
Web-série — Implantée au cœur du Marais depuis plus de deux siècles, la caserne Sévigné est l’un des centres de secours les plus emblématiques de la Brigade. Le caporal-chef Reuille, affecté ici depuis le début de sa carrière, évoque avec fierté ce lieu chargé d’histoire, les particularités du secteur et les liens forts qui unissent ceux qui y servent.
Bonjour Allan, pourrais-tu te présenter ?
Bonjour, je suis le caporal-chef Reuille, j’ai 30 ans. Originaire de Franche-Comté, je suis pacsé et je vis désormais à Paris. Cela fait six ans que j’ai intégré la Brigade et j’ai toujours été affecté au CS Sévigné. Depuis un an et demi, je suis permanent ADU et je serai prochainement nommé sergent.
Quel est le premier aspect positif qui te vient en tête en pensant à ce CS ?
Pour moi, qui viens de province, Sévi’ représente vraiment l’image que je me faisais d’une caserne de pompiers de Paris. C’est un bâtiment historique, en plein cœur de la capitale, chargé d’histoire. Les pompiers y exercent depuis 1814, ce qui en fait un lieu emblématique de la BSPP.
Quelle spécificité ou type d’inter’ pour ce secteur ?
Notre secteur est très diversifié, aussi bien en termes de population que d’activités. On couvre notamment le quartier du Marais, connu pour son dynamisme et sa vie nocturne animée, ainsi que les environs du Mémorial de la Shoah, un lieu de mémoire emblématique. À cela s’ajoutent les zones festives, notamment autour de la place de la Bastille. Cette diversité implique une vigilance accrue face aux risques, notamment terroristes, car notre secteur comprend des sites sensibles comme le Bataclan ou les locaux de Charlie Hebdo.
D’un point de vue incendie, nous sommes confrontés à une architecture typiquement parisienne, et assez ancienne, avec de nombreuses cages d’escaliers en bois. Ce type de structure a un potentiel calorifique élevé qui fait monter le feu en puissance très rapidement.
Quelle est l’intervention qui t’as le plus marqué dans ce CS ?
Étant de province et ancien pompier volontaire, j’ai été impressionné par mes premiers incendies parisiens. Encore une fois, les feux de cage d’escalier, en particulier, prennent une puissance incroyable et se propagent très rapidement, piégeant souvent les habitants dans leurs appartements. Une intervention m’a particulièrement marqué, c’était au 3 rue du Général Blaise. Il s’agissait d’un feu qui s’est déclaré simultanément dans deux cages d’escaliers et qui s’est propagé en un instant via un puits de jour central. L’intensité et la rapidité du sinistre étaient impressionnantes.
Souvenir personnel/cohésion le plus marquant dans ce CS ?
Sans hésitation, l’ambiance les potes de la caserne. La première année est toujours un peu compliquée quand on débarque, mais au fil du temps, on tisse de vraies amitiés. Pour te donner une idée, j’en suis déjà à mon troisième mariage de pompiers de Sévigné ! J’ai même été témoin de l’un de mes camarades de Villeneuve. Le fait de passer de longues gardes ensemble, de se voir à n’importe quelle heure et dans toutes sortes de situations, ça crée des liens très forts. Et ces liens perdurent même après un changement de caserne, une promotion ou même un départ de la Brigade.