
Web-série — Discrètement implanté rue Sainte-Anne, en plein cœur du Ie arrondissement, le centre de secours Saint-Honoré est au plus près des institutions, des monuments emblématiques et de l’effervescence touristique de la capitale. C’est ici qu’Émile Angereau, Vendéen fier de ses racines, exerce depuis plus de six ans. Représentant des militaires du rang du CS et de la 7e compagnie, il évoque son attachement à cette caserne au cadre singulier.
Bonjour Émile, pourrais-tu te présenter ?
Bonjour, je suis le caporal-chef Émile Angereau, j’ai six ans et demi de service et je suis affecté au CS Saint-Honoré depuis mes débuts. Aujourd’hui, j’occupe aussi la fonction de représentant des militaires du rang, à la fois pour le CS et pour la 7e compagnie.
Je suis très fier d’être Vendéen, et même si je travaille à Paris, j’ai choisi de continuer à vivre dans ma région. On n’est pas nombreux à la BSPP à être originaires de Vendée – à ma connaissance, il y a seulement le général Gallet – alors j’aime bien mettre en avant mes racines.
Quel est le premier aspect positif qui te vient en tête en pensant à ce CS ?
Depuis mes débuts, Saint-Honoré c’est « la maison ». Je m’y sens chez moi, et je sais que je ne suis pas le seul. L’ambiance est très familiale, on travaille dans un cadre sain et bienveillant. Le chef de centre actuel y est pour beaucoup, il a su renforcer cette atmosphère.
Sur le plan opérationnel, notre secteur reste attractif. Il n’est pas le plus dense en feux, mais on est régulièrement engagés sur des incendies importants.
Enfin, Saint-Honoré a la particularité d’être un CS OPEX. Cela nous permet de partir ponctuellement hors secteur Brigade, comme lors des feux de forêt en métropole, ou sur des missions plus éloignées, à Mayotte ou à La Réunion par exemple.
Quelles spécificités ou type d’inter’ pour ce secteur ?
On couvre le Ier arrondissement de Paris, un secteur prestigieux avec une population assez VIP, entre touristes et autorités. Le CS est à deux pas de l’Opéra Garnier, du Louvre, de la place de la Concorde… et surtout du Palais de l’Élysée, où chaque pompier de Saint-Honoré a déjà mis les pieds au moins une fois, que ce soit pour une intervention ou une vérification.
Tous les matins, on court dans les jardins des Tuileries, ce qui illustre bien le cadre dans lequel on évolue. Je parle de ce CS avec des étoiles dans les yeux, mais honnêtement, je ne me lasse pas de croiser un monument à chaque départ, de découvrir des lieux incroyables comme des palaces – des endroits à l’opposé de mes origines, la campagne. C’est une chance de pouvoir vivre ça.
Quelle est l’intervention qui t’a le plus marqué dans ce CS ?
Oui, c’est une intervention en secours à victime. Un matin, alors qu’on courait dans les Tuileries, un message urgent est annoncé à la radio pour une détresse vitale boulevard de la Madeleine.
Sur place, on découvre un chariot élévateur qui a dévalé une pente sur une cinquantaine de mètres, les freins ayant simplement lâché. En bas, il a percuté violemment un plot en béton. Le conducteur, un jeune homme de 19 ans, venait tout juste de commencer ce travail. Il a tenté de sauter de l’engin pour s’extraire, mais s’est retrouvé écrasé entre la cabine et le plot. Il était en arrêt cardio-respiratoire, avec de nombreuses hémorragies.
On a tout tenté pour le réanimer, mais il est malheureusement décédé. Ce qui m’a touché, au-delà de l’aspect médical ou technique, c’est la brutalité de la situation : il est mort à cause d’un simple problème mécanique. Il était juste là, au mauvais endroit, au mauvais moment. C’était son premier jour. Cette histoire nous a tous marqué parce qu’elle incarne une forme de fatalité. Et avec un peu moins de malchance, ça aurait pu être évité. Heureusement, aucun piéton n’a été percuté, car l’accident aurait pu être encore plus dramatique.
Souvenir personnel/cohésion le plus marquant dans ce CS ?
Le « World Tour Saint-Ho’ », sans hésiter. Depuis deux ans, on organise une cohésion vélo sur deux jours, avec deux étapes assez exigeantes : parfois plus de 100 km et 2 000 m de dénivelé. C’est devenu un vrai rendez-vous. Notre “Tour de France” un peu. Certains viennent avec des vélos toujours plus performants, on décerne les maillots jaune, vert et à pois, et on termine par une remise des prix.
C’est un moment génial, bien au-delà du simple effort physique : chacun s’investit, on partage des kilomètres, des fous rires, et ça renforce énormément les liens. C’est quelque chose d’assez unique, donc c’est le souvenir que j’ai envie de mettre en avant, même s’il y en aurait beaucoup d’autres à raconter.