Web-série — Engagé volontairement dans le SDIS 33 avant d’intégrer la Brigade, le première classe Kévin Roth-Aujeau est affecté au centre de secours Poissy. Depuis bientôt deux ans, il intervient dans l’un des plus anciens arrondissements de Paris, un secteur riche en patrimoine et chargé d’histoire, sur lequel se trouve notamment la cathédrale Notre-Dame. Un environnement unique qui offre une grande variété d’interventions et dans lequel Kévin s’épanouit pleinement, marqué notamment par une opération de grande ampleur vécue le jour de ses 22 ans.
Bonjour Kévin, pourrais-tu te présenter ?
Bonjour, je suis le première classe Kévin Roth-Aujeau, j’ai 23 ans et je viens de Bordeaux. Avant de m’engager à la Brigade, j’ai obtenu un bac professionnel dans l’animation et la médiation. J’étais engagé comme JSP à Bordeaux, et après mes études, je suis devenu pompier volontaire au SDIS 33. C’est au cours de ce volontariat que j’ai compris que ce métier me passionnait et que je ne me voyais pas faire autre chose.
J’ai donc décidé de rejoindre ce que je considère comme la meilleure école possible : la BSPP. Ce n’était pas un hasard. Mon père est militaire dans un régiment parachutiste, et j’ai voulu allier cette culture militaire avec le métier de pompier.
J’ai eu de la chance en atterrissant au CS Poissy, il y a maintenant deux ans, car nous intervenons dans un quartier emblématique de Paris.
Quel est le premier aspect positif qui te vient en tête en pensant à ce CS ?
Le CS est une très bonne école pour les nouveaux sapeurs qui y sont affectés. On nous transmet beaucoup de connaissances et on nous guide pour devenir les plus performants possibles en intervention. Cette progression se fait dans la rigueur, mais aussi dans la bienveillance et la bonne humeur.
Quelles spécificités ou type d’inter’ pour ce secteur ?
Poissy défend majoritairement le Ve arrondissement. C’est un quartier très étudiant, avec notamment la faculté de la Sorbonne. On y retrouve le quartier Latin, les quais de Seine souvent animés — surtout l’été — et pour info, nous sommes le CS qui couvre le plus long réseau fluvial de Paris. On compte aussi de nombreux lieux d’intérêt, comme Notre-Dame, le Panthéon ou encore la Préfecture de police. C’est donc un secteur très attractif et touristique, mais qui, contrairement aux apparences, possède aussi une population locale vieillissante. Ce mélange rend la typologie des interventions très variée.
Quelle est l’intervention qui t’a le plus marqué dans ce CS ?
Elle est particulière : c’était ma cinquième garde, le jour de mes 22 ans. Le 21 juin, nous partons pour un feu avec explosion rue Saint-Jacques. Nous sommes le premier engin à nous présenter à l’adresse, et la première image que l’on découvre est comparable à une scène de guerre : deux bâtiments effondrés, une fuite de gaz enflammée, des voitures en feu…
À ce moment-là, je me suis concentré sur ce que j’avais appris et j’ai suivi les directives de mon chef d’équipe. Nous avons attaqué les flammes pendant qu’une autre équipe réalisait des sauvetages. Mon chef m’a ensuite demandé d’aller chercher des victimes qui nous appelaient depuis un bâtiment voisin et de les accompagner au point de rassemblement des victimes.
Après une quarantaine de minutes d’action de lance sur les flammes, nous avons entendu des gémissements sous les décombres. Il s’agissait d’une personne vivante, coincée sous une énorme pierre. Nous avons pu l’extraire, mais malheureusement, elle est décédée plusieurs semaines plus tard à l’hôpital.
C’est une intervention dont je me souviendrai toute ma vie, tant par l’intensité de l’engagement que par la gravité des faits. Ce genre d’opération reste rare.
Souvenir personnel/cohésion le plus marquant dans ce CS ?
À Poissy on suit énormément le football et le rugby. Donc chaque fois que la France joue, c’est un petit évènement assez fédérateur au CS. Tout le monde y prend part, les grades sont un peu mis de côté et ça permet de vivre des moments forts avec la garde.