ŒIL DE L’EXPERT — La complexité d’un feu de péniche

 — Modi­fiée le 7 mars 2024 à 04 h 33 
Feu de péniche , quai de la Rapée (paris XIIe)

Les experts BSPP — En janvier dernier, trois feux de péniches se sont déclarés dans la capitale. L’occasion idéale pour revenir sur les particularités de ce type d’intervention avec notre section Doctrine Retex du Bureau planification opérationnelle (BPO).

Une péniche est un type de bateau de trans­port flu­vial de mar­chan­dises, sèches ou humides, sto­ckées dans une cale, acces­sible et cou­verte par des pan­neaux cou­lis­sants ou amo­vibles (les pan­neaux d’é­cou­tilles). À l’o­ri­gine, la coque est construite en bois et est halée ou trac­tée. Elle a ensuite évo­lué vers la construc­tion métal­lique d’a­bord rive­tée puis sou­dée avec moto­ri­sa­tion embar­quée. Ces der­nières années, des péniches ont été détour­nées de leur fonc­tion ini­tiale et trans­for­mées en lieu de vie (loge­ment) ou en ERP (bar, res­tau­rant, dis­co­thèque, hôtel), à empla­ce­ment fixe ou mobile

Les trois péniches concer­nées par les dif­fé­rents feux de jan­vier étaient à usage de bar et de res­tau­rant (quai de la Râpée, Paris XIIe), et de loca­tion habitation/​balade (port de l’Arsenal, Paris XIIe).

Les péniches-bar et res­tau­rant sont com­po­sées de deux niveaux (pont) acces­sibles au public, à l’air libre (ter­rasse) ou cou­vert (pont infé­rieur), des locaux de cui­sine, tech­niques, de réserve et du per­son­nel. La péniche habitation/​balade est com­po­sée de deux niveaux com­pre­nant locaux de vies (chambres, cui­sine, salon et salle à man­ger) et locaux tech­niques (machi­ne­rie).

L’intervention pour feu dans ces péniches devra asso­cier une MGO clas­sique feu d’habitation ou d’ERP, à la spé­ci­fi­ci­té des feux de bateaux : feux en espace clos, en milieu nau­tique et par des accès et che­mi­ne­ments exigus.

Feu de péniche, quai de la Rapée, Paris XIIe

Le COS devra dans le même temps :

  • déter­mi­ner un che­min d’accès sécu­ri­sé et praticable ;
  • assu­rer la cou­pure des fluides (cof­frets sur le quai) ;
  • limi­ter les pro­pa­ga­tions (péniches proches ou locaux sur les quais) ;
  • atta­quer le sinistre comme un feu en infra­struc­ture en pri­vi­lé­giant l’utilisation de mouillant et de mousse ;
  • assu­rer la sécu­ri­té des personnels
    • Chute dans l’eau
    • Pré­sence de bou­teilles de gaz
  • évi­ter la sub­mer­sion de l’embarcation : due au sinistre ou en rai­son des eaux d’extinction.

Pour cela, il pour­ra s’appuyer sur les connais­sances du per­son­nel de plon­geurs SIA, SIS, des com­pé­tences des offi­ciers nau­tiques (conseillers tech­niques) ain­si que sur le poten­tiel d’intervention des embar­ca­tions CSL, ESAV et ESAVI :

  • sau­ve­tage, mises en sécu­ri­té et éva­cua­tion des occu­pants de l’embarcation ou dans l’eau ;
  • recon­nais­sance et sur­veillance de coque, du tirant d’eau, fer­me­ture ou obtu­ra­tion des ori­fices pou­vant lais­ser entrer l’eau (hublots, fenêtres, etc..), amar­rage si besoin ;
  • attaque du sinistre depuis le côté fleuve ;
  • épui­se­ment des eaux d’extinction ;
  • sécu­ri­té des inter­ve­nants : point de repli côté fleuve, amar­rage des passerelles ;
  • contact et coor­di­na­tion avec la police flu­viale et VNF (Voies navi­gables de France) ;
  • anti­ci­pa­tion d’une éven­tuelle pollution.

Texte : Majors VERDIERE et NICAUDIE

Photos : CPL Antoine Joly


EXPÉRIMENTATION — Le fac­teur humain opé­ra­tion­nel : cher­chez l’erreur !

Retour en haut