moment, au CO, c’est l’effervescence. Tous les opé­ra­teurs sont en com­mu­ni­ca­tion. Mais il faut abso­lu­ment envoyer un engin. C’est une ques­tion de vie ou de mort…

La cir­cu­la­tion pari­sienne est dense et la dis­po­ni­bi­li­té des VSAV dans ce sec­teur se fait rare. Le plus proche se situe à Aul­nay-sous-Bois. Les pom­piers se pré­sentent sur les lieux de l’intervention une dizaine de minutes plus tard. Ils par­viennent à réani­mer le jeune homme et l’évacuent en urgence abso­lue vers l’hôpital le plus proche.

Le jeune homme est aujourd’hui en vie et sans aucune séquelle ! Les quatre amis ont été d’une effi­ca­ci­té redou­table. Féli­ci­ta­tions à eux pour leur courage 

Pro­pos recueillis par You­na Landron


Retour en haut