GRAND FORMAT — Du rouge au vert : la contribution de la BSPP au développement durable

Grands formats — Qu’est-ce que le développement durable ? Quels en sont les piliers et les objectifs ? Mais surtout, comment la brigade de sapeurs-pompiers de Paris contribue-t-elle, à son niveau, au développement durable ? Nous avons donc passé le fonctionnement de notre institution au crible des dix-sept objectifs de l’Organisation des Nations Unies (ONU). Voici point par point, des éléments de réponses non-exhaustifs.

Nicho­las Bady —  — Modi­fiée le 4 mai 2021 à 04 h 38 

QU’EST-CE QUE LE DÉVELOPPEMENT DURABLE ?

Le déve­lop­pe­ment durable est un modèle d’organisation de la socié­té selon lequel l’amélioration des per­for­mances éco­no­miques ou sociales s’inscrit dans une pers­pec­tive de long terme. Concrè­te­ment, il s’agit d’une concep­tion de crois­sance éco­no­mique qui doit durer dans le temps. De plus, pour que le déve­lop­pe­ment soit consi­dé­ré comme durable, il doit éga­le­ment répondre à trois autres cri­tères bien spé­ci­fiques. En effet, le déve­lop­pe­ment doit être éco­no­mi­que­ment viable, socia­le­ment équi­table et éco­lo­gi­que­ment accep­table. Ce sont les trois piliers du déve­lop­pe­ment durable : le pilier éco­no­mique, le pilier social et le pilier environnemental.


L’efficacité éco­no­mique consiste à dimi­nuer la pau­vre­té et l’extrême pau­vre­té dans le monde, notam­ment en garan­tis­sant un emploi digne­ment rému­né­ré au plus grand nombre. Selon l’agence de la tran­si­tion éco­lo­gique (ADEME), éta­blis­se­ment public de réfé­rence sous la tutelle du minis­tère de la Tran­si­tion éco­lo­gique et du minis­tère de l’Enseignement supé­rieur, de la Recherche et de l’Innovation, l’économie durable « est une ges­tion saine des acti­vi­tés humaines sans pré­ju­dice pour l’Homme ou pour l’environnement ». L’équité sociale consiste à garan­tir à l’ensemble de la socié­té un accès aux res­sources et aux ser­vices de base tels que l’éducation, la san­té, l’alimentation ou encore le loge­ment. La réduc­tion des inéga­li­tés et le main­tien de la cohé­sion sociale à chaque niveau, local, régio­nal ou mon­dial, est un fon­de­ment du déve­lop­pe­ment durable. Enfin, l’aspect le plus connu du déve­lop­pe­ment durable consiste à limi­ter les impacts envi­ron­ne­men­taux liés aux acti­vi­tés humaines, à pré­ser­ver les éco­sys­tèmes et les res­sources natu­relles de la pla­nète sur le long terme.

Fin 2015, l’assemblée géné­rale des Nations unies a adop­té à l’unanimité un pro­gramme de déve­lop­pe­ment durable à l’horizon 2030, com­mu­né­ment appe­lé « agen­da 2030 ». Ce pro­gramme est défi­ni par l’ONU comme étant « un plan d’action pour que tous les pays – pauvres, riches ou à reve­nus moyens – puissent pros­pé­rer en pro­té­geant la pla­nète et vivre en paix ». L’agenda 2030 contient dix-sept objec­tifs de déve­lop­pe­ment durable (ODD) qui « donnent la marche à suivre pour par­ve­nir à un ave­nir meilleur et plus durable pour tous. Ils répondent aux défis mon­diaux aux­quels nous sommes confron­tés, notam­ment ceux liés à la pau­vre­té, aux inéga­li­tés, au cli­mat, à la dégra­da­tion de l’environnement, à la pros­pé­ri­té, à la paix et à la jus­tice. Les objec­tifs sont inter­con­nec­tés et, pour ne lais­ser per­sonne de côté, il est impor­tant d’atteindre cha­cun d’entre eux, et cha­cune de leurs cibles, d’ici à 2030 ».

Le déve­lop­pe­ment durable sur ses trois pilliers
Les points clés du déve­lop­pe­ment durable

LES 17 OBJECTIFS DE L’ONU ET LA BSPP

1 — PAS DE PAUVRETÉ
Dans le monde, avoir un emploi ne garan­tit mal­heu­reu­se­ment pas une vie décente. D’après l’organisation des Nations unies, plus de 780 mil­lions de per­sonnes vivent en des­sous du seuil de pau­vre­té inter­na­tio­nal, fixé à 1,90 dol­lar par jour. Force est de consta­ter que la France, notam­ment au tra­vers de ses armées, offre à cha­cun de ses citoyens (et même aux étran­gers, au titre de la Légion étran­gère) la pos­si­bi­li­té de vivre digne­ment et de construire sa vie. La bri­gade de sapeurs-pom­piers de Paris n’échappe évi­dem­ment pas à cette véri­té. En effet, la BSPP garan­tit à cha­cun de ses sapeurs-pom­piers non seule­ment une solde per­met­tant de mener une vie décente pen­dant plu­sieurs années, par­fois toute une vie, mais éga­le­ment la pos­si­bi­li­té de s’élever socia­le­ment, par l’effort, au tra­vers de l’avancement. Par sa simple exis­tence et son mode de fonc­tion­ne­ment, la Bri­gade contri­bue indi­rec­te­ment aux objec­tifs de l’ONU en termes de lutte contre la pauvreté.

2 — FAIM « ZÉRO »
La faim dans le monde est une réa­li­té. Les esti­ma­tions actuelles montrent que près de 690 mil­lions de per­sonnes à tra­vers la pla­nète souffrent de la faim [3]. Cela signi­fie que dans le monde, une per­sonne sur neuf envi­ron est sous-ali­men­tée et ne mange pas à sa faim. Bien que pays déve­lop­pé, la France n’est pas épar­gnée par la sous-ali­men­ta­tion. Mais com­ment la BSPP peut-elle lut­ter contre ce phé­no­mène ? En limi­tant au maxi­mum, à son niveau, le gas­pillage ali­men­taire. En pro­dui­sant au plus juste. C’est le fameux « nombre de ration­naires » que les centres de secours font remon­ter au garde-cui­sine du PC de com­pa­gnie. Mais pas que. À l’échelle de la Bri­gade, la juste pré­vi­sion des repas est un enjeu finan­cier et éco­lo­gique majeur. Le bureau res­tau­ra­tion hôtel­le­rie et loi­sir (BRHL), au tra­vers du sys­tème infor­ma­tique de ges­tion des ordi­naires, vise à tra­vailler en inter­opé­ra­bi­li­té avec le logi­ciel SIGTAO [4] afin de pré­voir le nombre exact de ration­naires dans toutes les emprises de la BSPP. En outre, le BRHL a lan­cé un appel d’offres afin de valo­ri­ser les livrai­sons de den­rées par des véhi­cules non pol­luants (clas­sés Crit’Air 1). Par ailleurs, cet appel d’offres valo­rise éga­le­ment les pro­duits locaux, en cir­cuit-court, notam­ment afin de réduire la pol­lu­tion liée au transport.

3 — BONNE SANTÉ ET BIEN-ÊTRE
L’ONU est for­melle : per­mettre à tous de vivre en bonne san­té et pro­mou­voir le bien-être de tous, à tout âge, sont des condi­tions essen­tielles au déve­lop­pe­ment durable. Cette affir­ma­tion pleine de sens fait écho à la mis­sion pre­mière de la Bri­gade : por­ter secours. Secou­rir quelqu’un est par­fois le pre­mier pas vers un retour à une bonne san­té, qu’elle soit phy­sique ou psy­cho­lo­gique. Par ailleurs, la Bri­gade est for­melle : être en bonne san­té et en par­faite condi­tion phy­sique sont des condi­tions essen­tielles au déve­lop­pe­ment durable du pom­pier de Paris !

4 — ÉDUCATION DE QUALITÉ
Prix Nobel de la Paix en 1993, Nel­son Man­de­la a qua­li­fié l’éducation comme étant « l’arme la plus puis­sante qu’on puisse uti­li­ser pour chan­ger le monde ». Par­tout sur la pla­nète, dans toutes les socié­tés, l’éducation est un enjeu majeur. Si bien que l’ONU consacre un objec­tif de déve­lop­pe­ment durable entier à la seule édu­ca­tion des enfants. La Bri­gade a éga­le­ment bien com­pris les bien­faits de l’éducation et déve­loppe depuis plu­sieurs années un ensemble de pro­grammes appe­lés « dis­po­si­tifs jeu­nesse » et coor­don­nés par le bureau ingé­nie­rie de la for­ma­tion (BIF). L’école ouverte pro­pose à des col­lé­giens de 11 à 14 ans d’être sen­si­bi­li­sés aux acci­dents de la vie cou­rante. Dans le même esprit, près de 90 cadets de la sécu­ri­té civile (CSC) sont éga­le­ment sen­si­bi­li­sés aux com­por­te­ments de pré­ven­tion, chaque année. La Bri­gade accueille éga­le­ment tous les ans, et pour trois ans, entre 90 et 120 jeunes de 15 à 18 ans au sein des jeunes sapeurs-pom­piers de Paris (JSPP). La BSPP est éga­le­ment enga­gée dans la for­ma­tion d’élèves can­di­dats au bac­ca­lau­réat pro­fes­sion­nel des métiers de la sécu­ri­té. Enfin, la forte contri­bu­tion de la Bri­gade au dis­po­si­tif d’en­cou­ra­ge­ment à l’en­ga­ge­ment citoyen, le ser­vice civique, démontre tout l’in­té­rêt que porte la BSPP à l’éducation des jeunes.

5 — ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES
À l’échelle du monde, la France, les armées et la BSPP sont clai­re­ment en avance en matière d’égalité entre les sexes. En effet, l’égalité est l’une des valeurs fon­da­trices des armées. En France, les femmes et les hommes mili­taires ont les mêmes droits, les mêmes devoirs et aus­si la même solde. Le taux de fémi­ni­sa­tion du minis­tère des Armées dépasse les 20 %. Il est d’ailleurs per­ti­nent de sou­li­gner que l’actuelle ministre de Armées est une femme. Pour autant, l’égalité hommes-femmes (ou femmes-hommes) est encore en déve­lop­pe­ment au sein des armées. À la Bri­gade, un réseau de réfé­rents « mixi­té-éga­li­té » se déve­loppe notam­ment dans le but de valo­ri­ser la mixi­té au sein de l’Institution et d’améliorer la fidé­li­sa­tion des femmes (le taux de fémi­ni­sa­tion de la BSPP est de « seule­ment » 5 %). Concrè­te­ment, la prise en compte de la gros­sesse et du congé paren­tal, dans le cadre de l’avancement et de la car­rière des femmes mili­taires, est un exemple des mesures des­ti­nées à ren­for­cer l’égalité des sexes au sein de la Brigade.

6 — EAU PROPRE ET ASSAINISSEMENT
Cer­tains ana­lystes consi­dèrent déjà que le XXIe siècle est celui de l’or bleu : l’eau. L’accès et la ges­tion de l’eau potable à l’échelle de l’humanité consti­tuent incon­tes­ta­ble­ment un enjeu majeur pour les années à venir. La Bri­gade, par défi­ni­tion consom­ma­trice d’eau dans le cadre de la lutte contre l’incendie, est depuis de nom­breuses années sen­si­bi­li­sée à cette pro­blé­ma­tique cru­ciale. Deux pro­jets illus­trent notam­ment l’importance que la BSPP accorde à la ges­tion ver­tueuse de l’eau. À LVV, future école du sapeur-pom­pier de Paris, un réseau de bouches et poteaux d’incendie en cir­cuit fer­mé et d’une capa­ci­té de près de 4 000 m³ garan­ti­ra l’autonomie en eau à l’ensemble des recrues et sta­giaires en for­ma­tion, grâce à un ingé­nieux sys­tème de récu­pé­ra­tion de l’eau uti­li­sée et des eaux de pluies. D’un point de vue opé­ra­tion­nel, outre l’ac­qui­si­tion d’émulseurs non fluo­rés, l’extinction des feux au moyen de la bru­mi­sa­tion dipha­sique (à décou­vrir dans le dos­sier consa­cré aux « feux de demain » de notre édi­tion de sep­tembre 2020) et la pos­si­bi­li­té de divi­ser par cinq la consom­ma­tion d’eau sus­citent beau­coup d’espoir.


Le cycle de l’eau

7 — ÉNERGIE PROPRE ET D’UN COÛT ABORDABLE
Afin de par­ti­ci­per à l’effort de réduc­tion des pol­luants dans l’agglomération pari­sienne, la Bri­gade s’est enga­gée à rem­pla­cer une par­tie de ses véhi­cules à éner­gie ther­mique par des véhi­cules à éner­gie élec­trique ou hybride. Cet enga­ge­ment concerne d’abord les véhi­cules légers et poten­tiel­le­ment, dans un ave­nir proche, les véhi­cules de secours et d’assistance aux vic­times. Mal­heu­reu­se­ment, la tech­no­lo­gie actuelle ne per­met pas encore aux construc­teurs auto­mo­biles de pro­po­ser à la BSPP des engins-pompes élec­triques aux per­for­mances équi­va­lentes aux engins actuels. À ce jour, 32 véhi­cules légers élec­triques sont déjà en ser­vice à la BSPP, dont celui du géné­ral. C’est un bon début !

8 — TRAVAIL DÉCENT ET CROISSANCE ÉCONOMIQUE
Afin de déve­lop­per la crois­sance éco­no­mique, l’ONU consi­dère que la baisse du taux de chô­mage et la créa­tion d’opportunités d’emploi pour les jeunes sont deux prio­ri­tés. Avec plus de 1 200 postes à pour­voir par an, la bri­gade de sapeurs-pom­piers de Paris apporte, à son niveau, sa pierre à l’édifice. Le bureau orga­ni­sa­tion des res­sources humaines (BORH) est le garant d’un par­cours de car­rière indi­vi­dua­li­sé où cha­cun est acteur de sa condi­tion. Concer­nant l’aspect décent de la pro­fes­sion, la Bri­gade est enga­gée depuis de nom­breuses années dans une logique d’amélioration des condi­tions de tra­vail, afin que chaque pom­piers de Paris puisse mieux vivre son métier et mieux vivre de son métier. Les dif­fé­rentes primes et offres de loge­ments, comme le sui­vi psy­cho­lo­gique et les mesures visant à amé­lio­rer le som­meil des sapeurs-pom­piers en sont des exemples concrets, par­mi d’autres.

9 — INDUSTRIE, INNOVATION ET INFRASTRUCTURE
La réa­li­sa­tion d’infrastructures res­pec­tueuses de l’environnement, favo­ri­sant la crois­sance et l’é­pa­nouis­se­ment de l’homme est indis­so­ciable du concept de déve­lop­pe­ment durable. De la plus petite ampoule au plus grand des bâti­ments en pas­sant par les chauf­fe­ries ou les appa­reils de cui­sine, chaque détail compte. Ain­si, la construc­tion de la future école des sapeurs-pom­piers de Paris (à LVV) répond à toutes les normes envi­ron­ne­men­tales actuel­le­ment en vigueur. Plus lar­ge­ment, les mil­liers d’ampoules de nos centres de secours sont pro­gres­si­ve­ment rem­pla­cées par des LED, bien moins gour­mandes en éner­gie pour un éclai­rage équi­valent. Le bureau et la com­pa­gnie sou­tien infra­struc­ture (BSI et CSI) tiennent compte du cycle de vie des bâti­ments et des maté­riaux dans la réa­li­sa­tion de leurs tra­vaux et s’informent de toutes les inno­va­tions pou­vant amé­lio­rer la qua­li­té de vie des sapeurs-pom­piers, ain­si que le déve­lop­pe­ment durable de nos infrastructures.

10 — INÉGALITÉS RÉDUITES
« Je ne veux connaître ni ta phi­lo­so­phie, ni ta reli­gion, ni ta ten­dance poli­tique, peu m’importe que tu sois jeune ou vieux, riche ou pauvre, fran­çais ou étran­ger. Si je me per­mets de te deman­der quelle est ta peine, ce n’est pas par indis­cré­tion mais bien pour mieux t’aider. » Com­ment ne pas évo­quer l’éthique du pom­pier de Paris, rédi­gée par le géné­ral Cas­so en 1963, lorsque l’ONU recom­mande de sou­te­nir les per­sonnes mar­gi­na­li­sées et désa­van­ta­gées ? La voca­tion de la Bri­gade et de chaque sapeur-pom­pier de Paris est sans équi­voque : por­ter secours à tous, en tout temps et en tout lieu.

11 — VILLES ET COMMUNAUTÉS DURABLES
Le concept de déve­lop­pe­ment durable se décline éga­le­ment en termes d’urbanisme et d’architecture. On parle alors d’architecture éco­lo­gique ou durable, qui per­met la construc­tion de bâti­ments plus res­pec­tueux de l’environnement et par­fois même de véri­tables « éco­quar­tiers ». Mais ces nou­veaux modes de déve­lop­pe­ment urbains impliquent la prise en compte de nou­veaux risques, notam­ment en matière de sécu­ri­té incen­die. La BSPP, au tra­vers de son bureau pré­ven­tion (BPREV), mène des tra­vaux de recherche visant à défi­nir des règles de pré­ven­tion incen­die pour les construc­tions en maté­riaux bio­sour­cés, comme le bois. Concrè­te­ment, l’optimisation de la sta­bi­li­té au feu, la sup­pres­sion des colles inflam­mables ou la recherche de solu­tions d’extinction auto­ma­tique adap­tées au bois sont autant de sujets que le BPREV étu­die afin d’améliorer la sécu­ri­té incen­die de ces nou­velles construc­tions. Tou­jours dans la dyna­mique d’architecture durable, la Bri­gade est éga­le­ment consul­tée quant à l’utilisation de sources d’énergies renou­ve­lables, comme l’énergie solaire avec les pan­neaux pho­to­vol­taïques, afin d’émettre des avis tech­niques de pré­ven­tion incen­die. La prise en compte de l’aspect durable de l’architecture est tout sim­ple­ment indis­so­ciable de la mis­sion de la bri­gade de sapeur-pom­pier de Paris. Dans la même idée, le déve­lop­pe­ment des véhi­cules hybrides oblige les sapeurs-pom­piers à modi­fier quelque peu leur mode opé­ra­toire en cas d’incendie (voir notre article page 60).

12 — CONSOMMATION ET PRODUCTION RESPONSABLES
La pro­duc­tion et la consom­ma­tion sont deux sujets extrê­me­ment larges. L’ONU estime que « si la popu­la­tion mon­diale atteint 9,6 mil­liards de per­sonnes d’ici à 2050, l’équivalent de près de trois pla­nètes pour­rait être néces­saire pour four­nir les res­sources néces­saires pour main­te­nir les modes de vie actuels ». Les actions à mener dans ce domaine sont tita­nesques mais la Bri­gade actionne d’ores et déjà quelques leviers, à son niveau, afin de mieux consom­mer. Et consom­mer de façon res­pon­sable passe notam­ment par le recy­clage. Au sein de l’Institution, le tri sélec­tif va bien­tôt se géné­ra­li­ser, sous l’im­pul­sion du cabi­net du géné­ral et de sa sec­tion QSSE[5]. Du côté de la com­pa­gnie sou­tien infra­struc­ture (CSI), dont la mis­sion engendre de nom­breux déchets de démo­li­tion, le tri est éga­le­ment deve­nu une évi­dence. L’imprimerie de la Bri­gade, elle aus­si, œuvre pour consom­mer de façon plus res­pon­sable : uti­li­sa­tion de car­touches d’encre recy­clées et sans sol­vant, sup­pres­sion des pro­duits chi­miques et consom­ma­tion de papier cer­ti­fié PEFC[6] sont autant de démarches à citer en exemple. Des com­posts fleu­rissent dans les enceintes des centres de secours, si bien que la ges­tion des bio­dé­chets pour­rait bien­tôt deve­nir un sujet majeur. L’activité de soin pro­duit éga­le­ment son lot de déchets : les déchets d’activité de soin à risque infec­tieux (DASRI). L’incinération des DASRI étant plus consom­ma­trice d’énergie que des déchets clas­siques, leur juste tri est une néces­si­té. Par ailleurs, la dimi­nu­tion du nombre de gobe­lets en plas­tique, qui pour­rait paraître anec­do­tique, est un véri­table sujet de pré­oc­cu­pa­tion. Ce ne sont, évi­dem­ment, que des exemples et le che­min de la consom­ma­tion res­pon­sable est encore long, mais un long che­min com­mence tou­jours par un simple pas.


Le futur centre de for­ma­tion des pom­piers de Paris répond à l’es­sen­tiel des objec­tifs de déve­lop­pe­ment durable.

13 — MESURES RELATIVES À LA LUTTE CONTRE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
Agir main­te­nant pour arrê­ter le réchauf­fe­ment cli­ma­tique en cours. En effet, l’année 2019 a été la deuxième plus chaude de l’histoire après 2016, selon une étude de l’ONU. Sou­vent en pre­mière ligne face aux épi­sodes cani­cu­laires récur­rents à Paris, la Bri­gade a plei­ne­ment conscience de la situa­tion. Le plan de moder­ni­sa­tion de la BSPP est d’ailleurs très clair : il faut ins­crire la BSPP dans une démarche de déve­lop­pe­ment durable. Pour cela, les mesures sont nom­breuses : l’électrification du parc auto­mo­bile à hau­teur de 50 % de véhi­cules légers élec­triques d’ici 2030, la réno­va­tion des infra­struc­tures, notam­ment en terme de chauf­fage, le plan de trans­for­ma­tion numé­rique avec la déma­té­ria­li­sa­tion des pro­cé­dures ou encore la bru­mi­sa­tion dipha­sique sont autant d’exemples concrets qui ins­crivent la Bri­gade dans une logique de déve­lop­pe­ment durable.

14 — VIE AQUATIQUE
Concer­nant la vie aqua­tique, l’objectif de l’ONU est de conser­ver et exploi­ter de manière durable les océans, les mers et les res­sources marines aux fins du déve­lop­pe­ment durable. La Seine, qui tra­verse le sec­teur de la Bri­gade avant de se jeter dans la Manche entre Le Havre (76) et Hon­fleur (14), fait par­tie inté­grante du cycle de l’eau et contri­bue à ali­men­ter les océans en eau. Bien que la lutte contre la pol­lu­tion de l’eau soit un véri­table enjeu de socié­té et que la qua­li­té de l’eau de la Seine fasse l’objet de nom­breux débats, la contri­bu­tion de la Bri­gade dans ce domaine est res­treinte à son aspect opé­ra­tion­nel, tant l’ampleur de la tâche est immense. En effet, nos sapeurs-pom­piers inter­viennent plu­sieurs fois par an dans le cadre de mis­sions de dépol­lu­tion, notam­ment de récu­pé­ra­tion d’hydrocarbures, mais ne peuvent que consta­ter, impuis­sants, les nom­breuses inci­vi­li­tés contri­buant à la pol­lu­tion de l’eau et par exten­sion, des océans.

15 — VIE TERRESTRE
Cet objec­tif onu­sien vise à pré­ser­ver et res­tau­rer les éco­sys­tèmes ter­restres et mettre fin à l’ap­pau­vris­se­ment de la bio­di­ver­si­té. Une inten­tion pri­mor­diale, tant la nature est indis­pen­sable au fonc­tion­ne­ment de la vie sur terre, mais rela­ti­ve­ment éloi­gnée du domaine de com­pé­tence des sapeurs-pom­piers de Paris… Et pour­tant, un groupe de pom­piers de Paris pas­sion­nés contri­bue bel et bien à pré­ser­ver une espèce mena­cée : les abeilles. Car des ruches sont effec­ti­ve­ment ins­tal­lées au fort de la Briche, à Saint-Denis (93), et sur les toits de l’état-major, à Paris (XVIIe). Ces ruchers (ndlr : un rucher est un groupe de ruches) per­mettent non seule­ment de for­mer les pom­piers de Paris aux risques liés aux hymé­no­ptères mais aus­si à sen­si­bi­li­ser les familles logées sur place, tout en contri­buant modes­te­ment à la pré­ser­va­tion de l’environnement. Enfin, ruches et abeilles étant syno­nymes de miel, les rela­tions publiques de la Bri­gade ont par­fois un agréable petit goût sucré, qui n’est pas sans déplaire à nos visiteurs.


Ruches sur le toit de l’é­tat major

16 — PAIX, JUSTICE ET INSTITUTIONS EFFICACES
Voi­là un objec­tif de déve­lop­pe­ment durable pour lequel la BSPP n’a pas à rou­gir de timi­di­té. En effet, la recherche de l’efficacité maxi­mum est ancrée dans l’ADN de l’Institution depuis tou­jours. Altruisme, effi­cience et dis­cré­tion guident le pom­pier de Paris depuis sa for­ma­tion ini­tiale jusqu’à la fin de son enga­ge­ment et sou­vent au-delà. Aujourd’hui, la bri­gade de sapeurs-pom­piers de Paris absorbe plus de deux mil­lions d’appels par an et réa­lise en moyenne près de 1 400 inter­ven­tions par jour. Les départs de secours s’en­chaînent donc au rythme effré­né d’une sor­tie toutes les minutes. Le temps de pré­sen­ta­tion moyen des engins de secours de la BSPP se situe aux alen­tours de huit minutes. Autant de per­for­mances qui font de la Bri­gade un modèle d’efficacité recon­nu et, sou­vent, une source d’inspiration.

17 — PARTENARIATS POUR LA RÉALISATION DES OBJECTIFS
Il s’agit pour l’ONU de déve­lop­per une coopé­ra­tion et des par­te­na­riats mon­diaux afin de lever des fonds pour aider les pays en déve­lop­pe­ment à finan­cer des mesures éco­no­miques, sociales et envi­ron­ne­men­tales, dans le but de concré­ti­ser des objec­tifs de déve­lop­pe­ment durable à tra­vers le monde. Soyons réa­listes, cet objec­tif dépasse quelque peu le champ d’action de la bri­gade de sapeurs-pom­piers de Paris.
Le déve­lop­pe­ment durable est bien l’affaire de tous. Chaque geste compte. La Bri­gade, à son niveau et de façon plus ou moins directe, contri­bue elle aus­si à faire évo­luer son mode de fonc­tion­ne­ment pour tendre vers un monde plus ver­tueux, éco­no­mi­que­ment viable, socia­le­ment équi­table et éco­lo­gi­que­ment accep­table. Cer­taines actions peuvent paraître anec­do­tiques, voire déri­soires, tant l’ampleur de la tâche est colos­sale. Mais chaque geste compte. Notre dos­sier ne men­tionne pas, par impos­si­bi­li­té d’ex­haus­ti­vi­té, l’ensemble des mesures, des actions du quo­ti­dien et des démarches per­son­nelles qui font avan­cer la cause du déve­lop­pe­ment durable. Mais chaque geste compte.

[1] Notam­ment du 3e régi­ment de para­chu­tistes d’infanterie de marine (3e RPI­Ma).
[2] La France est membre per­ma­nent du Conseil de sécu­ri­té de l’ONU.
[3] Source : ONU.
[4] SIGTAO : sys­tème d’information de ges­tion du temps et de l’activité opé­ra­tion­nels.
[5] QSSE : qua­li­té — san­té — sécu­ri­té — envi­ron­ne­ment.
[6] La cer­ti­fi­ca­tion PEFC du papier atteste du res­pect des fonc­tions envi­ron­ne­men­tales, éco­no­miques et sociales des forêts.


LE REGARD DU COLONEL

COLONEL STÉPHANE TOLLEMER


SOUS-CHEF DE LA DIVISION LOGISTIQUE ET RÉFÉRENT « DÉVELOPPEMENT DURABLE » DE LA BSPP

” CHACUN DOIT AVOIR CONSCIENCE DE SON IMPORTANCE ”

Pour­quoi est-il impor­tant pour la bri­gade de sapeurs-pom­piers de Paris de contri­buer, à son niveau, au déve­lop­pe­ment durable ?
Au-delà de la simple ins­crip­tion du déve­lop­pe­ment durable dans le plan de moder­ni­sa­tion de la Bri­gade 2020 – 2029, il s’agit clai­re­ment de pré­pa­rer l’avenir de nos enfants… et de nos petits-enfants. Non pas uni­que­ment à l’échelle de la Bri­gade, mais bien au-delà ! Indé­nia­ble­ment, notre mode de vie actuel condi­tionne celui des géné­ra­tions à venir. Le déve­lop­pe­ment durable doit donc être la pré­oc­cu­pa­tion de tous, indi­vi­duel­le­ment comme col­lec­ti­ve­ment, car ses enjeux sont consi­dé­rables.
De plus, notre ins­ti­tu­tion est par voca­tion au ser­vice des autres. Son enga­ge­ment dans une démarche de déve­lop­pe­ment durable paraît donc presque natu­rel. Enfin, comme uni­té mili­taire recon­nue, la BSPP se doit de mon­trer l’exemple.

Quel regard por­tez-vous sur l’engagement de la Bri­gade en terme de déve­lop­pe­ment durable ?
Il est néces­saire d’avoir une approche glo­bale du déve­lop­pe­ment durable et de prendre en compte ses aspects sociaux, éco­no­miques et envi­ron­ne­men­taux. Aus­si, et bien que per­fec­tible, notre bilan est à la fois posi­tif et encou­ra­geant pour l’avenir.
Sans en avoir conscience, nous contri­buons quo­ti­dien­ne­ment aux objec­tifs de déve­lop­pe­ment durable. En effet, les mesures prises dans le cadre de l’amélioration des condi­tions de tra­vail et de la qua­li­té de vie, mais éga­le­ment la for­ma­tion des plus jeunes ou encore la pro­mo­tion de l’égalité hommes-femmes sont autant de sujets qui contri­buent à faire avan­cer la cause du déve­lop­pe­ment durable.
Par ailleurs, le plan de moder­ni­sa­tion de la Bri­gade nous engage à prendre des mesures concrètes, notam­ment dans le cadre de la pré­ser­va­tion de l’environnement. à titre d’illustration, la BSPP vient de faire l’acquisition du pre­mier véhi­cule d’autorité hybride rechar­geable au sein de la Pré­fec­ture de Police.

Quels sont vos prin­ci­paux axes d’effort pour les années à venir ?
Nous allons pour­suivre notre enga­ge­ment et nos efforts dans tous les domaines. Les sujets sont nom­breux : l’électrification du parc auto­mo­bile, avec l’acquisition de près de 20 véhi­cules élec­triques par an ; la mise en place de réfé­rents « mixi­té-éga­li­té » au sein des grou­pe­ments pour pro­mou­voir l’égalité au sein d’une ins­ti­tu­tion encore très mas­cu­line ; ou encore l’éducation des popu­la­tions, notam­ment au tra­vers du pro­gramme « Vivre ensemble » du bureau études et pros­pec­tive (BEP).
La Bri­gade dis­pose d’une cer­taine auto­no­mie dans le cadre de la pré­pa­ra­tion de son ave­nir. Nous devons en user intel­li­gem­ment, afin de conti­nuer à pro­gres­ser et res­ter un exemple.

Credits

Photos BCom BSPP et DR

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