UN GRADE, UNE FONCTION (16) — Caporal et conducteur d’AR

Anne-Julie Constans —  — Modi­fiée le 7 juillet 2022 à 05 h 36 

Web-série — Conducteur d’ambulance de réanimation (AR), il se donne sans compter pour secourir et accompagner les victimes jusqu’à leur prise en charge dans un hôpital. Rencontre avec le caporal Patrice B. de l’antenne médicale du G3.

Ori­gi­naire de Cahors dans le Sud-Ouest, le capo­ral B. rentre en 2001 en tant que pom­pier volon­taire dans son dépar­te­ment du Lot (46), et intègre la Bri­gade en mai 2005. Il fait six ans en com­pa­gnie d’incendie : trois ans à la caserne de Colom­bier (VIe), puis il est muté au centre de secours de Malar (VIIe). Patrice est incor­po­ré à l’an­tenne médi­cale du G3 en tant que conduc­teur AR à par­tir de mars 2011. « Dans notre métier, la plu­part des inter­ven­tions est du secours à vic­times, à la BSPP c’est envi­ron 80 %. Je vou­lais évo­luer dans cette branche-là », pré­cise le capo­ral B.. Aujourd’hui, il a dix-sept ans de ser­vice dont onze années pas­sées au ser­vice médical.

Les deux frères
Le frère aîné du capo­ral B. a pas­sé dix-neuf années à la Bri­gade, de 2000 à 2019. Après avoir pas­sé six ans en com­pa­gnie d’incendie à Colom­bier, il rentre “aux AR” en 2007 et y reste douze ans. Inté­res­sé par le métier de son frère, Patrice le ques­tionne sur les plus infimes détails. Séduit par les des­crip­tions faites, le capo­ral pos­tule lorsqu’une place se libère, est reçu, puis embau­ché. Les deux fran­gins tra­vaillent alors dans le même ser­vice de 2011 à 2019. À peine son frère avait quit­té la BSPP, que son neveu a pris la relève : il est à Gre­nelle depuis six mois !

Le par­cours d’un conduc­teur
Contrai­re­ment à la pro­cé­dure des pom­piers civils, les for­ma­tions à la conduite d’une AR viennent après avoir pos­tu­lé. Elles peuvent durer entre deux et quatre ans. « On attaque par deux mois de dou­blure, explique le capo­ral. Pen­dant les trois pre­mières semaines, on est per­ma­nent et garde-remise, on fait de la dou­blure avec un conduc­teur, sou­vent le plus ancien, qui nous guide. » Durant cette période, le jeune conduc­teur doit prendre connais­sance du sec­teur et apprendre par cœur l’emplacement des hôpi­taux et ser­vices. En effet, le tra­vail du conduc­teur AR ne s’arrête pas juste aux urgences, il peut trans­por­ter la vic­time dans tous les hôpi­taux de Paris (intra ou extra­mu­ros) ; pour cela, il doit en connaître tous les ser­vices. Ces trois semaines pas­sées, il prend ses pre­mières AR en dou­blure avec un conduc­teur déjà for­mé. Au bout de deux mois, il doit vali­der une épreuve où lui sont posées des ques­tions sur le tra­vail du conduc­teur, le sec­teur et les hôpi­taux. Il est aus­si inter­ro­gé pen­dant les heures de service.

S’il est apte, il peut prendre à son compte les pro­chaines gardes. S’ensuit la for­ma­tion d’auxi­liaire ambu­lan­cier de quinze jours au camp de La Val­bonne, près de Lyon. Il doit par la suite pas­ser le diplôme d’état ambu­lan­cier (DEA) sur une durée de six mois et, sub­sé­quem­ment, effec­tuer la for­ma­tion d’adaptation à l’emploi des struc­tures mobiles d’urgence et de réani­ma­tion (FAE SMUR). À l’issue de ces stages, les nou­veaux conduc­teurs AR s’en­gagent à ser­vir trois ans mini­mum à la Brigade.

Pour se sen­tir réel­le­ment à l’aise dans une AR, le capo­ral nous révèle qu’il faut au moins trois à quatre ans d’ancienneté. Il convient d’apprendre et de connaître tout le maté­riel et son empla­ce­ment, dif­fé­rent du VSAV.

Un conduc­teur poly­va­lent
Actuel­le­ment, Patrice est per­ma­nent, il est donc adjoint à la remise : « Je m’occupe des engins, je me charge de dépo­ser si besoin les camions aux ate­liers. On va dire que je fais tout ce qui est pape­rasse » plaisante-t-il.

En règle géné­rale, il y a tou­jours un conduc­teur de garde sur l’AR de Cham­per­ret, un sur l’AR du Ples­sis-Cla­mart et un garde-remise qui reste en per­ma­nence en cas de panne du véhi­cule ou du maté­riel. D’astreinte Bri­gade, ils arment le véhi­cule rapide médi­ca­li­sé (VRM), véhi­cule du pré­sident de la Répu­blique dans lequel ils suivent ses dépla­ce­ments à Paris ou en petite cou­ronne, sur demande de l’Elysée. Ils sont aus­si en charge du véhi­cule du direc­teur des secours médi­caux (DSM), basé à Cham­per­ret, des­ti­né au méde­cin allant sur les grosses interventions.

Com­pa­ré à un VSAV, lorsqu’un conduc­teur AR décale, l’intervention peut durer jusqu’à trois heures en rai­son de la prise en charge par­ti­cu­lière néces­si­tant des médi­ca­ments, des per­fu­sions, la mise sous res­pi­ra­tion, l’intubation, etc. La durée du tra­jet compte aus­si ; il emmène la vic­time dans n’importe quel hôpi­tal de Paris, accom­pa­gnée par l’équipe de l’AR du début à la fin.

On embauche !
Aujourd’hui, le capo­ral doit encore deux ans et demi de ser­vice avant la fin de son contrat avec la Bri­gade. Avi­sé, il songe déjà à retrou­ver un emploi dans un SMUR, chez lui, dans le Sud-Ouest de la France. Bien qu’heureux de retrou­ver le soleil, le capo­ral B. nous confie que “pour [son] retour dans le Sud-Ouest, la Bri­gade va [lui] man­quer. C’est une très bonne école et je ne regrette rien de ma car­rière. » Dix-neuf ans et demi à déca­ler, c’est pour lui un rêve qui s’est réa­li­sé.
Après onze années aux AR, Patrice consi­dère que les qua­li­tés d’un conduc­teur sont la patience, le sens de l’orientation et la curio­si­té. Il est aus­si apte à anti­ci­per car cer­taines inter­ven­tions néces­sitent un maté­riel spé­ci­fique. Quant aux com­pé­tences requises pour être recru­té, le futur conduc­teur doit avoir son per­mis poids lourd, avoir entre quatre et treize ans de ser­vice, et bien évi­dem­ment, être sérieux et motivé.

Pho­tos : 1CL Maxime Grimaud


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