#BrigadeInside — Le mercredi 3 mars, l’ordre du préfet de Police tombe : la BSPP est requise pour vacciner la population dès le week-end suivant. Deux centres de vaccination sont mis en place en urgence dans les casernes Masséna et Champerret. Pour faire face à la surprise de cette décision, la Brigade va utiliser tout son savoir-faire pour s’adapter efficacement.
Le défi logistique est de taille. L’opération doit permettre aux Parisiens qui rentrent dans les critères d’âge et de conditions de prendre rendez-vous sur la plateforme Doctolib dès le vendredi et se présenter sur site au bon créneau horaire. D’un point de vue organisationnel, il faut tout mettre sur pieds. Seules les réflexions à propos des séances collectives de vaccination du personnel (considéré comme personnel soignant) sont des pistes de travail. “Nous sommes partis d’une feuille blanche, commente le Dr Guillaume Burlaton, médecin-chef en charge de l’opération. Les recommandations du ministère de la Santé ont été notre premier guide. Leur portfolio très pratique et très précis nous a été très utile pour la mise en place d’un centre de vaccination.”
Mise en place expresse
En deux jours, tout se met en place. Même si parfois, il faut jongler avec les effectifs, le matériel et la topographie des lieux choisis. Néanmoins, toutes les ressources bâtimentaires des centres de secours ont été utilisées pour mettre en place les chaînes de vaccination qui respectent l’intimité des gens et les règles de distanciation physique.
Rebelote le week-end du 13 et 14 mars ! Mais avec l’ouverture d’un troisième site à la caserne Ménilmontant, les infirmiers et médecins seront épaulés par des sapeurs-pompiers (autorisés à procéder à l’injection des vaccins par décret en date du 11 mars). ”Dès le vendredi, nous avons donc dû mettre en place toute la formation de notre personnel, souligne le médecin-chef. Un PowerPoint, un support vidéo sont créés et distribués en une journée. Dès le samedi matin, les premiers vaccins sont inoculés sous la surveillance des infirmiers.” En deux jours, 180 sapeurs-pompiers de Paris ont ainsi été formés à la piqûre en intramusculaire.
Selon les endroits, les chaînes de vaccination sont organisées différemment. “Le centre de Masséna avec quatre circuits installés dans le gymnase ressemblait à un vaccinodrome comme on l’entend généralement.”
L’organisation est ténue pour assurer le flux des patients sans qu’il y ait d’embouteillage et en respectant les mesures barrières.
À Champerret, l’organisation s’est placée autour des structures de l’antenne médicale, alors qu’à Ménilmontant, une tente a été montée dans la cour pour accueillir le dispositif. Toutes les facultés d’adaptation de la Brigade ont été mises en œuvre pour ne pas perturber les mouvements opérationnels classiques.
S’appuyer sur ses fondamentaux…
Mais au-delà de ces contraintes matérielles, il faut faire face à l’urgence de la tâche. La Brigade fait, comme souvent, appel à ses fondamentaux.
“Pour faciliter le trafic, l’organisation a été calquée sur un plan rouge. Une fois son rendez-vous validé, chaque patient se voit remettre une fiche-navette avec un numéro d’arrivée et le questionnaire vaccinal. Cette fiche est paraphée à chaque étape”, nous explique le docteur Burlaton.
Trois grandes étapes sont ainsi mises en place. Une première phase que l’on appelle “ramassage” dans le plan rouge, permet de vérifier la conformité du rendez-vous, de donner au patient un questionnaire prévaccinal à remplir et le placer en zone d’attente. Vient ensuite l’équivalent du PMA (poste médical avancé), où la personne s’entretient avec un médecin pour ne s’assurer de l’éligibilité et de l’absence de contre-indication au vaccin, avant de recevoir une dose de vaccin par les infirmiers lors du premier week-end et par les sapeurs-pompiers (supervisés par les infirmiers) à partir du second. Enfin, dernière phase en “zone d’évacuation” pendant quinze minutes d’observation post-vaccinale, gérée par des équipages de VSAV prêts à agir en cas de signe de mauvaise tolérance. Les patients sont enregistrés sur le service informatique “vaccine COVID” d’Ameli et un certificat de vaccination leur est remis à leur départ du site.
… les fondamentaux sont respectés !
Au total, 1 454 personnes ont été ainsi vaccinées le week-end des 6 et 7 mars et 2 322 les 13 et 14 mars. Lors de la première session, les capacités opérationnelles avaient été un peu sous-estimées.
Dans ce contexte d’urgence, la cinquantaine de pompiers, médecins et infirmiers étaient ravis d’avoir participé à ces opérations. “Les gens étaient vraiment contents d’avoir pris part à l’effort national, commente le médecin-chef. Même si cela peut apparaître comme une goutte d’eau dans un océan, c’est ce cumul de petites actions qui permettra de vacciner la population. D’autant que les patients étaient soulagés d’avoir accès à la vaccination et très reconnaissants envers nous. C’était des journées fatigantes, mais à titre personnel, cela m’a plutôt rechargé les batteries !”
Transport urgent de vaccins
La pharmacienne Flora Jourquin-Sépot était d’astreinte lors du week-end du 6 mars. Elle nous raconte comment elle a dû gérer l’approvisionnement des vaccins vers les centres de vaccinations BSPP.
Quelles ont été les contraintes techniques de cet approvisionnement ?
Le vaccin qui a été choisi pour les sites de vaccination de la BSPP est le Pfizer-Bio’ntech qui doit être conservé congelé à — 80°. Comme nous n’avons pas à la Brigade de congélateurs assez puissants, le défi consiste à aller percevoir au dernier moment les doses. Selon les directives de l’ARS, je suis allée chercher les vaccins à Aulnay-sous-Bois, dans l’un des hôpitaux congélo-porteurs d’île-de-France. J’ai ensuite transféré les vaccins dans des glacières spéciales qui assurent une réfrigération (entre +2° et +8°) pour les livrer sur les deux sites de la BSPP. Au préalable, la section ingénierie biomédicale avait fait acheminer des réfrigérateurs sur les sites de vaccination BSPP, le matin-même de la perception des flacons de vaccins.
Dans quel délai ces doses doivent-elles être utilisées ?
Dans ces glacières mobiles, elles peuvent être conservées à température réfrigérée pendant 24 heures. Ces vaccins choisis par l’ARS pour armer les vaccinodromes de la BSPP sont ensuite utilisables pendant cinq jours à température réfrigérée.
Doit-on transporter un matériel supplémentaire ?
Oui, des seringues et aiguilles de différents types et d’autres matériels pour reconstituer les doses de vaccins qui ne sont pas conditionnées prêtes à l’emploi. Il faut ajouter à cela tout le nécessaire à la désinfection.
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