INCENDIE DE NOTRE-DAME — Le Père Fournier raconte…

Photo incendie de Notre dame

Retour d’inter — Au cœur de l’incendie de Notre-Dame, le Père Fournier, aumônier des sapeurs-pompiers de Paris a eu un rôle décisif qui a permis de récupérer non seulement les reliques de la cathédrale, mais nombre d’œuvres importantes. Ils nous a raconté ce moment palpitant face à nos caméras. Retrouvez-le après un rapide retour sur les faits.

La rédac­tion Allo18 —  — Modi­fiée le 5 mai 2021 à 10 h 07 

Le 15 avril 2019, peu avant 19 heures…

Le 15 avril 2019, peu avant 19 heures, les secours de la Bri­gade sont appe­lés pour un « feu sous toi­ture » situé au niveau de la flèche cen­trale de la cathé­drale Notre-Dame. Les infor­ma­tions col­lec­tées par les opé­ra­teurs du centre opé­ra­tion­nel per­mettent d’an­ti­ci­per l’en­voi de nom­breux moyens. Un ren­fort incen­die est d’emblée deman­dé ain­si que l’en­ga­ge­ment des groupes spé­cia­li­sés tels que la sec­tion recherche et sau­ve­tage en milieu urbain (RSMU), le groupe de recherche et d’intervention en milieu périlleux (GRIMP), les spé­cia­listes en explo­ra­tion de longue durée (ELD), le lot de sau­ve­garde du patri­moine cultu­rel, etc.

Un vent impor­tant et l’ab­sence de recou­pe­ment propre à ce type d’é­di­fice laissent pré­sa­ger une pro­pa­ga­tion rapide du sinistre. Cha­cun des sapeurs-pom­piers de Paris, pré­sent sur les lieux, quel que soit son grade, sait que l’in­ter­ven­tion sera longue et difficile.

D’im­por­tants moyens hydrau­liques sont éta­blis afin de conte­nir la pro­pa­ga­tion des flammes à l’en­semble de la toi­ture et une vedette d’intervention (VEDI), en aspi­ra­tion dans la Seine amènent l’eau jusqu’aux engins-pompe. Le concours des ser­vices dépar­te­men­taux d’incendie et de secours (SDIS) limi­trophes est sol­li­ci­té au titre du besoin sup­plé­men­taire en bras élé­va­teur arti­cu­lé (BEA) et afin d’as­su­rer la cou­ver­ture cou­rante. Un groupe de pom­piers, dont l’au­mô­nier, assis­té des per­son­nels de Notre Dame, par­viennent mal­gré la chute des maté­riaux et l’o­pa­ci­té des fumées, à sau­ver le tré­sor de Notre Dame. Le plomb de la char­pente fond et tombe sur le sol, de nom­breuses autres œuvres sont sau­ve­gar­dées. Elles sont immé­dia­te­ment sécu­ri­sées par la police puis mises à l’a­bri à l’Hô­tel de ville. La flèche s’ef­fondre bru­ta­le­ment, per­çant la char­pente et pro­pa­geant le feu au rez-de-chaus­sée de l’é­di­fice. Après s’être repliés, l’at­taque est relan­cée avec l’en­ga­ge­ment du robot d’ex­tinc­tion (REX).

Vers 21 h 30, les bef­frois sou­te­nant les tours sont direc­te­ment mena­cés par la pro­pa­ga­tion du feu, notam­ment la tour nord qui abrite les cloches. Si celles-ci chutent, cela pro­vo­que­ra l’effondrement de tout ou par­tie des deux tours.

« Tous les yeux s’é­taient levés vers le haut de l’é­glise. Ce qu’ils voyaient était extra­or­di­naire. Sur le som­met de la gale­rie la plus éle­vée, plus haut que la rosace cen­trale, il y avait une grande flamme qui mon­tait entre les deux clo­chers avec des tour­billons d’é­tin­celles, une grande flamme désor­don­née et furieuse dont le vent empor­tait par moments un lam­beau dans la fumée. Au-des­sous de cette flamme, au-des­sous de la sombre balus­trade à trèfles de braise, deux gout­tières en gueules de monstres vomis­saient sans relâche cette pluie ardente qui déta­chait son ruis­sel­le­ment argen­té sur les ténèbres de la façade infé­rieure », a écrit Vic­tor Hugo de façon prémonitoire.

Avec une tem­pé­ra­ture frô­lant les 800 degrés, un vent défa­vo­rable, la chute de nom­breux maté­riaux, il faut à tout prix, empê­cher l’ex­ten­sion du feu, tout en contrô­lant l’ef­fet des lances pour ne pas mettre en péril l’é­di­fice. Paral­lè­le­ment à l’at­taque mas­sive des quelques 3000 m² de toi­ture en feu, une quin­zaine de pom­piers se sont enga­gés dans ces tours pour y éta­blir les moyens hydrau­liques néces­saires à la pro­tec­tion de celles-ci. C’est cette déci­sion concer­tée, qui a per­mis de sau­ver les deux beffrois.

La phase sui­vante consiste à sur­veiller cet édi­fice fra­gi­li­sé mais debout, de faci­li­ter l’ex­per­tise de nos archi­tectes et de pour­suivre l’é­va­cua­tion des œuvres qui se situent encore dans les cha­pelles latérales.

La struc­ture de la cathé­drale est sau­vée et les prin­ci­pales œuvres d’art ont donc été sau­ve­gar­dées. Après plus de 9 heures de com­bat achar­né, l’en­ga­ge­ment col­lec­tif et par­fai­te­ment coor­don­né a per­mis d’é­vi­ter le pire. Cette opé­ra­tion his­to­rique a per­mis de mettre en avant un modèle Bri­gade, jeune et rési­lient, ani­mé par la volon­té de réa­li­ser la mis­sion y com­pris dans des condi­tions extrêmes.

Le Père Fournier raconte…

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