
Web-série — La caserne de Ménilmontant, PC compagnie de la 12e CIE, fait partie des plus actives du secteur brigade. C’est dans ce cadre dynamique que se tisse une relation forte entre le caporal-chef Thibault Proux et son filleul de caserne, le caporal Malo Morin.
Bonjour Thibault, pourrais-tu te présenter ?
Bonjour, je suis le caporal-chef Thibault Proux, j’ai 12 ans et demi de service. J’ai commencé au CS Drancy, où j’ai passé huit années riches en interventions marquantes, en secours à victimes comme en incendie. J’ai notamment été engagé lors des attentats du Stade de France, un événement qui, sans entrer dans les détails, marque à vie tout pompier ou intervenant présent ce jour-là.
Depuis quatre ans, je suis affecté au CS Ménilmontant. C’est une caserne exigeante, avec un rythme soutenu, mais qui forme très bien. Sur le plan humain, j’ai eu la chance d’y encadrer plusieurs jeunes recrues, dont le caporal Malo Morin, mon filleul de caserne depuis deux ans. Une belle rencontre d’autant plus amusante que son capitaine chez les volontaires était aussi mon chef de centre à Drancy. Malo, je te laisse te présenter.
C’est ton tour désormais, Malo pourrais-tu te présenter ?
Bonjour, je m’appelle Malo Morin, je suis caporal depuis un an et j’ai deux ans et demi de service. Ménilmontant est ma première caserne, et j’en suis très heureux. Dès le départ, je souhaitais intégrer un CS qui décale beaucoup, par chance mon souhait a été exaucé !
Depuis l’enfance, j’ai toujours voulu devenir pompier. J’ai été JSP dès mes 12 ans à La Rochelle, ma ville natale. La Charente-Maritime, c’est une région que j’adore. J’y ai été nageur-sauveteur sur les plages l’été, ce qui m’a permis de passer plusieurs diplômes comme le permis bateau et le certificat de sauvetage aquatique (SSA).
Quel est le premier aspect positif qui vous vient en tête en pensant à ce CS ?
Thibault : Ce que je retiens d’abord, c’est le nombre de personnels à la garde : nous sommes 33 par jour. Cela peut paraître beaucoup, mais ça permet de croiser de nombreux profils, de varier les manières de travailler et d’apprendre les uns des autres. Et même quand plusieurs engins décalent, il reste toujours du monde à la caserne, ce qui évite de se retrouver seul pendant les temps calmes ou en sport.
Malo : Pour ma part, en tant que jeune pompier, je pense d’abord à l’opérationnel. Ménil’ est un CS très actif, ce que je cherchais en sortie de formation. C’est mon premier CS, donc j’y suis naturellement très attaché, que ce soit aux lieux ou à mes collègues. C’est là que je construis mes premières expériences.
Quelle spécificité ou type d’intervention caractérise ce secteur ?
Malo : Ménilmontant a la particularité d’avoir un secteur à la fois intra et extra-muros. C’est assez rare et très formateur : on intervient aussi bien dans le XIX et XXe arrondissement de Paris que dans le 93. C’est un vrai plus, car on ne s’ennuie jamais : chaque garde réserve son lot de surprises.
Quelle est l’intervention qui t’as le plus marqué dans ce CS Thibault ?
Thibault : Ce n’était pas une grosse intervention, mais elle m’a marqué humainement. On est partis en VSAV pour un arrêt cardio-respiratoire sur la voie publique. Une passante avait déjà commencé le massage. Grâce à son action et à notre prise en charge, la victime a été sauvée.
Une semaine plus tard, cet homme nous a contactés : il voulait nous remercier, ainsi que la dame et le personnel de l’ambulance de réanimation. Avec l’accord du commandement, nous l’avons accueilli à la caserne. La bonne samaritaine a même reçu une lettre de félicitations du général pour avoir pratiqué le massage cardiaque.
C’était un moment unique. En douze ans de service, ça ne m’était jamais arrivé. J’étais en plus de garde avec Malo, mon filleul, et cette rencontre a eu lieu… le jour de mes 30 ans. Une coïncidence touchante. On n’a pas l’habitude de recevoir autant de reconnaissance. C’est un souvenir gravé.
Thibault, as- un souvenir à partager sur Ménilmontant ?
Il y en a beaucoup. Mais si je devais partir demain, je repenserais d’abord à ma relation avec Malo. Ce lien parrain-filleul, on l’a vraiment construit, et aujourd’hui il est solide. Ensuite, je retiendrais aussi le noyau de caporaux-chefs qu’on forme à Ménil’. On organise souvent des moments de cohésion partout en France : c’est une vraie bande, avec des liens forts qui vont bien au-delà de la garde.
Et toi Malo, tu as un souvenir marquant dans ce CS ?
Je suis encore jeune dans le métier, mais ce que je vis ici est précieux. Ménil’, c’est ma première caserne, celle où j’ai tout découvert, où j’ai tissé mes premières vraies amitiés Brigz. J’y suis très attaché. Je vais bientôt intégrer le peloton des élèves caporaux-chefs, c’est assez rapide avec deux ans et demi de service. Et honnêtement, Thibault y est pour beaucoup : il a toujours été là pour me guider, m’encourager, me pousser à progresser. Ce soutien compte énormément.