
Web-série — À Villecresnes, l’opérationnel rime avec polyvalence et ingéniosité. Loin des grandes artères parisiennes, ce centre de secours extra-muros se distingue par un secteur vaste, rural et varié, où la débrouillardise et l’adaptation sont souvent les clés de l’efficacité. Affecté à la remise depuis 2021, le première classe Sami Mansouri y a construit une solide expérience, nourrie d’interventions atypiques et d’un esprit de caserne marqué par la bienveillance.
Bonjour Sami, pourrais-tu te présenter ?
Salut, je suis le première classe Sami Mansouri, j’ai 28 ans et je suis affecté à la remise du CS Villecresnes. Je suis entré à la Brigade le 3 septembre 2019. J’ai été ventilé à la 23e compagnie, au CS Saint-Maur, le 2 janvier 2020. En novembre de la même année, j’ai suivi la formation CEP (conducteur d’engin-pompe), puis j’ai muté à Villecresnes le 4 janvier 2021, toujours comme remisard.
J’ai choisi la BSPP parce que, depuis tout petit, j’ai toujours voulu devenir militaire. À 17 ans, j’ai commencé le volontariat dans mon département, le Cher, et j’ai tout de suite accroché aux interventions, au feu, au fait d’aider les gens.
Après mon bac, j’ai été recruté en tant qu’emploi d’avenir. J’ai bossé deux ans dans un centre de secours différent de celui où j’étais volontaire, en faisant des gardes postées de 12 heures. Ça a encore renforcé ma passion pour ce métier. Mais il me manquait l’aspect militaire. C’est en tant que volontaire que j’ai rencontré d’anciens Brigadous, qui m’ont conseillé de me tourner vers la Brigade.
Quel est le premier aspect positif qui te vient en tête en pensant à ce CS ?
À Villecresnes, je pense immédiatement à la bienveillance. Elle se ressent à tous les niveaux, quels que soient les grades, l’ancienneté ou l’expérience. On a vraiment cette volonté de tirer tout le monde vers le haut, en accompagnant les plus jeunes avec pédagogie. Ce qui m’a surpris à mon arrivée, c’est justement cette ambiance très saine, celle qui m’avait fait aimer ce métier à mes débuts comme volontaire.
Et si je peux ajouter un deuxième point, c’est la polyvalence de notre caserne. On est relativement isolés, dans un environnement plus rural, donc on travaille souvent en autonomie en attendant les renforts. On est aussi confrontés à des interventions assez atypiques pour le secteur parisien, mais très courantes dans les zones plus rurales.
Quelles spécificités ou quel type d’inter’ pour ce secteur ?
Notre secteur est très vaste, en superficie, il est presque aussi grand que celui du G2 intra-muros. On couvre cinq communes : Villecresnes, Santeny, Marolles-en-Brie, Mandres-les-Roses et Périgny. Le potentiel opérationnel est très large : grands espaces boisés, réseau routier dense… Et surtout, il n’y a pas de routine.
Ce que j’aime ici, c’est qu’on est fréquemment obligé de réfléchir différemment, de s’adapter. Certaines manœuvres apprises en formation ne sont pas toujours transposables sur le terrain ici, donc on doit faire preuve d’initiative et parfois se creuser un peu la tête.
Quelle est l’intervention qui t’a le plus marqué dans ce CS ?
Difficile d’en choisir une, car plusieurs me viennent en tête et illustrent bien la particularité de notre secteur.
Par exemple, un feu de chaume provoqué par une surchauffe d’un tableau électrique en bord de champ. Les bouches à incendie étaient éloignées, donc nous avons dû choisir entre alimenter l’engin-pompe — ce qui nous faisait perdre énormément de temps — ou attaquer avec notre réserve et organiser des norias. On a choisi la deuxième option. C’est typiquement le genre d’intervention où il faut improviser intelligemment.
Une autre fois, sur un accident de bus, on a désincarcéré le conducteur à l’aide des petits outils du PS. Quand le camion de désincarcération est arrivé, on avait déjà terminé. Encore une fois, débrouillardise et efficacité.
Enfin, à Villecresnes, quand les VSAV sont déjà engagés, on peut décaler à quatre en engin-pompe. Les règles d’engagement sont adaptées, mais ça nous permet de faire face à de petits feux ou de gagner du temps pour des sauvetages, des mises en sécurité ou plus couramment une première action de lance en attendant les renforts.
Souvenir personnel/cohésion le plus marquant dans ce CS ?
Comme beaucoup de Brigadous, j’ai tendance à intérioriser mes émotions. En quatre ans, j’ai vu beaucoup de monde partir, mais le départ qui m’a le plus marqué, c’est celui de mon gradé remise. C’est lui qui m’a formé, qui m’a transmis tout son savoir, son expérience… un peu comme un passage de flambeau. Il faisait partie des piliers de Villecresnes. Son départ m’a vraiment touché, c’est l’une des premières fois où j’ai été aussi ému par le départ d’un collègue.