PERSPECTIVES : La Brigade face aux enjeux de demain

Grands formats — Quels sont les risques, quelles sont les menaces qui pèseront demain sur la sécurité des personnes et des biens auxquels devra faire face la BSPP ? Pour répondre à cette question, le schéma interdépartemental d’analyse et de couverture des risques (SIDACR) est élaboré et révisé, sous l’autorité du préfet de Police, par le général commandant la brigade de sapeurs-pompiers de Paris. Il détermine les objectifs de couverture de ces risques, en définissant les enjeux et leurs lignes directrices pour aujourd’hui et pour demain.

La rédac­tion Allo18 —  — Modi­fiée le 7 mai 2021 à 04 h 36 

L’environnement et le contexte

Ce SIDACR repré­sente la tra­duc­tion adap­tée à la BSPP, de l’article L1424‑7 du Code géné­ral des col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­riales, qui défi­nit le sché­ma dépar­te­men­tal d’analyse et de cou­ver­ture des risques (SDACR).
N’échappant pas à la règle s’appliquant aux autres ser­vices d’incendie et de secours, la BSPP doit cepen­dant inté­grer une spé­ci­fi­ci­té sup­plé­men­taire : sa com­pé­tence s’étend sur quatre dépar­te­ments et sur les pla­te­formes aéro­por­tuaires de Rois­sy-Charles-de-Gaulle, d’Orly et du Bour­get, situées en par­tie hors de la zone de com­pé­tence tra­di­tion­nelle. Rédi­gé pour la pre­mière fois en 2007, ce SIDACR pla­ni­fie sur cinq ans, la réponse opé­ra­tion­nelle de la BSPP sur ses zones d’actions. Ce docu­ment doit per­mettre à la Bri­gade de décrire et d’expliquer l’organisation de sa réponse, ain­si que la nature de sa réflexion stra­té­gique, per­pé­tuel­le­ment renouvelée.

Le contexte du SIDACR 2017 – 2022
Seul ser­vice inter­dé­par­te­men­tal d’incendie et de secours de France, la BSPP défend un sec­teur d’une super­fi­cie de 800 km², au pro­fit d’une popu­la­tion forte de près de sept mil­lions d’habitants, aux­quels viennent s’ajouter quo­ti­dien­ne­ment deux mil­lions de Fran­ci­liens, et chaque année, vingt-cinq mil­lions de tou­ristes.
Avec 8 555 hommes et femmes, dont 557 tra­vaillant en affec­ta­tion tem­po­raire auprès d’autres orga­nismes dans le cadre de conven­tions, la Bri­gade est le plus grand corps de sapeurs-pom­piers en Europe et le troi­sième dans le monde, der­rière New-York et Tokyo.
Dans une conjonc­ture éco­no­mique dif­fi­cile, où l’exigence de ratio­na­li­sa­tion des dépenses est omni­pré­sente, et dans un contexte social dégra­dé, la BSPP s’attache, sous les ordres du pré­fet de police, à répondre au besoin légi­time de sécu­ri­té. Pour cela, elle opti­mise l’ensemble de ses pro­cé­dures et de ses res­sources, tant en per­son­nel qu’en équi­pe­ments et en infra­struc­tures. La res­source humaine doit être conso­li­dée pour l’ensemble de ses fonc­tions d’appuis et de sou­tiens opé­ra­tion­nels afin de se pré­pa­rer à affron­ter les défis annoncés :

  • l’accroissement des acti­vi­tés liées au secours à personne ;
  • la rela­tive sta­bi­li­té numé­rique des incendies ;
  • les enjeux du Grand Paris ;
  • la menace dura­ble­ment pré­gnante des atten­tats terroristes.

Confron­tée à une per­ma­nente évo­lu­tion de son sec­teur d’opérations, la BSPP actua­lise chaque année sa réponse opé­ra­tion­nelle. Le pré­sent SIDACR a pour objec­tif prin­ci­pal de décrire le modèle actuel­le­ment en place, en sou­li­gnant sa juste suf­fi­sance qui légi­time le déve­lop­pe­ment dans les années à venir des outils per­met­tant de conce­voir une base inno­vante, afin de tenir compte des défis futurs, tels que le Grand Paris et les JO de 2024.

L’analyse des risques

L’étude des risques cou­rants se base essen­tiel­le­ment sur une ana­lyse sta­tis­tique de l’activité opé­ra­tion­nelle de la BSPP. Elle per­met d’ajuster les moyens opé­ra­tion­nels cou­rants (loca­li­sa­tion, nature et nombre) en fonc­tion d’objectifs de cou­ver­ture clai­re­ment défi­nis. Les risques cou­rants sont carac­té­ri­sés par une pro­ba­bi­li­té d’occurrence éle­vée et de faible gravité.

Repartition des interventions BSPP

L’incendie

Le nombre d’incendies reste par­ti­cu­liè­re­ment stable, aux alen­tours de 13 500 par an. Par­mi eux 48 % concernent la voie publique, et plus pré­ci­sé­ment des véhi­cules, des pou­belles ou du mobi­lier urbain. L’analyse doit donc pon­dé­rer ce type d’incendies. Carac­té­ris­tique : ces feux sont peu consom­ma­teurs en per­son­nel et en maté­riel, contrai­re­ment à ceux tou­chant les bâti­ments. Les efforts conduits en matière de régle­men­ta­tion contre les risques d’incendie et de panique en habi­ta­tion et en ERP ont sans nul doute des effets sur la nature des incen­dies, ou encore la limi­ta­tion des dégâts occa­sion­nés. Mais fina­le­ment ils impactent assez peu le nombre glo­bal et l’occurrence.
La mise aux normes des bâti­ments sera pro­gres­sive et étroi­te­ment dépen­dante de l’activité éco­no­mique. De plus, les moyens consa­crés au contrôle de l’application de cette régle­men­ta­tion res­tent limi­tés. Enfin, le nombre d’incendies majeurs ou impor­tants, c’est-à-dire ceux qui néces­sitent des moyens supé­rieurs à l’engagement nomi­nal de deux engins-pompe, d’un moyen élé­va­teur aérien et de la ven­ti­la­tion opé­ra­tion­nelle, reste éga­le­ment stable.
Ce carac­tère rela­ti­ve­ment homo­gène des incen­dies per­met de construire une cou­ver­ture opé­ra­tion­nelle rela­ti­ve­ment pérenne et sans rup­ture majeure en matière de tech­niques d’attaque. Tou­te­fois, les chan­ge­ments sus­cep­tibles d’intervenir dans la régle­men­ta­tion, notam­ment sur le temps de tra­vail et la sécu­ri­té des équipes enga­gées, pour­raient conduire à un redi­men­sion­ne­ment des moyens à y consacrer.

40 ave­nue de Paris à Noisy-le-Sec

Le secours à victime

L’analyse du SIDACR implique toute inter­ven­tion sur laquelle une vic­time est pré­sente, que la cause de la détresse soit exo­gène (acci­dent) ou endo­gène (mala­die). Ces inter­ven­tions, médi­ca­li­sées ou non, repré­sentent, tant en nombre qu’en temps consa­cré à l’opération, le cœur de l’activité. À la dif­fé­rence des incen­dies, la ten­dance est à la hausse (plus de 2 % par an). Elle néces­site donc un sui­vi par­ti­cu­lier et une adap­ta­tion per­ma­nente de la cou­ver­ture opé­ra­tion­nelle, en étroite col­la­bo­ra­tion avec d’autres acteurs comme l’Agence régio­nale de san­té (ARS), les ser­vices d’aide médi­cale urgente (SAMU) ou la per­ma­nence des soins (hôpi­taux, méde­cins de ville, trans­ports sani­taires, etc).
Si les méca­nismes qui pré­valent à cette évo­lu­tion ne sont pas encore par­fai­te­ment connus, cer­tains doivent cepen­dant faire l’objet d’une atten­tion particulière :

  • le rap­port entre la popu­la­tion défen­due (rési­dente ou non) et le nombre d’interventions ;
  • le niveau de vie et la sol­li­ci­ta­tion des ser­vices d’incendie et de secours (de pré­fé­rence aux acteurs pri­vés de la per­ma­nence des soins) ;
  • les consé­quences de l’implantation de zones com­mer­ciales ou de bureaux sur l’activité opé­ra­tion­nelle dans ce domaine ;
  • les modes de transport.

Il convient en outre de sou­li­gner que cer­taines de ces inter­ven­tions sont struc­tu­relles : elles reflètent la tra­duc­tion sta­tis­tique de l’évolution d’une inter­ven­tion clas­sique vers une inter­ven­tion rele­vant d’un autre ser­vice public :

  • les assis­tances à personne ;
  • les faits d’animaux ;
  • la pro­tec­tion des biens et les pollutions ;
  • les inter­ven­tions concer­nant l’eau, le gaz et l’électricité.
Secours à personne à la Gare de Lyon

Les risques particuliers

L’étude des risques par­ti­cu­liers se base sur une approche déter­mi­niste, consis­tant à recen­ser les évé­ne­ments pou­vant conduire à un acci­dent grave tou­chant l’environnement. Cette approche doit per­mettre de main­te­nir les risques à des niveaux accep­tables, grâce à la per­for­mance des équi­pe­ments choi­sis et à l’optimisation des déci­sions orga­ni­sa­tion­nelles. Contrai­re­ment aux risques cou­rants, les risques par­ti­cu­liers sont carac­té­ri­sés par une pro­ba­bi­li­té d’occurrence faible mais aux effets impor­tants. Qu’ils soient à effets limi­tés ou majeurs, ils recouvrent quatre grands domaines.

Les risques natu­rels portent prin­ci­pa­le­ment sur les inon­da­tions, les mou­ve­ments géo­lo­giques et les acci­dents climatiques.

Les risques tech­no­lo­giques sont uni­que­ment engen­drés par l’homme, en par­ti­cu­lier à tra­vers la pro­duc­tion indus­trielle directe, la domes­ti­ca­tion des res­sources éner­gé­tiques natu­relles, leur trans­for­ma­tion ou encore leur trans­port. Les consé­quences en sont les risques d’incendie, d’explosion et de pol­lu­tion, chi­mique ou radiologique.

Les risques sani­taires, extrê­me­ment sen­sibles sur le plan média­tique, imposent une mise en œuvre du prin­cipe de pré­cau­tion. Qu’il s’agisse d’une pan­dé­mie grip­pale ou d’une pol­lu­tion des eaux de consom­ma­tion, le phé­no­mène dépasse lar­ge­ment le domaine de com­pé­tence de la BSPP, qui ne peut ins­crire son action que dans celle ini­tiée par le minis­tère en charge de la santé.

Les risques sociaux sont comme toutes les grandes villes qui accueillent des centres de pou­voir impor­tants, Paris est le siège de nom­breuses mani­fes­ta­tions spon­ta­nées ou pro­gram­mées (Saint-Syl­vestre, défi­lé du 14 juillet, Tour de France…).

La menace terroriste

Le niveau de menace reste signi­fi­ca­ti­ve­ment éle­vé. Le recours à des modes d’actions de plus en plus variés et vio­lents, en appli­ca­tion d’une doc­trine glo­bale de conquête, font du ter­ro­risme inter­na­tio­nal une menace dif­fi­cile à contrer. Cette évo­lu­tion de la menace, qui induit des effets poten­tiels de désta­bi­li­sa­tion extrê­me­ment grave sur la socié­té, doit être prise en compte dès main­te­nant, dans la réponse opé­ra­tion­nelle.
Sur le sec­teur qu’elle défend, les cibles poten­tielles sont mul­tiples telles les zones de grandes affluences (gares, aéro­ports, centres com­mer­ciaux, stades, musées…), les lieux sym­bo­liques (bâti­ments ins­ti­tu­tion­nels, ambas­sades, hôpi­taux, sièges sociaux des grandes entre­prises…), ou encore les sites stra­té­giques (infra­struc­tures de trans­ports, d’énergie, de com­mu­ni­ca­tion…). Indé­pen­dam­ment de sa cause (conven­tion­nelle ou de type NRBC), les consé­quences d’un atten­tat ter­ro­riste sont simi­laires à celle d’un évé­ne­ment catas­tro­phique géné­rant de nom­breuses vic­times, ou d’un acci­dent tech­no­lo­gique. L’attentat se dis­tingue cepen­dant par ses impacts en termes socié­taux (psy­chose) et par la menace qu’il conti­nue de faire peser pour les ser­vices de secours (risque de sur-atten­tat). Il impose donc une réponse adap­tée et pré­pa­rée (pla­ni­fi­ca­tion et pré­pa­ra­tion opérationnelle).

Adapter les moyens de couverture aux risques

Le sec­teur de com­pé­tence de la Bri­gade offre une diver­si­té des risques com­pa­rable à celle des autres dépar­te­ments fran­çais.
Les risques cou­rants et par­ti­cu­liers se confondent géo­gra­phi­que­ment mais ne s’analysent pas selon les mêmes méthodes : sta­tis­tique pour l’une, déter­mi­niste pour l’autre.
Dans un cadre éco­no­mique contraint, il devient essen­tiel d’élaborer une réponse opé­ra­tion­nelle cohé­rente et adap­tée, apte à enga­ger les moyens néces­saires dans les délais com­pa­tibles avec l’urgence réelle.
Par ailleurs, si le sta­tut géné­ral des mili­taires n’intègre pas la notion du temps de tra­vail, ni la ges­tion comp­table de celui-ci, il convient, pour la sécu­ri­té des vic­times et des sau­ve­teurs, de pré­ser­ver les capa­ci­tés phy­sio­lo­giques d’engagement du sapeur-pom­pier de Paris. Ain­si, à une ana­lyse stric­te­ment numé­rique des sor­ties de véhi­cules, doit se sub­sti­tuer, dans les années à venir, un dis­po­si­tif construit sur les durées d’engagement des équi­pages. Gage de cohé­rence et de sécu­ri­té, cela démon­tre­ra la néces­si­té de répar­tir la charge opé­ra­tion­nelle sur l’ensemble des acteurs de secours, tout en per­met­tant une grande réac­ti­vi­té face aux évé­ne­ments par­ti­cu­liers.
Bien enten­du, outre l’adéquation des moyens de cou­ver­ture des risques cou­rants et par­ti­cu­liers, le prin­cipe de cou­ver­ture des risques s’appuie sur des piliers fon­da­men­taux, carac­té­ri­sés par :

  • la prévention ;
  • la pré­vi­sion opérationnelle ;
  • la planification ;
  • les sta­tis­tiques d’intervention ;
  • le retour d’expérience (RETEX).

La BSPP a assu­ré plus de 500 000 inter­ven­tions en 2017, dont 81,6 % de SUAP.

Les enjeux futurs pour la BSPP

La lutte contre l’inexorable ten­dance à la hausse du secours d’urgence à per­sonnes
On constate une hausse expo­nen­tielle des secours d’urgence à per­sonnes (SUAP) sur la zone défen­due par la BSPP qui aura imman­qua­ble­ment dans les années à venir des inci­dences sur la cou­ver­ture opé­ra­tion­nelle.
La BSPP a assu­ré plus de 500 000 inter­ven­tions en 2017, dont 81,6 % de SUAP. La lutte contre le feu (2,8 %) reste la mis­sion « exclu­sive » du sapeur-pom­pier de Paris, mais ce cœur de métier his­to­rique est aujourd’hui relayé à un second plan qui quan­ti­ta­ti­ve­ment par le SAV, qui consti­tue désor­mais l’activité essentielle.

Les fac­teurs expli­ca­tifs de la hausse du SUAP
L’augmentation de la popu­la­tion ces der­nières années per­met d’expliquer en par­tie cette hausse conti­nue. De plus, selon une étude de l’INSEE, d’ici 2030, 600 000 rési­dents sup­plé­men­taires sont atten­dus sur le sec­teur de la BSPP. Cette hausse pré­vi­sible entraî­ne­ra un sur­plus cor­ré­lé d’interventions proche des 50 000 à l’horizon 2030 – 2035.
Mais d’autres fac­teurs exo­gènes peuvent expli­quer la hausse constante des SUAP

  • le vieillis­se­ment de la population ;
  • le déve­lop­pe­ment des soins ambu­la­toires et du main­tien à domi­cile, qui génère méca­ni­que­ment une hausse des trans­ports vers les urgences, lorsqu’une com­pli­ca­tion inter­vient à domi­cile plu­tôt qu’à l’hôpital ;
  • une moindre rési­lience de la popu­la­tion qui recourt aux soins dès la pre­mière inquiétude ;
  • la recherche du risque zéro et du zéro conten­tieux par le corps médi­cal qui amène à pré­fé­rer la réponse maximale ;
  • la hausse de la pré­ca­ri­té et un mau­vais accès aux soins ;
  • la hausse de la popu­la­tion en transit.
tableau du nombre d'interventions depuis 1978

Le Grand Paris
Le Grand Paris tra­duit un pro­jet visant à trans­for­mer l’agglomération pari­sienne en une grande métro­pole moderne à l’image du XXIe siècle. Il doit per­mettre à la région de riva­li­ser notam­ment avec New York, Londres et Tokyo, en amé­lio­rant le cadre de vie des habi­tants, en cor­ri­geant les inéga­li­tés ter­ri­to­riales et en construi­sant une ville durable. La métro­pole du Grand Paris (MGP) se sub­di­vise en onze struc­tures admi­nis­tra­tives ayant le sta­tut d’établissement public de coopé­ra­tion inter­com­mu­nale, dénom­mé « éta­blis­se­ment public ter­ri­to­rial » (EPT). Ces onze EPT regroupent les 123 com­munes des trois dépar­te­ments des Hauts-de-Seine, de la Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne, ain­si que sept com­munes des dépar­te­ments limi­trophes de l’Essonne (Athis-Mons, Juvi­sy-sur-Orge, Moran­gis, Paray-Vieille-Poste, Savi­gny-sur-Orge, Viry-Châ­tillon) et du Val d’Oise (Argen­teuil), soit au total sept mil­lions d’habitants.
Direc­te­ment liés, les trans­ports en com­mun repré­sentent un volet essen­tiel du Grand Paris. Avec 8,5 mil­lions de voya­geurs chaque jour en Île-de-France, la moder­ni­sa­tion et l’extension du réseau appa­raissent indis­pen­sables pour répondre aux besoins de mobi­li­té des Fran­ci­liens. Ce chan­tier, pilo­té par la Socié­té du Grand Paris, devrait s’achever à l’horizon 2030.
Cette évo­lu­tion, dou­blée de vastes pro­jets urbains autour des nou­velles gares du Grand Paris Express, aura imman­qua­ble­ment des inci­dences sur la cou­ver­ture opé­ra­tion­nelle de la BSPP.

La crise migra­toire
La France, direc­te­ment tou­chée par cette crise migra­toire, a vu se déve­lop­per ces der­nières années de nom­breux cam­pe­ments aux condi­tions de vie très pré­caires, notam­ment sur la zone défen­due par la BSPP. De par leur ampleur et leur per­sis­tance, ces camps auront, eux aus­si imman­qua­ble­ment, des inci­dences sur la cou­ver­ture opérationnelle.

Les quar­tiers en dif­fi­cul­té
La zone défen­due par la BSPP compte 146 quar­tiers prio­ri­taires. Aujourd’hui, 992 000 habi­tants du sec­teur Bri­gade vivent dans un « quar­tier prio­ri­taire de la ville » (QPV), soit 14,7 % de la popu­la­tion totale de Paris et des trois dépar­te­ments de la petite cou­ronne (contre 13 % au niveau natio­nal et 8 % en France métro­po­li­taine).
Les inter­ven­tions de la BSPP dans les QPV sont récur­rentes pour les feux de pou­belles, de mobi­liers urbains et les feux de véhi­cules sur la voie publique. De plus, à l’instar des évé­ne­ments de 2005, des flam­bées de vio­lence peuvent sur­ve­nir pério­di­que­ment dans ces quar­tiers, met­tant les moyens de la BSPP à rude épreuve.

L’extension des aéro­ports de Paris
La socié­té Aéro­ports de Paris (ADP) est l’unique ges­tion­naire des trois aéro­ports d’Île-de-France. Dans son plan Connect 2020, elle envi­sage une crois­sance du tra­fic pas­sa­ger de 2,5 % en moyenne par an entre 2016 et 2020. L’objectif est de faire de Paris-Charles de Gaulle (PCDG) le pre­mier aéro­port inter­na­tio­nal d’Europe, tout en conti­nuant à déve­lop­per Orly, pour atteindre 107,5 mil­lions de pas­sa­gers en 2020 contre 101,5 en 2017.

L’aéroport Paris-Charles de Gaulle
Dans ce plan ADP 2016 – 2020, le but est de déve­lop­per le hub inter­na­tio­nal pour accueillir plus de pas­sa­gers. De faire du ter­mi­nal 1, une liai­son inter-satel­li­taire, de modi­fier le ter­mi­nal 2B et la liai­son de bus directs pour accueillir 80 mil­lions de pas­sa­gers. Cepen­dant pour 2024 et les JO, le CDG EXPRESS sera en liai­son directe avec Paris-CDG. Le chan­tier sui­vant sera le déve­lop­pe­ment par étape d’un futur ter­mi­nal 4. à plus long terme, avec le ter­mi­nal 4 et le CDG express, le Car­go Rail EXpress (CAREX) devrait voir le jour avec pour objec­tif de struc­tu­rer un trans­port de fret par TGV entre métro­poles et aéro­ports européens.

L’aéroport Paris-Orly
Situé à dix kilo­mètres au sud de Paris, l’aéroport de Paris-Orly est implan­té sur 1 540 hec­tares. Il est spé­cia­li­sé dans le tra­fic « point à point » sur les des­ti­na­tions métro­po­li­taines, l’Europe, la Médi­ter­ra­née et l’Outre-mer. Il est doté de deux aéro­gares de pas­sa­gers dont la fré­quen­ta­tion a atteint 31,3 mil­lions de pas­sa­gers en 2016 (hausse de 5,3 %). La pla­te­forme d’Orly repré­sente le deuxième aéro­port fran­çais et le dou­zième aéro­port euro­péen. Il contri­bue à la créa­tion de près de 25 000 emplois directs.
Afin de moder­ni­ser et de restruc­tu­rer l’aéroport de Paris-Orly, des tra­vaux sont en cours :

  • agran­dis­se­ment du Ter­mi­nal Sud (bâti­ment de 50 000 m² dont l’instruction est en cours, livrai­son pré­vue 2019) ;
  • exten­sion de la jetée Est de l’aérogare Sud Orly ;
  • créa­tion d’un bâti­ment de jonc­tion entre les deux aéro­gares (25 000 m² sur quatre niveaux, 1 600 mètres de long, com­merces, salons, salles d’embarquement ;
  • déve­lop­pe­ment de « cœur d’Orly » (40 bou­tiques, trois hôtels, bureaux, livrai­son pré­vue 2020).

L’aéroport Paris-Le Bour­get
Implan­té sur 553 hec­tares à sept kilo­mètres au nord de Paris, l’aéroport de Paris-Le Bour­get est le pre­mier aéro­port d’affaires en Europe. Avec ses trois pistes et ses aires de sta­tion­ne­ment, il peut accueillir tous types d’avions, jusqu’à l’Airbus A380. Ain­si, une tren­taine de bâti­ments y accueillent près de 100 entre­prises de main­te­nance, d’équipements, d’aménagements d’avions et de ser­vices aéroportuaires.

La base aérienne d’Issy-les-Moulineaux
Située aux abords du péri­phé­rique à Issy-les-Mou­li­neaux (92), l’héliport sert de base héli­co­ptère pour la Sécu­ri­té Civile de Paris. Deux Euro­cop­ter EC145 opèrent sur Paris, ses trois dépar­te­ments limi­trophes, et par­fois en Seine-et-Marne. On y trouve éga­le­ment les bureaux et la salle de com­man­de­ment des héli­co­ptères de la Sécu­ri­té Civile.
Le contexte actuel de mon­tée en puis­sance signi­fi­ca­tive des pla­te­formes aéro­por­tuaires pari­siennes, mais éga­le­ment le contexte de menace durable, ain­si que la pers­pec­tive d’accueillir les JO 2024 devraient engen­drer une pro­gres­sion de l’activité opé­ra­tion­nelle.
À la suite de la mise en place d’une nou­velle gou­ver­nance réga­lienne, avec l’extension des pou­voirs du pré­fet de police sur les trois pla­te­formes, la conso­li­da­tion de la réponse opé­ra­tion­nelle de la BSPP per­met­tant d’assurer la cou­ver­ture des risques et des menaces propres à l’espace aéro­por­tuaire, repré­sente un enjeu stra­té­gique majeur pour la Brigade.

Aéroport Roissy- Charles de Gaulle

Les JO vont engen­drer un cer­tain nombre de risques aux­quels la Bri­gade devra faire face.

L’accueil des Jeux-Olym­piques en 2024
Le mer­cre­di 13 sep­tembre 2017, la ville de Paris a été dési­gnée comme l’hôte des Jeux-Olym­piques 2024. Notre capi­tale pro­fite déjà d’équipements per­for­mants mais a éga­le­ment anti­ci­pé la construc­tion d’infrastructures spor­tives nou­velles. Il convien­dra encore de bâtir le vil­lage olym­pique et le centre nau­tique. La BSPP devra alors se pré­pa­rer à l’arrivée mas­sive de visi­teurs sur sa zone de com­pé­tence et envi­sa­ger la mise en place de dis­po­si­tifs pru­den­tiels excep­tion­nels.
Le 3e GIS accueille­ra le plus grand nombre de sites de com­pé­ti­tions, avec dix com­plexes dif­fé­rents. Sui­vi par le 1er GIS avec six emprises, dont le vil­lage olym­pique et le stade de France (lieu de la céré­mo­nie d’ouverture). Le 2e GIS aura quant à lui à défendre uni­que­ment le com­plexe Ber­cy Are­na.
Le nombre impor­tant de sites néces­saires au dérou­le­ment des JO et la mise en place de fan-zones vont entraî­ner des dif­fi­cul­tés de cir­cu­la­tion et d’accès à cer­taines zones, pour les engins de la BSPP notam­ment. Cela aura imman­qua­ble­ment des réper­cu­tions sur sa cou­ver­ture et sa réponse opé­ra­tion­nelle.
La tenue de ces JO va éga­le­ment engen­drer un cer­tain nombre de risques aux­quels la Bri­gade devra faire face :

  • la concen­tra­tion de popu­la­tion et mou­ve­ments de foule autour des lieux des acti­vi­tés pré­vues dans le cadre des festivités ;
  • l’augmentation de l’activité SUAP ;
  • les ras­sem­ble­ments spon­ta­nés et localisés ;
  • la menace attentat ;
  • la menace NRBC.
    Afin de gérer au mieux ces risques liés à cet évé­ne­ment sans pré­cé­dent depuis la nais­sance de la BSPP, tant par l’afflux de popu­la­tion, que par la durée de la com­pé­ti­tion, la Bri­gade devra dis­po­ser d’une cou­ver­ture cou­rante ren­for­cée, éven­tuel­le­ment aggra­vée, mais jamais affai­blie. Les centres de secours avoi­si­nants les sites de com­pé­ti­tion devront être densifiés.
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Une approche structurelle

L’amélioration de la qua­li­té du ser­vice ren­du (QSR)
Sur la base de ces mis­sions, et sou­cieuse d’améliorer encore son effi­ca­ci­té, la Bri­gade sou­haite ini­tier une démarche qui doit lui per­mettre de mesu­rer sa per­for­mance en terme de qua­li­té de ser­vice ren­du au pro­fit des per­sonnes qu’elle prend en charge sur son sec­teur de com­pé­tences.
Dans le sec­teur public et par­ti­cu­liè­re­ment à la BSPP, même si la vic­time n’est pas à pro­pre­ment par­ler un usa­ger, l’intérêt d’une démarche « qua­li­té » est qu’elle oriente l’action sur les résul­tats à atteindre plus que sur les moyens à mettre en œuvre.
Le chal­lenge est d’importance car la dif­fi­cul­té majeure consis­te­ra à fixer le niveau de qua­li­té de ser­vice, dans les domaines suivants :

  • une meilleure réponse quant aux besoins et attentes des vic­times (mise en place de ques­tion­naires de satisfaction) ;
  • la garan­tie du niveau de pré­pa­ra­tion opérationnelle ;
  • la pour­suite du tra­vail visant à ancrer les com­por­te­ments dans le res­pect des prin­cipes éthiques ;
  • la ges­tion des dys­fonc­tion­ne­ments et des situa­tions à risques ;
  • la valo­ri­sa­tion du pro­fes­sion­na­lisme en externe (cam­pagne d’information à des­ti­na­tion de la popu­la­tion) et le ren­for­ce­ment des rela­tions avec les divers partenaires.

L’optimisation de la cou­ver­ture opé­ra­tion­nelle
Une ana­lyse pré­cise des risques sur le sec­teur de la BSPP doit être réa­li­sée afin que le SIDACR puisse répondre à son objec­tif d’optimisation de répar­ti­tion des secours, en tenant compte d’une double néces­si­té : la mise en adé­qua­tion des moyens de secours et des risques réper­to­riés sur le sec­teur Bri­gade et la pos­si­bi­li­té pour les déci­deurs de faire des choix dans la stra­té­gie d’acquisition de ces moyens.
Le modèle du SIDACR pré­cé­dent, pour 2012 – 2016, n’étant plus en confor­mi­té avec la sur­sol­li­ci­ta­tion actuelle dans le domaine du SUAP, la cou­ver­ture opé­ra­tion­nelle de la Bri­gade a pro­gres­si­ve­ment fait l’objet d’évolutions majeures. Elle se tra­duit prin­ci­pa­le­ment par la mise en place de trois vecteurs :

  • le prin­cipe de modu­la­ri­té, visant à uti­li­ser des engins-pompe, en lieu et place des VSAV, afin d’effectuer une mis­sion SUAP, lorsque ces der­niers sont tous mobi­li­sés. L’équipage de l’engin-pompe, nor­ma­le­ment armé par six sapeurs-pom­piers sera alors scin­dé en deux équipes de trois, per­met­tant à un ins­tant T, de dou­bler sa capa­ci­té de réponse opé­ra­tion­nelle, en secours à victime.
  • La créa­tion de sec­teurs thé­ma­tiques, per­met­tant pour un motif SUAP, de mobi­li­ser un VSAV d’un lieu de caser­ne­ment voi­sin et ain­si, pré­ser­ver l’engin-pompe du sec­teur concer­né par le sinistre.
  • Les modi­fi­ca­tions constantes de l’organisation opé­ra­tion­nelle, en fonc­tion des risques cou­rants et particuliers.

Ne se limi­tant pas aux thé­ma­tiques citées pré­cé­dem­ment et afin d’optimiser sa réponse, le com­man­de­ment de la Bri­gade prend éga­le­ment en compte de nom­breux autres cri­tères, tels que la valo­ri­sa­tion des délais d’intervention, l’évolution des capa­ci­tés d’accueil des ser­vices d’urgence en milieu hos­pi­ta­lier, la ges­tion du temps d’activité de son per­son­nel et le déve­lop­pe­ment des moyens maté­riels et des ins­tal­la­tions hydrauliques.

Nouveau VSAV

La pla­te­forme des appels uni­fiés
L’actuel sys­tème de ges­tion des opé­ra­tions a été mis en ser­vice en jan­vier 2011. Le besoin de satis­faire aux nou­veaux enjeux et d’améliorer la qua­li­té de ser­vice ren­du auprès de la popu­la­tion a conduit à mettre en place la pla­te­forme des appels d’urgence (PFAU) pour per­mettre le trai­te­ment conjoint des appels d’urgence 17, 18 et 112, par la BSPP et la direc­tion de la sécu­ri­té publique de l’agglomération pari­sienne (DSPAP) de la pré­fec­ture de police de Paris. Des tra­vaux sont actuel­le­ment en cours pour uni­fier l’ensemble des sys­tèmes de ges­tion des opé­ra­tions des sapeurs-pom­piers en France, en un seul plus per­for­mant, plus robuste et inter­opé­rable avec l’ensemble des acteurs de secours (pro­jet NexSIS).

La cou­ver­ture nau­tique
Avec un tra­fic flu­vial de plus en plus impor­tant et le déve­lop­pe­ment d’installations fixes ou mobiles en bord de Seine, de Marne ou des canaux, le SIDACR pré­voit là encore, le déve­lop­pe­ment d’un grand nombre de risques et pré­cise les futurs besoins et pro­cé­dures de la Bri­gade en conséquence.

L’organisation du domaine Sau­ve­tage-Déblaie­ment (SD)
Les risques d’éboulement et d’effondrement sur le sec­teur Bri­gade n’ont pas dimi­nué depuis l’après-guerre et pour­raient être en constante aug­men­ta­tion dans les années à venir, au regard de l’imbrication des réseaux du tis­su urbain de la plaque pari­sienne (voir info­gra­phie).
Forte de son expé­rience dans le domaine SD, la Bri­gade met en exergue à tra­vers le SIDACR, les évo­lu­tions indis­pen­sables à prendre en compte dans les années futures.
Dans les cinq pro­chaines années, les contri­bu­teurs seront donc sol­li­ci­tés sur un néces­saire effort finan­cier, per­met­tant à la BSPP de faire évo­luer son modèle et s’adapter ain­si aux défis pré­vi­sibles, décrits pré­cé­dem­ment. Son bud­get d’investissement devra pour cela aug­men­ter, afin de pré­ser­ver le niveau de la qua­li­té de la réponse opé­ra­tion­nelle et résor­ber les dif­fi­cul­tés logis­tiques.
L’acquisition de fon­ciers sup­plé­men­taires doit enfin être anti­ci­pée dès à pré­sent, pour pré­pa­rer le SIDACR 2022 – 2027, qui per­met­tra de décrire un modèle repen­sé en pro­fon­deur et adap­té aux enjeux consi­dé­rables annoncés.

Intervention sur la Seine
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