
Web-série — Originaire de Poitiers, le caporal-chef Mathéo Fouquereau est affecté depuis ses débuts à la caserne Plaisance, dans le 14e arrondissement de Paris. Très attaché à ce secteur, il partage son expérience au sein de la Brigade, entre service opérationnel et projets personnels.
Bonjour Mathéo, pourrais-tu te présenter ?
Salut, je suis le caporal-chef Mathéo Fouquereau. J’ai 23 ans, un peu plus de trois ans de service, et je suis affecté depuis mes débuts à la Brigade au centre de secours Plaisance.
À côté de ça, je vis près de Poitiers avec ma compagne. On vient d’acheter une maison qu’on rénove entièrement, de l’isolation à l’électricité. C’est beaucoup de travail, mais très satisfaisant : on construit notre chez-nous, pièce par pièce.
Je suis aussi pompier volontaire depuis longtemps… et un passionné de rugby !
Quel est le premier aspect positif qui te vient en tête en pensant à ce CS ?
Je pense tout de suite à l’infrastructure. On travaille dans un centre de secours historique de la BSPP, une belle caserne bien pensée. Et chaque été, on s’emploie à l’améliorer encore un peu plus pour qu’elle reste agréable à vivre et à y travailler.
Quelles spécificités ou type d’inter’ pour ce secteur ?
C’est un secteur très dynamique : on décale beaucoup, ce qui nous expose à une belle diversité d’interventions, que ce soit en secours à victime comme en incendie.
On est proches de la gare Montparnasse, qui accueille tout de même 86 millions de voyageurs par an. On couvre également une partie des boulevards des maréchaux, dont certains comportent des logements insalubres, plus sujets à des appels.
La petite particularité propre au secteur Plaisance : on dispose du plus grand nombre d’accès aux catacombes… et il nous arrive d’y intervenir.
Quelle est l’intervention qui t’a le plus marqué dans ce CS ?
Sans aucun doute, c’est une intervention se déroulant il y a un peu plus d’un an. J’étais encore caporal et de garde à l’engin-pompe. En début de soirée, nous sommes sonnés pour une « chute avec notion de hauteur ». En route, l’état-major nous informe que l’on est renforcé par une ambulance de réanimation et deux unités mobiles hospitalières (UHM). Rapidement, on comprend la gravité de l’intervention.
On arrive les premiers sur les lieux. Deux enfants viennent d’être défenestrés du 5e étage par leur père, qui a ensuite sauté à son tour. Le chef d’agrès, le temps de demander du renfort par radio, ordonne à chaque chef d’équipe de « commander » et d’assurer les premiers soins.
On constate rapidement le décès du père. Les enfants, eux, ont atterri sur une bande d’herbe au pied de l’immeuble, ce qui a sans doute amorti leur chute. Nous avons alors rapidement assuré leur prise en charge et effectué les premiers gestes, avant l’arrivée des équipes médicales.
C’est une intervention dramatique, mais heureusement les deux enfants s’en sortent. On a eu des nouvelles assez rapidement : ils sont blessés, bien-sûr, mais restent vivants. C’est une intervention que je ne suis pas près d’oublier.
Souvenir personnel/cohésion le plus marquant dans ce CS ?
Ce que je retiens surtout, ce sont les liens très forts qu’on tisse ici. Le rythme des gardes nous fait passer énormément de temps ensemble. C’est très différent du monde civil, mais c’est ce qui fait la richesse du métier.
Par exemple, je suis très proche du première classe Paulmier. Quand on est de garde ensemble, on partage absolument tout. Il fait désormais partie de mes amis proches, et je suis même invité à son mariage. À la Brigade, les collègues deviennent souvent des amis.