MORTS POUR LA FRANCE EN OPEX – Un monument méconnu

La rédac­tion Allo18 —  — Modi­fiée le 29 novembre 2022 à 02 h 59 

Planète Brigade — Le monument aux morts pour la France en opérations extérieures est un mémorial inauguré en 2019 dans le jardin Eugénie-Djendi, parc André Citroën dans le XVe arr.. Dans le cadre du 170e anniversaire de la création de la médaille militaire, le jeudi 17 novembre 2022 à 9 heures, notre section des médaillés militaires pompiers de Paris, actifs et retraités, a participé à cette commémoration avec dépôt de gerbe de la SNEMM sous la présidence de Madame Patricia Miralles, secrétaire d’État auprès du ministre des Armées, chargée des Anciens combattants et de la Mémoire.

Le monu­ment est impres­sion­nant. Six sol­dats ano­nymes (cinq hommes et une femme) portent un cer­cueil invi­sible. Les sta­tues de sol­dats, réa­li­sées en bronze, sont à taille réelle, fixées à même le sol, l’un d’eux est de type poly­né­sien. Les dif­fé­rentes coiffes en usage dans les forces armées sont repré­sen­tées : cas­quette, calot, képi, béret, bâchi et tricorne.

La sculp­ture a été réa­li­sée par l’a­gence Pièces-mon­tées et l’artiste Sté­phane Vigny, à l’o­ri­gine du pro­jet. Cette sym­bo­lique reprend l’esprit d’un sol­dat incon­nu, bien qu’ici les noms soient connus et gra­vés sur plaques à l’exception des mili­taires des ser­vices spé­cia­li­sés de ren­sei­gne­ments morts pour la France en opé­ra­tions exté­rieures, regrou­pés sous cette seule expres­sion. Beau­coup par­mi les par­ti­ci­pants de cette céré­mo­nie ont décou­vert avec émo­tion ce monument.

Il est donc situé dans le parc André Citroën, inau­gu­ré en 1992, 2 rue Cau­chy dans le XVe arr., sur l’emplacement de l’ancienne usine pari­sienne de Citroën. Le monu­ment aux morts du jar­din Eugé­nie-Djen­di honore la mémoire des sol­dats morts pour la France en opé­ra­tions exté­rieures. Le Jour­nal offi­ciel du same­di 7 décembre 2019 fixant la liste des hauts lieux de la mémoire natio­nale du minis­tère des Armées en ajoute son nom, au même titre que le Mont Valé­rien, le mémo­rial des mar­tyrs de la Dépor­ta­tion dans l’Ile de la Cité ou l’ancien camp de concen­tra­tion de Natzweiler-Struthof…

Une nais­sance difficile

Sa réa­li­sa­tion et son empla­ce­ment ont été un par­cours du… com­bat­tant ! Nous sommes en France et la poli­tique n’est jamais très loin. Le pro­jet d’un monu­ment ren­dant hom­mage aux sol­dats morts en opé­ra­tions exté­rieures a été confié en 2011 au géné­ral Tho­rette, alors CEMAT. Le pro­jet pré­voyait une loca­li­sa­tion du monu­ment près des Inva­lides (place Vau­ban), mais le refus de la maire du VIIe arr. et de l’architecte des bâti­ments de France, ont per­tur­bé le plan ini­tial. Les familles des sol­dats vic­times ont vu, sou­vent avec conster­na­tion, le pro­jet décrié, dépla­cé, repoussé…mais heu­reu­se­ment jamais aban­don­né. Après de nom­breuses péri­pé­ties poli­ti­co-éco­no­mi­co-juri­diques, l’i­nau­gu­ra­tion n’a donc pas eu lieu, comme pré­vu le 11 novembre 2018 pour le cen­te­naire de l’Ar­mis­tice, mais bien, un an plus tard, le 11 novembre 2019 par le pré­sident Macron.

Un empla­ce­ment, for­te­ment sym­bo­lique puisque la sous-lieu­te­nant Eugé­nie Mali­ka Manon Djen­di, dont le jar­din porte le nom, avait 20 ans quand elle s’est por­tée volon­taire pour être para­chu­tée en France en avril 1944. Arrê­tée par la police, elle sera ensuite dépor­tée au camp de Ravens­brück avant d’y être exé­cu­tée. Un des­tin incroyable, pour une com­bat­tante pour­tant lon­gue­ment oubliée par la mémoire collective.

Pour l’inauguration, les noms de 549 mili­taires (2 femmes, 547 hommes) morts en opé­ra­tions exté­rieures depuis 1963 ont été gra­vés sur un mur com­por­tant 37 plaques en lai­ton. Les noms des mili­taires sont regrou­pés par théâtres d’o­pé­ra­tions (17 au jour de l’i­nau­gu­ra­tion), puis clas­sés par date de décès. Un l’es­pace est lais­sé libre pour gra­ver d’autres futures vic­times d’OPEX en cours et futures.

Cette his­toire est rédi­gée en leur hon­neur et per­met­tra à cha­cun d’entre nous, pré­sent à un moment ou un autre, d’en être impré­gnée. Nous savons ce que repré­sente pour nous, pom­piers de Paris, un tel mémorial.

Patrice Havard, pré­sident hono­raire de la section.

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