
Histoire — Lorsque l’on pense aux pompiers, on visualise parfaitement ces silhouettes glissant le long d’une perche pour atteindre plus rapidement les véhicules de secours. Cependant, rares sont ceux qui connaissent l’histoire fascinante derrière cet outil indispensable. Plongeons dans l’origine de la perche et son impact sur les interventions.
Avant l’apparition des mâts de descente, les pompiers devaient se contenter d’escaliers pour rejoindre leurs véhicules en urgence. Au XIXe siècle, la configuration des casernes compliquait nettement les déplacements avec un rez-de-chaussée réservé aux chevaux et au matériel, tandis que les espaces de vie se trouvaient dans les étages supérieurs. Dans de nombreux postes, des escaliers en colimaçon étaient installés pour empêcher les chevaux de monter aux étages. Cependant, cela ralentissait considérablement les pompiers lors de leurs départs en intervention. Or, dans un contexte où les différentes compagnies étaient en concurrence pour être les premières sur les incendies, chaque seconde comptait. C’est dans ce cadre qu’apparaît une solution qui allait révolutionner le métier et la caserne.
L’idée d’un pompier afro-américain. Cette histoire émerge à Chicago, au sein de la Engine Company 21, une compagnie de pompiers entièrement composée d’Afro-Américains. Un jour, alors que le pompier George Reid se trouvait dans le grenier à foin au troisième étage de la caserne, l’alarme retentit. Plutôt que de descendre laborieusement par les escaliers, il décida de prendre un raccourci : il s’agrippa à un poteau en bois servant au transport du foin et glissa rapidement jusqu’au rez-de-chaussée. Son capitaine, David B. Kenyon, fut immédiatement séduit par cette idée. Convaincu de l’efficacité de cette méthode, Kenyon demanda à ses supérieurs l’autorisation de percer un trou dans le plancher et d’installer une perche permanente.
De la moquerie à l’adoption généralisée. L’idée fit d’abord sourire, mais la compagnie n° 21 démontra rapidement son efficacité. Grâce à cette innovation, ces pompiers arrivaient systématiquement les premiers sur les lieux des incendies, surtout la nuit. Devant un tel gain de temps, la ville de Chicago décida d’équiper progressivement toutes ses casernes de cette innovation. En 1880, la première perche en laiton fut installée dans la caserne de Worcester (Massachusetts), améliorant la sécurité et la rapidité de la descente.
L’invention traverse l’Atlantique, en 1885, avec le capitaine-ingénieur Arthur Krebs. Après un voyage d’étude aux États-Unis, des officiers du Régiment de sapeurs-pompiers de Paris rapportent cette idée en France. Les premières perches font ainsi leur apparition dans les casernes et les postes de la Capitale.
Un symbole en voie de disparition ? Bien qu’elle ait longtemps été associée à l’urgence et à l’efficacité, l’utilisation de la perche des pompiers tend à diminuer en raison des préoccupations croissantes en matière de sécurité. En effet, certains estiment qu’elle présente un risque de chute et d’accidents. Aujourd’hui, des nouvelles casernes sont conçues sans perche, privilégiant ainsi des bâtiments de plain-pied. Toutefois, certaines casernes des pompiers de Paris ont décidé de conserver et d’entretenir leurs mâts en laiton.
Bien que la perche soit un symbole de la tradition, son utilisation va au-delà de son aspect pratique. Elle symbolise l’ingéniosité et l’efficacité des pompiers dans leur lutte contre l’urgence.