UN POMPIER, UN CS — Kévin au CS Poissy

Raphaël Orlan­do —  — Modi­fiée le 6 juin 2025 à 10 h 19 

Web-série — Engagé volontairement dans le SDIS 33 avant d’intégrer la Brigade, le première classe Kévin Roth-Aujeau est affecté au centre de secours Poissy. Depuis bientôt deux ans, il intervient dans l’un des plus anciens arrondissements de Paris, un secteur riche en patrimoine et chargé d’histoire, sur lequel se trouve notamment la cathédrale Notre-Dame. Un environnement unique qui offre une grande variété d’interventions et dans lequel Kévin s’épanouit pleinement, marqué notamment par une opération de grande ampleur vécue le jour de ses 22 ans.

Bon­jour Kévin, pour­rais-tu te présenter ?

Bon­jour, je suis le pre­mière classe Kévin Roth-Aujeau, j’ai 23 ans et je viens de Bor­deaux. Avant de m’engager à la Bri­gade, j’ai obte­nu un bac pro­fes­sion­nel dans l’animation et la média­tion. J’étais enga­gé comme JSP à Bor­deaux, et après mes études, je suis deve­nu pom­pier volon­taire au SDIS 33. C’est au cours de ce volon­ta­riat que j’ai com­pris que ce métier me pas­sion­nait et que je ne me voyais pas faire autre chose.
J’ai donc déci­dé de rejoindre ce que je consi­dère comme la meilleure école pos­sible : la BSPP. Ce n’était pas un hasard. Mon père est mili­taire dans un régi­ment para­chu­tiste, et j’ai vou­lu allier cette culture mili­taire avec le métier de pompier.

J’ai eu de la chance en atter­ris­sant au CS Pois­sy, il y a main­te­nant deux ans, car nous inter­ve­nons dans un quar­tier emblé­ma­tique de Paris.

Quel est le pre­mier aspect posi­tif qui te vient en tête en pen­sant à ce CS ?

Le CS est une très bonne école pour les nou­veaux sapeurs qui y sont affec­tés. On nous trans­met beau­coup de connais­sances et on nous guide pour deve­nir les plus per­for­mants pos­sibles en inter­ven­tion. Cette pro­gres­sion se fait dans la rigueur, mais aus­si dans la bien­veillance et la bonne humeur.

Quelles spé­ci­fi­ci­tés ou type d’inter’ pour ce secteur ?

Pois­sy défend majo­ri­tai­re­ment le Ve arron­dis­se­ment. C’est un quar­tier très étu­diant, avec notam­ment la facul­té de la Sor­bonne. On y retrouve le quar­tier Latin, les quais de Seine sou­vent ani­més — sur­tout l’été — et pour info, nous sommes le CS qui couvre le plus long réseau flu­vial de Paris. On compte aus­si de nom­breux lieux d’intérêt, comme Notre-Dame, le Pan­théon ou encore la Pré­fec­ture de police. C’est donc un sec­teur très attrac­tif et tou­ris­tique, mais qui, contrai­re­ment aux appa­rences, pos­sède aus­si une popu­la­tion locale vieillis­sante. Ce mélange rend la typo­lo­gie des inter­ven­tions très variée.

Quelle est l’intervention qui t’a le plus mar­qué dans ce CS ?

Elle est par­ti­cu­lière : c’était ma cin­quième garde, le jour de mes 22 ans. Le 21 juin, nous par­tons pour un feu avec explo­sion rue Saint-Jacques. Nous sommes le pre­mier engin à nous pré­sen­ter à l’adresse, et la pre­mière image que l’on découvre est com­pa­rable à une scène de guerre : deux bâti­ments effon­drés, une fuite de gaz enflam­mée, des voi­tures en feu…
À ce moment-là, je me suis concen­tré sur ce que j’avais appris et j’ai sui­vi les direc­tives de mon chef d’équipe. Nous avons atta­qué les flammes pen­dant qu’une autre équipe réa­li­sait des sau­ve­tages. Mon chef m’a ensuite deman­dé d’aller cher­cher des vic­times qui nous appe­laient depuis un bâti­ment voi­sin et de les accom­pa­gner au point de ras­sem­ble­ment des vic­times.
Après une qua­ran­taine de minutes d’action de lance sur les flammes, nous avons enten­du des gémis­se­ments sous les décombres. Il s’agissait d’une per­sonne vivante, coin­cée sous une énorme pierre. Nous avons pu l’extraire, mais mal­heu­reu­se­ment, elle est décé­dée plu­sieurs semaines plus tard à l’hôpital.
C’est une inter­ven­tion dont je me sou­vien­drai toute ma vie, tant par l’intensité de l’engagement que par la gra­vi­té des faits. Ce genre d’opération reste rare.

Sou­ve­nir personnel/​cohésion le plus mar­quant dans ce CS ?

À Pois­sy on suit énor­mé­ment le foot­ball et le rug­by. Donc chaque fois que la France joue, c’est un petit évè­ne­ment assez fédé­ra­teur au CS. Tout le monde y prend part, les grades sont un peu mis de côté et ça per­met de vivre des moments forts avec la garde.


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