UN POMPIER, UN CS — Axel au CS Créteil

Raphaël Orlan­do —  — Modi­fiée le 18 juillet 2025 à 09 h 36 

Web-série — Affecté depuis ses débuts au CS Créteil, le caporal-chef Demange a vu son quotidien évoluer en profondeur en prenant la fonction de secrétaire de l’adjudant d’unité et de président des militaires du rang (MDR) de sa compagnie. Trois années passées à accompagner les pompiers au quotidien, moins d’interventions mais une expérience particulièrement enrichissante. À l’heure de retrouver le service incendie, il revient sur une expérience qui l’a profondément fait grandir.

Bon­jour Axel, pour­rais-tu te présenter ?

Bon­jour, je suis le capo­ral-chef Axel Demange, j’ai 29 ans et je suis à la Bri­gade depuis un peu plus de six ans. Depuis mes débuts, j’évolue au CS Cré­teil. Cela fait bien­tôt trois ans que j’occupe la fonc­tion de pré­sident des mili­taires du rang de ma com­pa­gnie, ain­si que celle de secré­taire de l’adjudant d’unité.

Très dif­fé­rent du métier de pom­pier en lui-même, c’est un poste que j’ai appré­cié au fil du temps. Je m’occupe notam­ment des plan­nings, des ins­crip­tions aux dif­fé­rents stages et, en tant que pré­sident des MDR, j’accompagne les pom­piers confron­tés à des dif­fi­cul­tés, qu’elles soient pro­fes­sion­nelles ou personnelles.

En tant que per­ma­nent, je garde un pied sur le ter­rain avec une garde opé­ra­tion­nelle par semaine. Mon pas­sage à ce poste touche bien­tôt à sa fin — il était pré­vu pour trois ans — et je suis très heu­reux à l’idée de retrou­ver pro­chai­ne­ment un poste en ser­vice incen­die. Ce rôle m’a énor­mé­ment fait évoluer.

Quel est le pre­mier aspect posi­tif qui te vient en tête en pen­sant à ce CS ?

La cohé­sion, sans hési­ter. À Cré­teil, j’ai ren­con­tré une dizaine d’amis très proches. Avec le temps, nous ne sommes plus que quatre encore ici, mais les liens tis­sés sont tou­jours là.

Je pense que l’un des moteurs de nos rela­tions à la Bri­gade, c’est la diver­si­té des moments vécus ensemble, à toute heure du jour ou de la nuit, dans des contextes très variés. Ce quo­ti­dien par­ta­gé soude vrai­ment les gens.

Quelles spé­ci­fi­ci­tés ou quels type d’inter’ pour ce secteur ?

La pre­mière chose à noter, c’est la pré­sence d’un camion de dés­in­car­cé­ra­tion dans notre caserne, l’un des trois de la Bri­gade. C’est une vraie chance, car cela nous expose à un large éven­tail d’interventions : acci­dents de la cir­cu­la­tion, incen­dies, opé­ra­tions diverses…

Notre sec­teur est en extra-muros, et la grande remise du CS nous per­met de sor­tir très fré­quem­ment. On est sou­vent appe­lés sur des inter­ven­tions d’ampleur, avec un fort enga­ge­ment des secours, que ce soit en incen­die ou en secours à victimes.

Quelle est l’intervention qui t’a le plus mar­qué dans ce CS ?

C’était une inter­ven­tion de nuit, sur une ouver­ture de porte en secours à vic­time. J’étais capo­ral et deuxième chef d’équipe à ce moment-là.

Vers 2 heures du matin, nous sommes enga­gés sur une mis­sion assez clas­sique. En arri­vant sur les lieux, le chef d’agrès aper­çoit une sil­houette pas­ser devant une fenêtre à l’étage. En for­çant l’entrée du por­tail, nous enten­dons des aboie­ments très mar­qués der­rière la porte d’entrée — deux gros chiens — et déci­dons de pas­ser par la fenêtre.

Je monte à l’échelle à cro­chet pen­dant que mes col­lègues accèdent à la mai­son par la porte, fina­le­ment ouverte par la mère de famille, sourde, qui nous avait appe­lés. Une fois à la fenêtre, je découvre la fille, âgée d’environ 50 ans et atteinte d’un can­cer, qui venait tout juste de se pendre.

Nous l’avons décro­chée et ten­té une réani­ma­tion, mal­heu­reu­se­ment sans suc­cès. Ce qui m’a pro­fon­dé­ment mar­qué, c’est le dérou­lé extrê­me­ment pré­cis des faits, l’ambiance très pesante de la pièce, et ce détail : un CD rayé d’Orelsan tour­nait en boucle, répé­tant sans fin un même refrain. Une scène très forte.

Sou­ve­nir personnel/​cohésion le plus mar­quant dans ce CS ?

Je garde un excellent sou­ve­nir d’une cohé­sion orga­ni­sée par notre ancien com­man­dant d’unité. En tant que pré­sident des MDR, j’étais invi­té avec les autres cadres de la com­pa­gnie pour pas­ser quelques jours dans son dépar­te­ment, le Var.

Il avait orga­ni­sé un pro­gramme vrai­ment riche : plon­gée, bouée trac­tée, ran­don­nées avec une équipe de la sécu­ri­té civile de Bri­gnoles… C’était à la fois dépay­sant et très fédé­ra­teur. Cha­cun a pu décou­vrir quelque chose de nou­veau. Pour moi, c’est l’un des plus beaux sou­ve­nirs de cohé­sion à la Brigade.


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