PRÉVENTION — La lombalgie du sapeur-pompier

Lau­ra Bou­vier —  — Modi­fiée le 25 juillet 2024 à 08 h 31 
exercie de posture pour le dos

#BrigadeInside — Le mal de dos, ce mal du siècle, peut aussi toucher les sapeurs-pompiers de Paris, mais il n’est pas une fatalité. Une opération de sensibilisation est en cours pour prévenir les différentes blessures professionnelles et en particulier, les lombalgies. Explications.

Le 7 mai der­nier s’est tenue une for­ma­tion de pré­ven­tion des bles­sures, au centre de secours Ménil­mon­tant, dans le XXe arron­dis­se­ment de Paris. Cette opé­ra­tion de sen­si­bi­li­sa­tion a pour but de main­te­nir la dis­po­ni­bi­li­té opé­ra­tion­nelle des femmes et des hommes de la Bri­gade. Cette for­ma­tion pra­tique et inno­vante est dis­pen­sée par des inter­ve­nants plu­ri­dis­ci­pli­naires dont des kiné­si­thé­ra­peutes, une ergo­thé­ra­peute, deux moni­teurs EPMS et un méde­cin. Cette mixi­té per­met aux pom­piers de béné­fi­cier de l’expertise de cha­cun et de ren­for­cer le lien HIA-BSPP.

Medecin Principal millet
Marianne M., méde­cin prin­ci­pal (MP) adjointe à l’antenne médi­cale de Ménilmontant

Dix verres d’eau par jour

Ce matin-là, le doc­teur Marianne M., méde­cin-prin­ci­pal à l’antenne médi­cale de Ménil­mon­tant, pré­sente les causes de lom­bal­gies et les meilleurs moyens de les évi­ter à un groupe de volon­taires. A la suite de cette pré­sen­ta­tion, un moni­teur d’entraînement phy­sique mili­taire et spor­tif (EPMS) intro­duit les tech­niques d’optimisation du poten­tiel (TOP). Il a été rap­pe­lé qu’un maté­riel adap­té, une bonne hygiène de vie et l’écoute de son corps dimi­nuent les risques de lombalgies. 

Mal­gré l’effet de groupe, il vaut mieux sau­ter deux à trois séances en cas de dou­leur, même légère, plu­tôt que se bles­ser en for­çant. Le doc­teur a insis­té sur un point : l’hydratation. « Il faut boire envi­ron dix verres d’eau par jour, insiste-t-elle, par petites quan­ti­tés, tout au long de la jour­née. Comme un médi­ca­ment, je vous pres­cris d’avoir votre bou­teille d’eau, en per­ma­nence, pour vous hydra­ter en toutes cir­cons­tances. » En effet, une bonne hydra­ta­tion per­met de conser­ver tout son poten­tiel et évite la déshy­dra­ta­tion chro­nique, qui entraîne une perte de capa­ci­tés de l’ordre de 10%.

L’INFO EN + : Faire soi-même sa boisson de sport

La suda­tion fait perdre du sodium, du potas­sium, et sur­tout de l’eau. Il est donc recom­man­dé d’avoir une bois­son d’effort pour les séances intenses, supé­rieures à une heure. Une bois­son d’effort « mai­son » est com­po­sée de deux tiers d’eau, d’un tiers de jus de fruits et d’un petit sachet de sel. Elle doit être adap­tée au cli­mat, en aug­men­tant la pro­por­tion d’eau par temps chaud. Idéa­le­ment, la tem­pé­ra­ture de la bois­son se situe entre huit et quinze degrés.

La kiné­si­thé­ra­peute montre des éti­re­ments à un groupe de pom­piers de Paris.

Des éti­re­ments régu­liers, des maux évités !

Après cet expo­sé, les par­ti­ci­pants rejoignent des ate­liers par groupe de quatre. Des kiné­si­thé­ra­peutes apprennent aux pom­piers une série d’étirements réa­li­sables en tout lieu, en rap­pe­lant qu’il vaut mieux être dans un moment calme, de pré­fé­rence le soir. « Quand vous vous éti­rez, vous pen­sez koa­la, image l’une des pro­fes­sion­nelles de san­té. À défaut de pou­voir vous éti­rer chaque jour, ins­tau­rez cette rou­tine trois fois par semaine. » Cepen­dant, elle ne pré­co­nise pas de moment à pri­vi­lé­gier. « Peu importe, admet la soi­gnante, le plus impor­tant, c’est de s’é­ti­rer. » Cer­tains sapeurs-pom­piers pré­sents ont vu sous un autre angle des exer­cices qu’ils effec­tuent régu­liè­re­ment, tels que les crunchs, en sol­li­ci­tant des muscles qu’ils ne tra­vaillent pas d’ordinaire. Un ren­for­ce­ment mus­cu­laire autour de la colonne ver­té­brale per­met de limi­ter les dou­leurs dorsales. 

La soi­gnante apprend une tech­nique aux pom­piers pour por­ter de lourdes charges sans s’abîmer le dos.

Par ailleurs, une autre kiné­si­thé­ra­peute leur montre les pra­tiques à adop­ter pour por­ter de lourdes charges, sans s’abîmer le dos, tan­dis que deux moni­teurs de l’EPMS leur trans­mettent des exer­cices à inclure dans des cir­cuits training. 

Fina­le­ment, cette for­ma­tion inédite se foca­lise sur la pré­ven­tion pri­maire des bles­sures, avant qu’elles ne sur­viennent, alors que c’est sou­vent la pré­ven­tion secon­daire, pour évi­ter les réci­dives une fois la bles­sure sur­ve­nue, qui est déve­lop­pée. « L’objectif de cette for­ma­tion est d’apporter des outils pra­tiques et simples à des sapeurs-pom­piers de Paris en centre de secours (CS), afin qu’ils dif­fusent l’information à leurs col­lègues pour tou­cher un maxi­mum de monde, conclut le méde­cin prin­ci­pal. L’idée est de main­te­nir ce nou­veau for­mat sur deux à trois ses­sions par an. »

De bonnes habi­tudes évitent nombre de com­pli­ca­tions et de pri­va­tions. Alors, allez-vous appli­quer l’une d’entre elles ? 

Pho­tos : SGT Nicho­las Bady

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