UN POMPIER, UN CS — Émile au CS Saint-Honoré

Raphaël Orlan­do —  — Modi­fiée le 6 juin 2025 à 10 h 23 

Web-série — Discrètement implanté rue Sainte-Anne, en plein cœur du Ie arrondissement, le centre de secours Saint-Honoré est au plus près des institutions, des monuments emblématiques et de l’effervescence touristique de la capitale. C’est ici qu’Émile Angereau, Vendéen fier de ses racines, exerce depuis plus de six ans. Représentant des militaires du rang du CS et de la 7e compagnie, il évoque son attachement à cette caserne au cadre singulier.

Bon­jour Émile, pour­rais-tu te présenter ?

Bon­jour, je suis le capo­ral-chef Émile Ange­reau, j’ai six ans et demi de ser­vice et je suis affec­té au CS Saint-Hono­ré depuis mes débuts. Aujourd’hui, j’occupe aus­si la fonc­tion de repré­sen­tant des mili­taires du rang, à la fois pour le CS et pour la 7e com­pa­gnie.
Je suis très fier d’être Ven­déen, et même si je tra­vaille à Paris, j’ai choi­si de conti­nuer à vivre dans ma région. On n’est pas nom­breux à la BSPP à être ori­gi­naires de Ven­dée – à ma connais­sance, il y a seule­ment le géné­ral Gal­let – alors j’aime bien mettre en avant mes racines.

Quel est le pre­mier aspect posi­tif qui te vient en tête en pen­sant à ce CS ?

Depuis mes débuts, Saint-Hono­ré c’est « la mai­son ». Je m’y sens chez moi, et je sais que je ne suis pas le seul. L’ambiance est très fami­liale, on tra­vaille dans un cadre sain et bien­veillant. Le chef de centre actuel y est pour beau­coup, il a su ren­for­cer cette atmo­sphère.
Sur le plan opé­ra­tion­nel, notre sec­teur reste attrac­tif. Il n’est pas le plus dense en feux, mais on est régu­liè­re­ment enga­gés sur des incen­dies impor­tants.
Enfin, Saint-Hono­ré a la par­ti­cu­la­ri­té d’être un CS OPEX. Cela nous per­met de par­tir ponc­tuel­le­ment hors sec­teur Bri­gade, comme lors des feux de forêt en métro­pole, ou sur des mis­sions plus éloi­gnées, à Mayotte ou à La Réunion par exemple.

Quelles spé­ci­fi­ci­tés ou type d’inter’ pour ce secteur ?

On couvre le Ier arron­dis­se­ment de Paris, un sec­teur pres­ti­gieux avec une popu­la­tion assez VIP, entre tou­ristes et auto­ri­tés. Le CS est à deux pas de l’Opéra Gar­nier, du Louvre, de la place de la Concorde… et sur­tout du Palais de l’Élysée, où chaque pom­pier de Saint-Hono­ré a déjà mis les pieds au moins une fois, que ce soit pour une inter­ven­tion ou une vérification.

Tous les matins, on court dans les jar­dins des Tui­le­ries, ce qui illustre bien le cadre dans lequel on évo­lue. Je parle de ce CS avec des étoiles dans les yeux, mais hon­nê­te­ment, je ne me lasse pas de croi­ser un monu­ment à chaque départ, de décou­vrir des lieux incroyables comme des palaces – des endroits à l’opposé de mes ori­gines, la cam­pagne. C’est une chance de pou­voir vivre ça.

Quelle est l’intervention qui t’a le plus mar­qué dans ce CS ?

Oui, c’est une inter­ven­tion en secours à vic­time. Un matin, alors qu’on cou­rait dans les Tui­le­ries, un mes­sage urgent est annon­cé à la radio pour une détresse vitale bou­le­vard de la Made­leine.
Sur place, on découvre un cha­riot élé­va­teur qui a déva­lé une pente sur une cin­quan­taine de mètres, les freins ayant sim­ple­ment lâché. En bas, il a per­cu­té vio­lem­ment un plot en béton. Le conduc­teur, un jeune homme de 19 ans, venait tout juste de com­men­cer ce tra­vail. Il a ten­té de sau­ter de l’engin pour s’extraire, mais s’est retrou­vé écra­sé entre la cabine et le plot. Il était en arrêt car­dio-res­pi­ra­toire, avec de nom­breuses hémor­ra­gies.
On a tout ten­té pour le réani­mer, mais il est mal­heu­reu­se­ment décé­dé. Ce qui m’a tou­ché, au-delà de l’aspect médi­cal ou tech­nique, c’est la bru­ta­li­té de la situa­tion : il est mort à cause d’un simple pro­blème méca­nique. Il était juste là, au mau­vais endroit, au mau­vais moment. C’était son pre­mier jour. Cette his­toire nous a tous mar­qué parce qu’elle incarne une forme de fata­li­té. Et avec un peu moins de mal­chance, ça aurait pu être évi­té. Heu­reu­se­ment, aucun pié­ton n’a été per­cu­té, car l’accident aurait pu être encore plus dramatique.

Sou­ve­nir personnel/​cohésion le plus mar­quant dans ce CS ?

Le « World Tour Saint-Ho’ », sans hési­ter. Depuis deux ans, on orga­nise une cohé­sion vélo sur deux jours, avec deux étapes assez exi­geantes : par­fois plus de 100 km et 2 000 m de déni­ve­lé. C’est deve­nu un vrai ren­dez-vous. Notre “Tour de France” un peu. Cer­tains viennent avec des vélos tou­jours plus per­for­mants, on décerne les maillots jaune, vert et à pois, et on ter­mine par une remise des prix.
C’est un moment génial, bien au-delà du simple effort phy­sique : cha­cun s’investit, on par­tage des kilo­mètres, des fous rires, et ça ren­force énor­mé­ment les liens. C’est quelque chose d’assez unique, donc c’est le sou­ve­nir que j’ai envie de mettre en avant, même s’il y en aurait beau­coup d’autres à raconter.


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