
Grands formats — Nous vous offrons une immersion en grand format au sein de la 32ᵉ compagnie à Voluceau dans les Yvelines (78). Une unité indispensable chargée d’assurer la disponibilité technique opérationnelle des engins et des matériels, garantissant ainsi le bon déroulement des interventions de secours. En route pour la visite.
Le site de Voluceau compte 268 sapeurs pour une moyenne d’âge de 34 ans et plus de 12 ans de service. Il regroupe près de 20 corps de métiers, dont des carrossiers, peintres, électrotechniciens, menuisiers, bourreliers, métrologues, etc. « Stagiaires et alternants viennent régulièrement renforcer ces équipes, favorisant la transmission des savoir-faire et le recrutement de futurs spécialistes », précise le major Patrick Picard, chef de la section carrosserie. Un gymnase, un city-stade et la forêt de Marly-le-Roi à proximité permettent aux sapeurs de maintenir une condition physique optimale. De plus, la compagnie dispose de quatre dépanneuses, d’un moyen d’évacuation VL, d’un véhicule de soutien air comprimé, d’un véhicule porte-berces (VPB) accompagné de ses six berces et de deux véhicules d’intervention grande intempérie.
Le rôle de la 32e compagnie est de garantir la disponibilité technique opérationnelle du parc engins de la BSPP. Concrètement, il s’agit d’assurer la réception, le stockage, la distribution, la maintenance et la réparation des engins et des matériels, tout en veillant à la gestion de l’armurerie. Elle peut également intervenir en renfort des groupements incendie pour des opérations majeures ou ponctuelles.
Leur devise : « Maintenir sans faillir »,
Une organisation bien huilée. Pour relever ces défis, cette compagnie spécialisée s’appuie sur six sections complémentaires. La section commandement prend en charge le soutien administratif et logistique de l’unité, tout en assurant la vie courante du camp (gestion du personnel, remise, ordinaire, foyer). La section conduite de la maintenance et des approvisionnements assure la coordination de l’activité technique, la planification des interventions ainsi que la centralisation des besoins en pièces détachées. Elle s’appuie sur quatre autres sections : réparation mobilité, carrosserie-peinture, multitechnique et approvisionnement. Elles se concentrent sur la maintenance préventive et curative des engins, ainsi que sur la gestion des stocks et la remise en condition des matériels endommagés.
En complément de la portion centrale de Voluceau, trois centres techniques de maintenance (CTM) sont implantés à Bondy, Créteil et Nanterre. Colocalisés avec des centres de secours occupant une position centrale dans les secteurs des groupements, ils assurent le maintien en condition opérationnelle des moyens de leur groupement de rattachement, en réalisant l’entretien préventif des engins et matériels ainsi que l’ensemble des dépannages courants. En cas d’interventions lourdes ou complexes, le centre de Voluceau prend le relais en assurant un second niveau de réparation. À court terme, l’un des enjeux majeurs concerne le transfert du CTM-Sud de Créteil vers Limeil.
Zoom sur la section conduite de la maintenance et des approvisionnements. « Notre mission est de maintenir le potentiel opérationnel des compagnies », souligne le major Roland Dominicé, chef de la section conduite et soutien. Cette section joue le rôle de chef d’orchestre. Elle réceptionne les demandes de travaux (DT), détermine les priorités, planifie la charge de travail des différents ateliers et veille à la disponibilité des engins de réserve. En moyenne, 125 engins stationnent simultanément à Voluceau, ce qui exige une coordination sans faille pour maintenir une fluidité constante. Le major Roland Dominicé explique que « la section est composée d’une équipe de conduite et de soutien. On dispose ainsi de plusieurs groupes spécialisés en diagnostic contrôle, ordonnancement des matériels complets et des engins, conduite expertise approvisionnement (gestion des matériels pour alimenter les ateliers), sans oublier la métrologie responsable de la vérification de l’outillage ».
” L’histoire de cette compagnie commence en 1938 à la caserne de Champerret.”
Des chiffres impressionnants. En 2024, pas moins de 1 763 engins ont été remis en état, soit une moyenne de 40 véhicules chaque semaine. L’objectif, comme le résume leur devise « Maintenir sans faillir », est de garantir une couverture opérationnelle optimale, quel que soit le contexte. Lors des récents Jeux olympiques et paralympiques, la 32e compagnie a pris en charge 200 engins supplémentaires, civils et militaires, tout en garantissant le soutien courant au profit de la BSPP. Cette capacité à absorber un surplus d’activité illustre parfaitement la réactivité, l’adaptabilité et le caractère opérationnel de l’unité.
« L’histoire de cette compagnie commence en 1938 à la caserne de Champerret, avant son transfert en 1969 sur une ancienne base de l’OTAN à Bailly, » nous conte le capitaine Labachi, commandant d’unité et chef de site. Ce déménagement sur le site de Voluceau a alors pour but d’optimiser la gestion du matériel. Pendant plus de 40 ans, la compagnie des services techniques administre ce site jusqu’à la création de la 32e compagnie en 2013. Les infrastructures militaires d’origine y subsistent encore.
Aujourd’hui, Voluceau est bien plus qu’un lieu de stockage et de réparation. C’est un pilier essentiel de la BSPP, où esprit d’équipe, expertise et engagement garantissent chaque jour la disponibilité des engins et la continuité des opérations de secours de la Brigade.
Texte : JDL
MORGAN LE GALL, TOUJOURS PLUS HAUT
Dans l’ombre des sauvetages, le sapeur de première classe Morgan Le Gall veille sur les échelles des pompiers de Paris. Découvrons ensemble le parcours d’un mécanicien passionné, dont le travail discret est essentiel à chaque mission.
Lorsque l’on évoque la brigade de sapeurs-pompiers de Paris, les premières images qui viennent à l’esprit sont celles d’interventions spectaculaires, de camions rouges traversant la Capitale à toute allure. Mais derrière ces scènes d’action se cache un univers tout aussi exigeant : celui de la maintenance. Dans l’atelier échelle de Voluceau, le sapeur de première classe Morgan Le Gall incarne un savoir-faire discret et indispensable.
« Pourquoi ne rentrerais-tu pas à la Brigade ? » C’est son frère aîné, également pompier de Paris, qui le pousse à franchir le pas. Séduit par l’idée de mettre ses compétences techniques au service de la BSPP, Morgan la rejoint alors en mars 2006 et est directement affecté à l’atelier des moyens élévateurs. Originaire du Mans, Morgan Le Gall se destine déjà très tôt à la mécanique. Il est passionné de moto-cross et aime bricoler.
Un rôle clé à l’atelier. Aujourd’hui, il officie à l’atelier spécialisé dans l’entretien des moyens élévateurs aériens (MEA). Au-delà des échelles, il est loin d’être cantonné à un seul type de travaux. Il touche à tout. Des systèmes de levage aux moteurs, des capteurs aux commandes informatiques. Une polyvalence rare, qui distingue l’atelier de Voluceau d’autres structures. « Ici, on doit être prêt à intervenir sur n’importe quel dysfonctionnement, du plus simple au plus complexe », précise-t-il.
Des défis constants. Chaque réparation se déroule sous la contrainte du temps. Les véhicules doivent être opérationnels le plus rapidement possible pour retrouver leur statut « disponible ». Il faut réagir, identifier l’origine du problème et y remédier sans tarder. Les sapeurs doivent également composer avec une mécanique plus sophistiquée, alliant technique, électronique et hydraulique. « C’est un défi d’être toujours à la page avec des lectures de plans et des analyses de schémas électriques complexes », souligne-t-il en technicien. Ce double défi nécessite des capacités techniques solides, mais aussi une grande rigueur et une réactivité sans faille.
Au milieu des bras élévateurs, Morgan et son équipe font bien plus que dépanner. Ils participent activement à la sécurité de tous en veillant à ce que les camions rouges soient toujours prêts à décaler. C’est un mécanicien pour qui chaque panne est un défi technique. « Ce que j’aime le plus, c’est de trouver et de réparer les pannes sur les échelles », confie le sapeur de première classe. Au quotidien, ce dernier est guidé par sa passion et dort à Voluceau depuis 19 ans, alternant entre sa région d’origine, sa famille et son job à la BSPP. Un engagement qu’il vient de renouveler pour le mener jusqu’à 23 ans de service !
Texte : JDL et EP
AU CŒUR DU MAGASIN
Dans les coulisses de la Brigade, la section approvisionnement joue un rôle clé pour mener à bien chaque intervention sans accroc. Avec des milliers de références en stock et un rythme effréné, cet atelier vital gère avec une rigueur militaire tout le matériel nécessaire à la sécurité de la Capitale, du tuyau d’incendie aux équipements les plus spécialisés.
L’atelier d’approvisionnement du matériel opérationnel, unique en son genre à la BSPP, est un élément crucial pour le bon déroulement des interventions et des manœuvres. Des équipements de secours aux tuyaux d’incendie, en passant par les combinaisons de plongée : tout doit être disponible à tout moment. Afin de s’assurer que rien ne manque, un inventaire complet est réalisé chaque année et un inventaire au fil de l’eau est réalisé après chaque distribution de matériels. Le sergent Thomas Chataur, chef du groupe magasin, précise : « l’atelier va plus loin avec un inventaire hebdomadaire par allée pour minimiser les erreurs ou les surprises ».
Cette gestion minutieuse est indispensable dans un environnement où le moindre oubli peut avoir des conséquences. Les magasiniers et leur chef doivent s’assurer que chaque pièce de matériel est enregistrée, vérifiée et stockée correctement. Leurs missions ne se limitent pas à la distribution, mais consistent aussi à anticiper les besoins pour garantir l’efficacité des interventions.
Une organisation sans faille. Le processus d’approvisionnement est une chaîne bien orchestrée. Avec un chef magasin, son adjoint et sept magasiniers, l’atelier fonctionne comme une machine bien huilée. « Avec ses 4 500 références et ses 55 000 articles en stock, dont la valeur avoisine les 3,8 millions d’euros, l’atelier gère une rotation importante de matériels, poursuit le sergent Chataur. Chaque année, environ 90 000 articles sont échangés, soit le double du stock initial. »
Cette rotation impressionnante est rendue possible grâce à une organisation millimétrée. Chaque matin, des casernes viennent échanger leur matériel défectueux. L’après-midi est consacré à l’envoi des articles en réparation et à la gestion des stocks, du rangement à l’étiquetage.
Grands défis, lourdes responsabilités. Pour garantir la continuité des interventions en dehors des heures ouvrables, un garde-magasin est responsable de délivrer le matériel en urgence et d’acheminer les articles défectueux vers l’atelier de réparation.
Le travail en équipe est un élément primordial dans cet atelier, et les magasiniers sont tous formés dans la filière Logistic supply chain /Gestion des matériels et des approvisionnements. Tous sont des militaires prêts à répondre aux exigences spécifiques de la logistique opérationnelle.
Mission assurée. L’adaptabilité, l’organisation et la rigueur sont des qualités essentielles dans cet atelier. La précision des inventaires et l’attention portée au moindre détail permettent de maintenir un flux constant de matériel, « même en cas de situations exceptionnelles, comme les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, où la demande de matériel a explosé, ou encore lors du défilé du 14 juillet, où du matériel neuf est spécialement fourni » conclut le sergent Chataur.
Ces hommes et ces femmes, spécialistes en gestions des matériels, incarnent l’organisation militaire qui fait la renommée de la BSPP. Grâce à eux, la Brigade peut continuer à protéger Paris en étant toujours prête à intervenir, quel que soit le défi qui se présente.
Texte : EP
CAPITAINE NACIM LABACHI :
« Voluceau, c’est rigueur, innovation et esprit d’équipe »
Le capitaine Nacim Labachi occupe les fonctions de commandant d’unité de la 32e compagnie et de chef de site à Voluceau. Sa mission, centrée sur la coordination de la maintenance et la gestion des moyens, traduit l’engagement et l’innovation au cœur de la Brigade. Nous avons voulu en savoir plus.
Quel est votre parcours à la BSPP ?
Après avoir intégré l’armée de Terre en 2005, j’ai suivi une formation de sous-officier à l’école national des sous-officiers d’actrive. J’ai ensuite servi au sein du premier, et du troisième régiment du matériel. En 2016, alors que j’occupais les fonctions d’adjudant d’unité au 3e RMAT, j’ai fait le choix de me présenter au concours OAEA [aujourd’hui ODS]. J’ai ensuite intégré la division d’application de l’École du matériel à Bourges pendant un an, puis la BSPP grâce à mon classement. En août 2018, j’ai rejoint la 32e compagnie de la Brigade, comme chef de section (approvisionnement puis réparation mobilité) puis comme officier adjoint. Aujourd’hui, en tant que commandant d’unité, j’assure pour trois ans le commandement du site de Voluceau, pôle stratégique de la maintenance opérationnelle de la BSPP.
Quelles sont vos principales missions ?
La maintenance s’articule autour de deux niveaux : la conception, placée sous la responsabilité du BMCO, et l’exécution, assurée par la 32e compagnie que je commande. La partie exécution repose sur plusieurs sections complémentaires. Tout d’abord, la section commandement, chargée du soutien du site et du soutien du personnel. Puis, la section conduite de la maintenance et des approvisionnements, véritable centre nerveux de l’organisation, qui planifie les interventions techniques et centralise les besoins en pièces détachées. La section approvisionnement, en charge de la gestion des pièces détachées, des matériels complets et de l’armurerie. Ensuite, la section multitechnique, responsable de la réparation des matériels et équipements divers. Et enfin la section réparation mobilité, composée de 96 sapeurs répartis sur sept ateliers, assure l’entretien et la réparation des véhicules et des engins opérationnels.
Comment sont répartis les ateliers de la section réparation mobilité ?
La maintenance mécanique des engins est assurée par la section réparation mobilité, structurée selon deux niveaux techniques d’intervention (NTI). Le NTI 1 regroupe la maintenance préventive, les dépannages et la maintenance curative nécessitant moins de huit heures de main‑d’œuvre. Ce niveau est assuré par les trois centres techniques de maintenance : CTM Nord (Bondy), CTM Sud (Créteil), CTM Ouest (Nanterre), ainsi que par le groupe technique de maintenance (GTM) de Voluceau. Le NTI 2 prend en charge les opérations de maintenance curative excédant 8 heures de main‑d’œuvre. Les interventions de ce niveau nécessitent un outillage spécialisé et une infrastructure adaptée. Tous les ateliers concernés sont implantés à Voluceau : l’atelier mécanique automobile (maintenance des VSAV, VL, embarcations nautiques, motos, etc.), l’atelier échelles (entretien de l’ensemble des moyens élévateurs aériens et des équipements de levage et de manutention), l’atelier mécanique incendie (poids lourds et pompes incendie).
La section carrosserie est constituée de plusieurs ateliers spécialisés. L’atelier marbre est en charge des travaux de carrosserie lourde, l’atelier polyester gère les interventions sur éléments en fibre, l’atelier peinture équipé de deux cabines, l’atelier chaudronnerie pour les travaux de structure et de réparation métallurgique.
Enfin, la section multitechnique est chargée de la maintenance des équipements embarqués et du matériel incendie, incluant notamment les appareils respiratoires isolants et leurs bouteilles de gaz comprimé.
Comment gérez-vous les ressources humaines de votre unité ?
Pour la gestion des ressources humaines, je m’appuie principalement sur mon sous-officier administratif et les personnels de son bureau, qui assurent la bonne tenue administrative de la compagnie. Le bon fonctionnement de l’unité repose également sur un commandement à la fois exigeant et bienveillant, favorisant l’épanouissement de chacun. La montée en compétences des sapeurs constitue une priorité, soutenue par des formations internes, des stages en organismes spécialisés ou auprès des industriels partenaires, fournisseurs de nos matériels et de nos engins. Afin de garantir notre niveau de compétence à moyen terme, un recrutement actif est indispensable. À ce titre, nous participons régulièrement à des événements de rayonnement, tels que le stand de recrutement des 24 heures du Mans, pour promouvoir nos métiers et susciter des vocations.
Une anecdote marquante qui illustre l’ingéniosité de vos équipes ?
Il est marquant d’évoquer le projet « 404 », lancé il y a deux ans, visant à restaurer un véhicule de collection, sorti de grange, en impliquant l’ensemble de nos ateliers. Ce défi, très sollicitant, a permis de démontrer toute la compétence et l’ingéniosité de nos équipes. Chacune d’elles a apporté sa pierre à l’édifice, donnant naissance à un véritable chef‑d’œuvre de collection. Ils ont même participé aux prestigieux Tour Auto de 2024 et 2025. Un autre moment fort qu’il convient de souligner est celui des festivités de la Sainte-Barbe sur notre site. C’est un véritable défilé de véhicules, où l’on découvre tantôt de superbes créations originales, tantôt des « caisses à savon » astucieusement conçues. Cette fête, chère aux pompiers, reflète la polyvalence et la créativité de nos équipes, pleines de ressources dans des moments conviviaux !
Texte : JDL. Photo : CCH François-Julien Léonetti