
Web-série — Affecté depuis ses débuts au CS Créteil, le caporal-chef Demange a vu son quotidien évoluer en profondeur en prenant la fonction de secrétaire de l’adjudant d’unité et de président des militaires du rang (MDR) de sa compagnie. Trois années passées à accompagner les pompiers au quotidien, moins d’interventions mais une expérience particulièrement enrichissante. À l’heure de retrouver le service incendie, il revient sur une expérience qui l’a profondément fait grandir.
Bonjour Axel, pourrais-tu te présenter ?
Bonjour, je suis le caporal-chef Axel Demange, j’ai 29 ans et je suis à la Brigade depuis un peu plus de six ans. Depuis mes débuts, j’évolue au CS Créteil. Cela fait bientôt trois ans que j’occupe la fonction de président des militaires du rang de ma compagnie, ainsi que celle de secrétaire de l’adjudant d’unité.
Très différent du métier de pompier en lui-même, c’est un poste que j’ai apprécié au fil du temps. Je m’occupe notamment des plannings, des inscriptions aux différents stages et, en tant que président des MDR, j’accompagne les pompiers confrontés à des difficultés, qu’elles soient professionnelles ou personnelles.
En tant que permanent, je garde un pied sur le terrain avec une garde opérationnelle par semaine. Mon passage à ce poste touche bientôt à sa fin — il était prévu pour trois ans — et je suis très heureux à l’idée de retrouver prochainement un poste en service incendie. Ce rôle m’a énormément fait évoluer.
Quel est le premier aspect positif qui te vient en tête en pensant à ce CS ?
La cohésion, sans hésiter. À Créteil, j’ai rencontré une dizaine d’amis très proches. Avec le temps, nous ne sommes plus que quatre encore ici, mais les liens tissés sont toujours là.
Je pense que l’un des moteurs de nos relations à la Brigade, c’est la diversité des moments vécus ensemble, à toute heure du jour ou de la nuit, dans des contextes très variés. Ce quotidien partagé soude vraiment les gens.
Quelles spécificités ou quels type d’inter’ pour ce secteur ?
La première chose à noter, c’est la présence d’un camion de désincarcération dans notre caserne, l’un des trois de la Brigade. C’est une vraie chance, car cela nous expose à un large éventail d’interventions : accidents de la circulation, incendies, opérations diverses…
Notre secteur est en extra-muros, et la grande remise du CS nous permet de sortir très fréquemment. On est souvent appelés sur des interventions d’ampleur, avec un fort engagement des secours, que ce soit en incendie ou en secours à victimes.
Quelle est l’intervention qui t’a le plus marqué dans ce CS ?
C’était une intervention de nuit, sur une ouverture de porte en secours à victime. J’étais caporal et deuxième chef d’équipe à ce moment-là.
Vers 2 heures du matin, nous sommes engagés sur une mission assez classique. En arrivant sur les lieux, le chef d’agrès aperçoit une silhouette passer devant une fenêtre à l’étage. En forçant l’entrée du portail, nous entendons des aboiements très marqués derrière la porte d’entrée — deux gros chiens — et décidons de passer par la fenêtre.
Je monte à l’échelle à crochet pendant que mes collègues accèdent à la maison par la porte, finalement ouverte par la mère de famille, sourde, qui nous avait appelés. Une fois à la fenêtre, je découvre la fille, âgée d’environ 50 ans et atteinte d’un cancer, qui venait tout juste de se pendre.
Nous l’avons décrochée et tenté une réanimation, malheureusement sans succès. Ce qui m’a profondément marqué, c’est le déroulé extrêmement précis des faits, l’ambiance très pesante de la pièce, et ce détail : un CD rayé d’Orelsan tournait en boucle, répétant sans fin un même refrain. Une scène très forte.
Souvenir personnel/cohésion le plus marquant dans ce CS ?
Je garde un excellent souvenir d’une cohésion organisée par notre ancien commandant d’unité. En tant que président des MDR, j’étais invité avec les autres cadres de la compagnie pour passer quelques jours dans son département, le Var.
Il avait organisé un programme vraiment riche : plongée, bouée tractée, randonnées avec une équipe de la sécurité civile de Brignoles… C’était à la fois dépaysant et très fédérateur. Chacun a pu découvrir quelque chose de nouveau. Pour moi, c’est l’un des plus beaux souvenirs de cohésion à la Brigade.