ÉCOLE DES POMPIERS DE PARIS — Former pour sauver…

You­na Lan­dron —  — Modi­fiée le 16 mai 2025 à 11 h 33 

Grands formats — En 2020, la Brigade a donné naissance à un centre de formation aux dimensions hors norme. Située à Valenton et Limeil-Brévannes (94) sur un site de douze hectares, la plus grande école de pompiers d’Europe voit passer chaque année pas moins de 8 000 stagiaires !

Le grou­pe­ment de for­ma­tion d’instruction et de secours (GFIS) est une pièce angu­laire dans l’équilibre de la Bri­gade. Sans lui, les trois grou­pe­ments d’incendie et de secours, le grou­pe­ment des appuis et de secours (GAS) ain­si que le grou­pe­ment des sou­tiens et de secours (GSS) se retrou­ve­raient très vite… à sec. Alors, « dans le but de main­te­nir cette effi­ca­ci­té opé­ra­tion­nelle et com­pen­ser les 1 000 départs annuels de l’Institution, la for­ma­tion est essen­tielle », com­mence le com­man­dant Constans, direc­teur géné­ral de la for­ma­tion (DGF) du GFIS. Chaque année, de nom­breux pom­piers partent à l’avancement et envi­ron 1 000 nou­veaux élèves passent les portes de l’école pour deve­nir, à leur tour, pom­piers de Paris.

Une pré­sence quo­ti­dienne. « Sur le site de l’école, entre 350 et 700 élèves sont pré­sents quo­ti­dien­ne­ment pour suivre les 125 for­ma­tions dis­pen­sées par la Bri­gade. Aupa­ra­vant, elles étaient ensei­gnées dans divers centres de for­ma­tion, répar­tis aux quatre coins de l’Île-de-France », se remé­more le DGF. En 2004, la déci­sion a été prise : il est néces­saire de réflé­chir à une école regrou­pant toutes les for­ma­tions en un seul et même lieu. La réflexion se pour­suit pen­dant qua­torze ans puis le démé­na­ge­ment, très pro­gres­sif, s’effectue de 2018 à 2023. Peu après le confi­ne­ment, en 2020, la com­pa­gnie de for­ma­tion n°1, qui forme les nou­velles recrues, s’y ins­talle défi­ni­ti­ve­ment. « Depuis 2022, la qua­si-tota­li­té des for­ma­tions est située dans les murs de l’école des sapeurs-pom­piers de Paris à Limeil-Bré­vannes et Valen­ton dans le Val-de-Marne », affirme le com­man­dant Constans. « Il nous fau­dra attendre encore sept ans avant de rece­voir la livrai­son com­plète de l’école. Une seconde mai­son du feu est en construc­tion. Une cave à fumée va bien­tôt voir le jour et une remise sera éga­le­ment construite », men­tionne le DGF.

Ecole des sapeurs-pompiers de paris en grand format

Tous ces outils per­mettent aux élèves d’étudier dans les condi­tions du réel quel que soit leur niveau de for­ma­tion. Les nou­velles recrues sont tout de suite immer­gées dans l’univers des pom­piers. En quatre mois, elles doivent pas­ser de civil à pom­pier de Paris…
 
L’avancement. Dans quelques mois ou quelques années, ces jeunes pom­piers éprou­ve­ront sûre­ment l’envie de mon­ter en grade. Pour ce faire, retour à Limeil ! Comme plus de 30 % des sta­giaires de l’école, « Ils inté­gre­ront la com­pa­gnie de for­ma­tion n°3 dans le but de suivre une for­ma­tion de cur­sus du grade de capo­ral au grade de lieu­te­nant », men­tionne le ser­gent-chef Jere­my Col­lot, for­ma­teur PECCH. Au-delà, un centre de for­ma­tion des offi­ciers, com­po­sé de trois for­ma­teurs, enseigne les spé­ci­fi­ci­tés du métier aux offi­ciers supé­rieurs de demain.
 
Des for­ma­tions de spé­cia­li­sa­tion existent éga­le­ment : NRBC, EPMS (sport), incen­die, conduc­teur d’engins, tir, CIECA (per­mis de conduire) ou encore SAV. Sept centres de for­ma­tion dis­tincts, ont été attri­bué à une fonc­tion bien par­ti­cu­lière. « Cette deuxième com­pa­gnie de for­ma­tion ras­semble entre 50 et 60 for­ma­tions, offrant de nom­breuses pos­si­bi­li­tés d’évolution aux sta­giaires », relève le com­man­dant Constans.

“Nous nous sommes ren­dus compte que nous avions moins d’échecs sur les for­ma­tions numé­ri­sées.

com­man­dant Constans, direc­teur géné­ral de la for­ma­tion (DGF) du GFIS

Toutes ces for­ma­tions demandent « de la rigueur et une cer­taine orga­ni­sa­tion », sou­ligne le ser­gent-chef Jere­my Col­lot. Pour cela, l’école des pom­piers de Paris dis­pose d’une com­pa­gnie de com­man­de­ment et de logis­tique, la CCL 6. Elle four­nit tous les outils indis­pen­sables au bon dérou­le­ment des for­ma­tions (camions, ARI, camé­ras ther­miques, etc.).
 
Le fon­de­ment des for­ma­tions. Mais à la base, com­ment sont créées les for­ma­tions ? Sou­mise à la régle­men­ta­tion du minis­tère des Armées ain­si qu’à celle de la DGSCGC, selon les for­ma­tions, la BSPP conçoit ou reprend des for­ma­tions exis­tantes. Depuis le 1er juillet 2023, le bureau orga­ni­sa­tion syn­thèse et cur­sus de for­ma­tion (BOS-CF) et l’école de la bri­gade de sapeurs-pom­piers de Paris tra­vaillent conjoin­te­ment. La créa­tion de chaque for­ma­tion s’appuie sur la défi­ni­tion des com­pé­tences à acqué­rir, dis­po­nibles dans le dic­tion­naire des com­pé­tences. Chaque for­ma­tion est ensuite for­ma­li­sée dans une note cir­cu­laire, en confor­mi­té avec la poli­tique géné­rale de for­ma­tion dans l’armée de Terre, tout en garan­tis­sant la cohé­rence avec la régle­men­ta­tion de la DGSCGC. Si tel est le cas, la pro­gres­sion péda­go­gique et le volume horaire néces­saires à chaque fiche sont écrits et détaillés par l’école de la BSPP. « En 2020, ils étaient deux à tra­vailler sur les for­ma­tions et aujourd’hui, nous sommes 24, répar­tis dans deux sec­tions : la sec­tion for­ma­tion (pla­ni­fi­ca­tion, qua­li­té et ensei­gne­ment à dis­tance) et la sec­tion SIPEP (sec­tion ingé­nie­rie, péda­go­gie, études et pros­pec­tives) », pour­suit le DGF. Des « fiches de séance » sont ensuite créées en cohé­rence avec les objec­tifs péda­go­giques. Enfin, les cours sont archi­vés, publiés et mis à jour sur la pla­te­forme ILIAS, acces­sible par­tout, tout le temps et depuis n’importe quel appa­reil. « La numé­ri­sa­tion est une aide sup­plé­men­taire pour les élèves. Les infor­ma­tions de base per­mettent aux jeunes recrues de se sen­tir en confiance. Les cours sont inter­ac­tifs et des ques­tion­naires per­mettent aux sta­giaires de se tes­ter à la fin de chaque séance », enchaîne le com­man­dant Constans.
 
« Nous nous sommes ren­dus compte que nous avions moins d’échecs sur les for­ma­tions numé­ri­sées. Nous avons alors digi­ta­li­sé les 125 for­ma­tions dis­pen­sées à l’école des sapeurs-pom­piers de Paris et les 1 350 cours (1 000 pra­tiques et 350 théo­riques) qui en découlent », explique le DGF. Par­mi les élèves, la très grande majo­ri­té sont pom­piers de Paris. Cer­tains pom­piers fran­çais ou étran­gers viennent se for­mer sur les stages COS recon­nus à l’international. « Actuel­le­ment, deux Séné­ga­lais sont en for­ma­tion. Nous avons éga­le­ment eu des pom­piers suisses, moné­gasques, mar­seillais, etc. », pour­suit le com­man­dant Constans. Il y a peu, les pom­piers de Tokyo se sont ren­dus à Limeil pour obser­ver et com­prendre le fonc­tion­ne­ment de l’école.
 
La for­ma­tion en 2050. « Cer­taines choses ne chan­ge­ront pas. Le pom­pier devra tou­jours être au contact de la popu­la­tion, lever des échelles, tenir les tuyaux, etc. Les évo­lu­tions actuelles, les risques d’attentats par exemple ou encore les phé­no­mènes ther­miques sur feu, nous ont obli­gés à modi­fier nos for­ma­tions. On leur apprend l’intelligence de situa­tion. Ils doivent déve­lop­per de nou­veaux réflexes et réus­sir à s’adapter », conclut le com­man­dant Constans. 

LES RECRUES

Étre « humain, juste et droit » comme le dit si bien le capo­ral Arthur Ber­ge­ret, for­ma­teur des nou­velles recrues, demande un tra­vail et une abné­ga­tion de tous les ins­tants. Ces trois mots repré­sentent trois des grandes qua­li­tés essen­tielles à tout pom­pier de Paris. Culti­vées tout au long de la for­ma­tion, elles sont ren­for­cées par la connais­sance et la mise en pra­tique des valeurs et des tra­di­tions de la Bri­gade. Ces der­nières sont très rapi­de­ment incul­quées aux sta­giaires : « lors du ras­sem­ble­ment heb­do­ma­daire des morts au feu, lors des mul­tiples échanges tout au long de la for­ma­tion et lors des moments de cohé­sion », débute le ser­gent-chef Auré­lie Bar­bau, deuxième femme de l’histoire de la Bri­gade à deve­nir chef de section.

Entre cou­tumes et valeurs mili­taires. Les morts au feu, la planche, la Sainte-Barbe ou encore les chants mili­taires ne repré­sentent qu’une infime par­tie des tra­di­tions mili­taires. Très repré­sen­té dans les armées, le chant est une pierre angu­laire dans la cohé­sion de groupe. « La Mar­seillaise » résonne tous les lun­dis matin dans l’enceinte de l’école ; « Paris, nous voi­là ! » est chan­té par toutes les sec­tions au cours des deux pre­miers mois de for­ma­tion puis, à l’issue, un chant de sec­tion fait son appa­ri­tion. Déci­dé par le chef de sec­tion lui-même, « il marque l’identité d’une sec­tion. Aupa­ra­vant, le chant était uti­li­sé pour gar­der le moral et s’unir. Aujourd’hui, c’est davan­tage une tra­di­tion », ajoute le chef Bar­bau, for­ma­trice depuis juin 2023.
 
La for­ma­tion ini­tiale. « Plu­sieurs étapes rythment la vie des sta­giaires à l’école : la for­ma­tion mili­taire géné­rale d’une durée de deux semaines, le secours à vic­time pen­dant quatre semaines, une semaine d’immersion en com­pa­gnie, équi­valent à deux gardes de 48 heures et, enfin, huit semaines de for­ma­tion incen­die avec un focus NRBC », détaille le com­man­dant Chris­tophe Constans, direc­teur géné­ral de la for­ma­tion à l’école des pom­piers de Paris. À la fin de ce qua­dri­mestre, ils suivent une for­ma­tion aux tech­niques de com­bat puis ils par­ti­cipent à la remise de casques et insignes (voir notre maga­zine ALLO 18 n°790) avant de tirer une nou­velle fois au FAMAS sur une jour­née et d’être ven­ti­lés dans leurs com­pa­gnies. « Cha­cun de ces modules est éli­mi­na­toire. À cela, s’ajoutent le sport et l’épreuve de la planche. Mon­tée à 10, 15 ou 20 et dif­fé­rente selon le genre du pom­pier, elle demande de la puis­sance aux hommes et de la résis­tance aux femmes », explique le chef Bar­bau. Enfin, une note d’aptitude récom­pense le tra­vail four­ni pen­dant la for­ma­tion. « La rigueur for­melle, le com­por­te­ment, le savoir-être, l’implication et l’engagement ain­si que l’esprit de cohé­sion sont éva­lués », liste le chef Bar­bau, arri­vée à la Bri­gade en 2005.
 La der­nière étape. Avant de par­tir en com­pa­gnie d’incendie, les jeunes recrues doivent obte­nir l’admission en com­pa­gnie d’incendie et de secours (ACIS). Pour ce faire, plu­sieurs épreuves se suc­cèdent au cours de la jour­née, toutes éli­mi­na­toires. À 7h30, la pre­mière com­mence sur l’aire de la manœuvre. Le stress est déjà pal­pable. Chaque binôme, accom­pa­gné par un for­ma­teur, doit être en mesure d’effectuer une manœuvre d’établissement et des recon­nais­sances dans les cais­sons incen­die. Les jeunes sol­dats du feu doivent ensuite être capables de rendre compte effi­ca­ce­ment au chef d’agrès res­té dehors. En moins de 25 minutes, ils doivent entrer dans le cais­son, effec­tuer une période de silence afin d’écouter le cré­pi­te­ment du feu et entendre les poten­tielles vic­times, se fau­fi­ler pour trou­ver un che­min et enfin, loca­li­ser le foyer.
 
L’après-midi : direc­tion la halle de la manœuvre pour les épreuves de sau­ve­tage. Dans ce han­gar où le moindre bruit est démul­ti­plié, les recrues sont silen­cieuses et concen­trées, sou­cieuses. Le chef Auré­lie Bar­bau rompt le silence en leur don­nant les consignes : « Vous allez être divi­sés en trois groupes sur trois ate­liers dif­fé­rents : l’échelle à cro­chets et à cou­lisses, le sau­ve­tage par l’extérieur et le rele­vage ».
L’un des binômes fait face à la tour d’instruction. Les échelles sont posées au sol. les jeunes sol­dats du feu doivent, en un temps record, exé­cu­ter les ordres simples : dres­ser l’échelle, tes­ter ses fixa­tions et la repo­ser au sol déli­ca­te­ment. Cer­tains ren­contrent des dif­fi­cul­tés qu’ils n’avaient pas au cours des exer­cices. Un cer­tain aga­ce­ment se fait res­sen­tir, rapi­de­ment chas­sé par les encou­ra­ge­ments et la bien­veillance des for­ma­teurs. Au même moment, un second binôme doit effec­tuer un rele­vage en moins de trois minutes. L’un est au sol, « incons­cient », et le second doit l’extraire en le rele­vant à l’aide d’un har­nais. Un troi­sième binôme est éva­lué sur le sau­ve­tage par l’extérieur. Le ser­vant accroche l’échelle et la teste. Le chef d’équipe y monte avec le lot de sau­ve­tage et de pro­tec­tion contre les chutes (LSPCC). La vic­time est ensuite équi­pée puis des­cen­due par le dis­po­si­tif de des­cente par l’extérieur. « La tech­nique, la force phy­sique, la rapi­di­té et la luci­di­té sont vrai­ment des points essen­tiels sur ces épreuves ain­si que dans la vie du pom­pier de Paris », assure le chef Auré­lie Bar­bau.
 
L’après-midi s’achève et la for­ma­tion touche à sa fin. Dans quelques heures, ils vivront leur der­nière soi­rée à l’école des pom­piers de Paris : un moment d’échange entre for­ma­teurs et recrues.

…ET LES CADRES AUSSI !

Après pratiquement deux ans de formation, le sergent Stanislas Delangle a décroché le fameux sésame : le certificat chef de garde incendie (CCGI). Une étape indispensable pour endosser de nouvelles responsabilités…

Vous nous avez dit que la for­ma­tion était exi­geante, en quoi consiste-t-elle ?
C’est une for­ma­tion très longue deman­dant beau­coup d’investissement tant pro­fes­sion­nel que per­son­nel. Mais, avant d’entrer plei­ne­ment dans le cur­sus de for­ma­tion CCGI, il faut deux ans d’ancienneté dans le grade de ser­gent pour pré­tendre pas­ser le pre­mier exa­men : le CAF 2. C’est un diplôme nous per­met­tant d’accéder à la for­ma­tion chef de garde incen­die. Sur deux jours : mathé­ma­tiques, anglais, fran­çais et évi­dem­ment, des ques­tions pure­ment pom­pier, sans oscil­ler la planche. En pas­sant ce diplôme en avril 2023, je l’ai obte­nu deux mois plus tard en juin. C’est le seul évé­ne­ment de ma for­ma­tion sur l’année 2023.
 
Et ensuite ?
La for­ma­tion a repris en février 2024 pour moi. Nous avons pas­sé une semaine avec les pré­ven­tion­nistes de la Bri­gade à éplu­cher les BSP du domaine et à nous rendre sur le ter­rain pour obser­ver, com­prendre et recon­naître les dis­po­si­tifs de pré­ven­tion que l’on pour­ra retrou­ver sur inter­ven­tion. Cette semaine de cours théo­riques et pra­tiques s’est ter­mi­née par un exa­men.
En juin 2024, nous avons eu un troi­sième exa­men : un par­tiel com­por­tant des ques­tions sur l’électricité, l’hydraulique, les cal­culs de pres­sion, entre autres…
Trois mois plus tard, en sep­tembre et octobre, nous avons pas­sé cinq semaines à Limeil-Bré­vannes (94) lors d’un stage enca­dré par la com­pa­gnie de for­ma­tion n°3 (3 CDF). Le but était d’y apprendre à diri­ger une inter­ven­tion en tant que chef de garde. Début 2025, nous avons pas­sé l’examen final…
 
Quelle a été cette étape finale ?
En deux jours, nous devions réus­sir six épreuves. La pre­mière, la plus impor­tante, était la manœuvre incen­die. Une simu­la­tion de feu en condi­tions réelles. Nous devions gérer l’intervention en veillant à ce que notre com­man­de­ment, notre tac­tique et notre sécu­ri­té soient assu­rés. Ensuite, un oral est venu par­faire nos connais­sances sur les règle­ments. La troi­sième épreuve était, elle aus­si, une simu­la­tion de feu : un incen­die de grande ampleur dans un bâti­ment, sur table. Nous étions notés sur le déploie­ment d’engins et leur ges­tion. Puis, un expo­sé sur un thème don­né consti­tuait la qua­trième épreuve. Enfin, la cin­quième et der­nière épreuve se basait sur l’éthique. Nous devions gérer un pro­blème que nous pour­rions ren­con­trer en caserne. Il y a aus­si une épreuve d’élaboration d’une déci­sion opé­ra­tion­nelle, sur papier. Une fois tous ces exa­mens vali­dés, nous sommes nom­més chefs de garde.
 
Aujourd’hui, quelles sont vos nou­velles mis­sions et res­pon­sa­bi­li­tés ?
Depuis février 2025, j’ai les fonc­tions de chef de garde et mon grade de ser­gent à deux che­vrons en or marque l’obtention du cer­ti­fi­cat de chef de garde incen­die. Je serai nom­mé ser­gent-chef le 1er décembre 2025, soit cinq ans après être deve­nu sous-offi­cier, grâce au nou­veau par­cours du sous-offi­cier (NPSO). Mes mis­sions ont quelque peu chan­gé. Main­te­nant, je peux com­man­der la garde du jour, don­ner les consignes de la jour­née, gérer la séance de sport, la manœuvre et sur­tout, diri­ger mes équipes sur de grosses inter­ven­tions.
 
Que vous a appor­té cet exa­men ?
Je me sens en confiance avec ces nou­velles res­pon­sa­bi­li­tés, car je me suis beau­coup entraî­né à l’école, pen­dant les stages et en centre de secours. On accu­mule les manœuvres incen­die pour s’habituer à com­man­der plu­sieurs engins sur des opé­ra­tions de grande ampleur, à mettre un dis­po­si­tif en place pour com­battre un sinistre. Nous tra­vaillons éga­le­ment sur notre temps de repos ou de réserve. Cette for­ma­tion demande un réel investissement !

…SANS OUBLIER LES FORMATEURS

Après onze ans de bons et loyaux services auprès du GIS1, le sergent-chef Guillaume Garegneaux a rejoint le groupement formation instruction et de secours (GFIS) en tant que chef de section au PEC et formateur.

Depuis le 9 sep­tembre 2024, le ser­gent-chef Gare­gneaux forme les élèves capo­raux à leurs nou­velles res­pon­sa­bi­li­tés. En tant que sous-offi­cier en com­pa­gnie d’incendie, sa car­rière l’amène à ser­vir l’Institution autre­ment, lui per­met­tant de décou­vrir de nou­velles enti­tés comme le sou­tien, l’appui ou encore la for­ma­tion et donc, d’élargir son champ de compétences.

Le chef Gare­gneaux, déten­teur de la qua­li­fi­ca­tion UV3, n’y a pas échap­pé. « La for­ma­tion est vrai­ment le domaine qui m’intéressait le plus. Je me suis por­té volon­taire pour deve­nir for­ma­teur des capo­raux dans l’objectif de retour­ner dans les camions à l’issue », com­mence-t-il. Aujourd’hui chef de sec­tion, ses mis­sions sont diverses : de la pla­ni­fi­ca­tion des cours au sui­vi de ses sta­giaires en pas­sant par le rôle d’instructeur, et bien d’autres… « Les jours se suivent, mais ne se res­semblent jamais. J’ai la chance de faire un métier pas­sion­nant. Je ne le montre pas parce qu’il ne faut pas que les sta­giaires voient qu’ils ont presque un enfant en face d’eux… », sou­rit le for­ma­teur du PEC.
 
Des exer­cices gran­deur nature. For­mer les futurs chefs d’agrès échelle et les pro­chains chefs d’équipe en un mois, telle est sa mis­sion. Divi­sé en deux modules, le PEC contient le cer­ti­fi­cat mili­taire élé­men­taire (CME), à savoir l’ordre ser­ré, la topo­gra­phie et le par­cours spor­tif, ain­si que le cer­ti­fi­cat tech­nique élé­men­taire (CTE), la par­tie tech­nique pom­pier. « Au cours d’une for­ma­tion, les sta­giaires font six brû­lages cha­cun, com­pre­nant à la fois des mis­sions de recon­nais­sance en condi­tions réelles et des cais­sons d’attaque. Ils tra­vaillent avec de vraies flammes donc ils doivent être très atten­tifs. Dans les cais­sons et les caves, ils sont tou­jours accom­pa­gnés par leurs for­ma­teurs pour des ques­tions de sécu­ri­té », conti­nue le ser­gent-chef Guillaume Gare­gneaux.
 
Cré­di­bi­li­té et exem­pla­ri­té. Au cours de cette for­ma­tion très concrète, les RETEX des inter­ven­tions récentes ou plus anciennes sont uti­li­sés afin d’illustrer et d’animer les manœuvres et les débrie­fings. « Le PEC est un stage intense et exi­geant. Toutes les heures sont comp­tées donc on n’a pas de temps à perdre, assure le chef de sec­tion. On demande aux sta­giaires d’être pré­pa­rés avant de venir au PEC. Ils ne doivent pas décou­vrir ce qui les attend et encore moins leur tra­vail actuel avec les manœuvres de base. Nous n’avons pas le temps de revoir com­ment dérou­ler un tuyau, dres­ser une échelle ou encore rac­cor­der une divi­sion. Ils doivent savoir le faire. On se concentre sur le rôle de chef d’équipe, com­ment réagir et inter­ve­nir, sans oublier que toutes les conduites à tenir ne peuvent être écrites. On leur apprend à s’adapter à chaque situa­tion. »
 
Une his­toire mar­quante. « Au cours d’un stage PEC, le pre­mier jour, un sta­giaire est arri­vé et nous a expli­qué sa situa­tion per­son­nelle très dif­fi­cile. Sa maman était dans le coma. Il vou­lait ter­mi­ner sa for­ma­tion et retour­ner la voir avec son galon de capo­ral. Il l’a fait avec une telle déter­mi­na­tion, je lui tire mon cha­peau. Il ne se repo­sait jamais vrai­ment entre la for­ma­tion, les révi­sions et les week-ends au che­vet de sa maman et auprès de sa famille. Il ne s’est jamais plaint et n’a jamais lâché », rap­porte le ser­gent-chef Gare­gneaux. Une situa­tion dif­fi­cile que le chef de sec­tion a dû gérer avec beau­coup d’humanité. « C’est aus­si ça être chef de sec­tion : être humain et bien­veillant, sans oublier d’être impar­tial. Le PEC est le même pour tout le monde », conclut le chef Garegneaux.

Photos : CCH François-Julien Léonetti et CCH Marc Loukachine

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