Le cercle des casernes disparues

Histoire — Ces casernes ont en leur temps accueilli des soldats du feu. Aujourd’hui, certaines ont complètement disparu. D’autres, entièrement transformées, hébergent une activité totalement différente. Et parfois, avec le temps, on finit par oublier que ces constructions ont connu le rythme de vie mouvementé des sapeurs-pompiers de Paris. Depuis la première caserne située sur l’Île de la Cité, rue de Nazareth en 1811, ce voyage se décline en plusieurs verbes. Autant de verbes pour vous amener à sillonner les rues de Paris et de la petite couronne et plonger dans l’Histoire.

Damien Gre­nèche —  — Modi­fiée le 29 avril 2021 à 02 h 15 

Rede­ve­nir
En 1843, les moines du col­lège des Ber­nar­dins, rue de Pois­sy, cèdent leur place aux sol­dats du feu. Dans ce cadre tout à fait aty­pique, ils s’installent ain­si dans une abbaye cis­ter­cienne du XIVe siècle. Tout au long du XIXe siècle, les auto­ri­tés demandent que cette caserne soit dépla­cée. Il faut attendre 1993 pour que les « moines de la 2e Cie » intègrent leurs nou­veaux locaux rue du Car­di­nal-Lemoine. Le col­lège est rache­té par le Dio­cèse et rede­vient un lieu cultu­rel et cultuel.

Deve­nir
La mythique caserne de Châ­teau-Lan­don devient « La Caserne ». His­to­ri­que­ment, ce bâti­ment est la pre­mière caserne conçue par et pour des pom­piers de Paris, en 1879. Implan­tée au car­re­four des rues Phi­lippe de Girard et de l’Aqueduc, et en forme de tri­angle, elle com­prend une cour cen­trale dédiée aux manœuvres et des remises adap­tées au sto­ckage des voi­tures. Le tout per­met­tant une dis­per­sion rapide des secours. Cepen­dant, depuis 2005, hommes et maté­riels ont déser­té les lieux pour s’installer quai de Val­my, le long du canal Saint-Mar­tin. Aujourd’hui, d’importants tra­vaux feront de ce lieu un incu­ba­teur dédié à la mode et au luxe.

Lan­don, avant de devenir…
… La caserne.

Inter­pel­ler
Dans le quar­tier des Ternes, dans le XVIIe arron­dis­se­ment, une façade inter­pelle l’œil aguer­ri au 27 ave­nue Niel. Trois impo­santes portes de garage inté­grées dans un bâti­ment res­sem­blant étran­ge­ment aux casernes de Châ­teau d’Eau, Bitche, Malar, Cha­ronne ou encore Nati­vi­té. Entre 1894 et 1936, des camions rouges s’élançaient à toute allure de ces portes. Avec la construc­tion de Cham­per­ret, les deux casernes étant trop proches l’une de l’autre, une nou­velle caserne est construite, rue Mes­nil dans le XVIe arron­dis­se­ment. La ville récu­père les locaux de l’avenue Niel et y ins­talle la sec­tion ter­ri­to­riale de voi­rie.
De même, au square Sta­lin­grad, à Auber­vil­liers, une annexe du tri­bu­nal d’instance, abri­tait des sapeurs-pom­piers de la 10e puis de la 26e com­pa­gnie, entre 1940 et 1969.

Caserne des Ternes, 27 ave­nue Niel

Aper­ce­voir
Sur l’esplanade Georges Mar­rane, der­rière la mai­rie d’Ivry, se tient un mar­ché ouvert heb­do­ma­daire. C’est éga­le­ment l’emplacement choi­si par la com­mune pour y implan­ter un poste de pom­piers depuis la fin du XIXe siècle. Le bâti­ment se pré­sente sous la forme d’un long han­gar à colom­bage sans étage. Inté­grée à la zone de com­pé­tence du Régi­ment en 1940, la caserne d’Ivry est trans­fé­rée en 2014 dans une construc­tion moderne. Désor­mais, c’est une antenne de la Croix-Rouge qui occupe les lieux.

Acco­lée au théâtre muni­ci­pal de Saint-Denis, une annexe a, pen­dant 30 ans, fait office de caserne de pom­piers. En 1970, le PC de la 26e com­pa­gnie démé­nage sur le site du Fort de la Briche.

Ancien CS Ivry
Saint-Denis
Nogent-sur-Marne, hier…
… et aujourd’hui.

Trans­for­mer
Lors de l’extension de la zone de com­pé­tence à la tota­li­té de la petite cou­ronne en 1968, il a fal­lu par­fois ins­tal­ler des sapeurs-pom­piers en toute hâte… dans des habi­ta­tions. Ain­si, en ban­lieue, cer­taines casernes ne sont autres que des pavillons ou des immeubles trans­for­més. Puis, lors de leurs fer­me­tures, retrans­for­mées en habitations.

Par­fois, ces trans­for­ma­tions s’opèrent au sein d’espaces volu­mi­neux comme les gym­nases. à Nan­terre, en 1940, le gym­nase muni­ci­pal devient une caserne ; tan­dis qu’à Cli­chy-la-Garenne, l’ancienne caserne est deve­nue aujourd’hui un gymnase.

Nan­terre
Cli­chy-La-Garenne
Vil­le­cresnes
Vil­liers-sur-Marne
Sèvres

Réno­ver
Le manque d’espace urbain conju­gué à l’augmentation des moyens pom­piers ont entraî­né quelques trans­for­ma­tions, pro­fondes modi­fi­ca­tions ou véri­tables « lif­tings ». En effet, quatre casernes ont été entiè­re­ment recons­truites au même endroit. C’est le cas de Livry-Gar­gan (2014), Par­men­tier (2001), Mon­treuil (1996) et La Cour­neuve (1987). Héri­tée des pom­piers com­mu­naux en 1940, cette der­nière n’était plus adap­tée à la vie d’une caserne du XXIe siècle. L’enchevêtrement des bâti­ments laisse place à un îlot fonc­tion­nel à étages, d’un immeuble de loge­ments et d’une cour de manœuvres.

La Cour­neuve avant…
… et depuis !

S’étonner
Sur l’Île de la Cité, en plein cœur de Paris, se trouvent quatre hauts lieux his­to­riques : la cathé­drale Notre-Dame, l’hôpital Hôtel-Dieu, la Pré­fec­ture de police et le Palais de jus­tice. à l’extension de ce der­nier, un quar­tier entier est détruit, dont la caserne Sainte-Cha­pelle, le long du quai des Orfèvres. Jusqu’en 1907, le Régi­ment pos­sé­dait une caserne non loin de son état-major ins­tal­lé dans la Pré­fec­ture de police.

Se sou­ve­nir
On observe encore de nos jours un bâti­ment aban­don­né, rue Etienne Dolet à Pier­re­fitte, com­pre­nant sur sa façade l’inscription « sapeurs-pom­piers ». Entre 1940 et 1943, puis entre 1977 et 2018, cette caserne pro­tè­geait le sec­teur nord de la 26e com­pa­gnie. Par ailleurs, depuis 2018, une nou­velle caserne est implan­tée à la croi­sée de Pier­re­fitte et Stains

LE SAVIEZ-VOUS ?

Les casernes de Sévi­gné et de Vieux-Colom­bier sont les plus anciennes casernes encore en ser­vice. Des sapeurs-pom­piers y exercent depuis 1814 !


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