BELLE AVENTURE — Un défi pour Tim

Nicho­las Bady —  — Modi­fiée le 12 novembre 2022 à 10 h 55 

#BrigadeInside — Un défi pour Tim, ou l’extraordinaire volonté du caporal Timothé Bernardeau et de ses proches, de Paris à New York. Pour ALLO DIX-HUIT, Timothé livre son témoignage poignant, sur une incroyable aventure humaine dans les entrailles de la ville qui ne dort jamais.

“En mai 2018, je me suis bles­sé lors d’une repré­sen­ta­tion de gym­nas­tique au pro­fit d’enfants malades, rap­pelle Timo­thé. Et mal­heu­reu­se­ment, je suis deve­nu tétra­plé­gique à la suite de cet accident.

Alors par­ti­ci­per à la Tun­nel to Towers 5K Run de New York, c’est presque une renais­sance pour moi. Ce voyage à New York, “un défi pour Tim”, repré­sente tout par­ti­cu­liè­re­ment trois choses : d’abord, c’est le cou­rage de me rele­ver, la force de rebon­dir après l’accident. Ensuite, c’est la joie de par­ta­ger des émo­tions fortes avec mes frères d’armes et ma famille. Et enfin, c’est la fier­té de repré­sen­ter les cou­leurs de la bri­gade de sapeurs-pom­piers de Paris à tra­vers le monde.

Notre voyage a duré cinq jours, du 22 au 27 sep­tembre 2022. Nous étions 27, dont 20 pom­piers de Paris et 6 membres de ma famille, dont mes frères et mes neveux. L’objectif prin­ci­pal du voyage était de par­cou­rir les cinq kilo­mètres de la Tun­nel to Towers Run. Cette course mémo­rielle a lieu chaque année le der­nier dimanche de sep­tembre. Elle sym­bo­lise les der­niers pas de Ste­phen Siller, un pom­pier du FDNY qui s’est ren­du au World Trade Cen­ter lors des atten­tats du 11 sep­tembre 2001, alors qu’il n’était pas de garde. Des membres du FDNY ont rap­por­té que Ste­phen Siller est mon­té dans les tours. Mais il n’en est jamais ressorti.

À la fin de la course, nous sommes sor­tis du tun­nel sous les applau­dis­se­ments de dizaines, peut-être des cen­taines de per­sonnes. Il y avait des pom­piers et des poli­ciers de tous les États-Unis. C’était très émou­vant et ils étaient émus de voir des pom­piers fran­çais par­ti­ci­per à cette course… Aux États-Unis, les gens sont très patriotes. Ils res­pectent énor­mé­ment les pom­piers, les poli­ciers et les mili­taires. Il fai­sait beau, c’était vrai­ment une belle jour­née. J’ai aus­si été mar­qué par la faci­li­té des échanges entre les pom­piers du FDNY et les pom­piers de Paris.

En plus de la Tun­nel to Towers Run, nous avons pu visi­ter un peu New York… Notam­ment le mémo­rial du 11 sep­tembre, mais aus­si la Fire Aca­de­my du FDNY, la caserne du quar­tier de Hell’s Kit­chen ou encore Cen­tral Park… Je connais­sais déjà cer­tains endroits, car j’étais à New York en 2017 pour cou­rir le mara­thon. Alors reve­nir ici, plu­sieurs années après mon acci­dent, cela a beau­coup de sens pour moi. Ce deuxième voyage à New York m’a aidé à me relever. »

TROIS QUESTIONS À…
L’ADJUDANT BENJAMIN GUY

CHEF DU GROUPE DE GYMNASTIQUE DE LA BSPP

Com­ment est née l’idée de ce voyage ?

À l’automne 2019, je reçois un appel du capi­taine Jean-Bap­tiste Repain, à l’époque com­man­dant d’unité de la 11e com­pa­gnie d’incendie et de secours. En contact avec les frères Nau­det, Jules et Gédéon, réa­li­sa­teurs des repor­tages « New-York : 11 sep­tembre » et « 13 novembre : Fluc­tuat Nec Mer­gi­tur », ils ont évo­qué cette magni­fique course mémo­rielle qui a immé­dia­te­ment séduit le capi­taine.
Je sens toute sa déter­mi­na­tion, qu’il me trans­met tout de suite… On emmè­ne­ra Timo­thé et ses frères d’armes, les plus proches, ceux de son centre de secours de Sévi­gné et ceux du groupe de gym­nas­tique des sapeurs-pom­piers de Paris ! Son der­nier exploit spor­tif en tant que valide était le mara­thon de New York, nous le ramè­ne­rons là-bas pour cou­rir de nou­veau : « Un défi pour Tim » est né !

Com­ment avez-vous géré la logis­tique ?
Une fois le défi lan­cé, une mon­tagne s’élevait devant nous ! Il fal­lait pré­sen­ter le pro­jet au com­man­de­ment afin qu’il soit vali­dé, lever les fonds néces­saires, orga­ni­ser le voyage, entraî­ner Tim, convaincre le corps médi­cal…
Une fois la liste des par­ti­ci­pants déter­mi­née, nous avons fait une réunion en février 2020, afin de déter­mi­ner les tâches de cha­cun. Il était conve­nu que sous la direc­tion de Timo­thé, maître d’œuvre du pro­jet, nous ayons tous une ou plu­sieurs mis­sions attri­buées que nous devions rem­plir avec des échéances (vols, hôtels, ins­crip­tions à la course, pro­grammes, par­te­naires, etc.).
Sou­te­nu par le lieu­te­nant-colo­nel de Bli­gnières et vali­dé par le géné­ral Gal­let, le pro­jet sem­blait se pré­sen­ter sous les meilleurs aus­pices… Mal­heu­reu­se­ment, c’était sans comp­ter sur la crise sani­taire. Ces longs mois de confi­ne­ments et de res­tric­tions auront impo­sé de nom­breux reports.
Mais per­sonne n’a lâché ! Sou­te­nus juri­di­que­ment par l’ASASPP et gui­dé par le lieu­te­nant-colo­nel Gue­nan­ten, nous avons été géné­reu­se­ment aidés par de nom­breuses per­sonnes, familles, amis, frères d’armes et asso­cia­tions dont notam­ment Les Gueules Cas­sées, Qui ose gagne, la Bat­te­rie Fan­fare des sapeurs-pom­piers de Bous­sac, OAF-GLNF, Terre Fra­ter­ni­té, Un sou­rire un espoir pour la vie, MME-NATERME, TEGO ou encore Soli­da­ri­té Défense.
L’une des étapes les plus stres­santes a été le vol. Le trans­fert du fau­teuil à sa place a été géré par ses cama­rades. L’ensemble du per­son­nel de bord a mon­tré beau­coup de sol­li­ci­tude envers Tim et son groupe, et fina­le­ment tout s’est bien pas­sé ! Le voyage aller a été ponc­tué par des encou­ra­ge­ments du pilote en annonce micro et au retour par des féli­ci­ta­tions… C’était génial !

Quel(s) souvenir(s) gar­de­rez-vous de ce voyage ?
Nous avons eu accès à des visites et des échanges excep­tion­nels avec les pom­piers du FDNY. Nous étions en immer­sion totale. C’était réel­le­ment un grand plai­sir de voir l’ensemble du groupe décou­vrir, s’émerveiller devant la gran­deur de cette ville et de son corps de pom­piers.
Néan­moins, si je devais gar­der un seul sou­ve­nir de ce voyage, ce serait le départ de la course… J’ai pu res­sen­tir l’émotion et la fier­té de Tim, de sa famille, de ses cama­rades. La fra­ter­ni­té qui s’est immé­dia­te­ment ins­tau­rée avec les pom­piers locaux, qui venaient cou­rir pour leurs frères d’armes défunts, morts au feu ce tra­gique 11 sep­tembre 2001. Au départ de la course, j’étais légè­re­ment en retrait du groupe et j’ai fait quelques cen­taines de mètres seul, avec un sen­ti­ment fort du tra­vail accom­pli par toute cette équipe ! Le seul bémol de ce « Défi pour Tim », c’est l’absence for­cée de son ins­ti­ga­teur, le capi­taine Repain. Sans lui, il n’y aurait pas eu de défi.
Je tra­vaille de nou­veau très régu­liè­re­ment avec Timo­thé, dans le cadre des pres­ta­tions du groupe de gym­nas­tique et mesure la rési­lience et la grande force de carac­tère dont il fait preuve depuis le 19 mai 2018. Il est un ambas­sa­deur pour la Bri­gade et j’ai un pro­fond res­pect et une grande fierté


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