UN POMPIER, UN CS — Anthony au CS Pouchet

Raphaël Orlan­do —  — Modi­fiée le 7 avril 2025 à 10 h 01 

Web-série — Situé en plein cœur du 17ᵉ arrondissement de Paris, à deux pas de l’hôpital Bichat, le centre de secours Pouchet se distingue par sa spécialité NRBC. Le sergent Anthony Epinat, nous partage son parcours et son attachement à la vie en caserne, 20 ans après son entrée au fort de Villeneuve-Saint-Georges.

Bon­jour ser­gent, pou­vez-vous vous présenter ?

Bon­jour, je suis le Ser­gent Antho­ny Epi­nat, j’ai 40 ans et bien­tôt 20 ans de ser­vice à la Bri­gade. J’ai inté­gré la BSPP en juin 2005 en débu­tant au centre de secours Blanche, où j’ai ser­vi pen­dant huit ans. Après un pas­sage par la remise, j’ai rejoint le PEC avant de deve­nir gra­dé remise. En 2013, après avoir obte­nu le PECCH, j’ai été muté au CS Cli­chy-sous-Bois pen­dant deux ans, puis en tant que sous-offi­cier à Pier­re­fitte pen­dant quatre ans et à Vil­le­momble durant un an et demi. Aujourd’hui, cela fait quatre ans et demi que je suis affec­té au CS NRBC Pou­chet en tant que chef de remise.

Quel est le pre­mier aspect posi­tif qui vous vient en tête en pen­sant à ce CS ?

Sans hési­ter, la spé­cia­li­té. Au-delà du CS Pou­chet, je dirais que le Grou­pe­ment des appuis et de secours (GAS) per­met d’aborder les inter­ven­tions sous un angle dif­fé­rent. Il nous offre aus­si la pos­si­bi­li­té d’accéder à des for­ma­tions recon­nues dans le milieu civil et d’avoir des oppor­tu­ni­tés de départ en opex ou en déta­che­ment plus faci­le­ment grâce à nos qua­li­fi­ca­tions. Pour ma part, j’ai eu la chance de par­tir deux fois en déta­che­ment au Came­roun et en début d’année à Mayotte.

Quelles spé­ci­fi­ci­tés ou type d’inter’ pour ce secteur ?

Nous avons un VSAV qui peut être enga­gé sur notre car­ré des neufs en cas de besoin. Concer­nant la spé­cia­li­té Nucléaire, radio­lo­gique, bio­lo­gique et chi­mique (NRBC), les mis­sions sont variées car le domaine englobe de nom­breuses com­pé­tences et une large gamme de maté­riels. Nous dis­po­sons aus­si d’une Berce Pro­duc­teur Mousse (BPM), d’équipements pour réa­li­ser des trouées et pour la ges­tion des feux de joints de dila­ta­tion, ce qui nous per­met d’apporter un sou­tien aux autres centres d’in­cen­die et de secours également.

Quelle est l’intervention qui vous a le plus mar­qué dans ce CS ?

En 20 ans, des inter­ven­tions mar­quantes, j’en ai vu, bien qu’au niveau NRBC, je n’en ai pas encore vécu. Il y a une inter­ven­tion dont je me sou­vien­drai tou­jours : c’était un dimanche matin sur le mar­ché de Vil­le­momble. Nous sommes appe­lés pour une dame en arrêt car­dio-res­pi­ra­toire sur la voie publique. Nous com­men­çons la manœuvre et réus­sis­sons à la rame­ner avant de l’emmener à l’hôpital le plus proche. L’intervention se ter­mine sans que nous ayons de nou­velles de la dame.

Quelques mois plus tard, je ter­mine une inter­ven­tion et, au moment de par­tir des lieux, un mon­sieur m’aborde en me tapant sur l’épaule. Je n’arrive pas à remettre son visage et je ne com­prends pas exac­te­ment ce qu’il sou­haite. Puis il me demande si je recon­nais sa femme… Il s’agissait de la dame du mar­ché que nous avions sau­vée trois mois plus tôt. Je suis res­té bouche bée au début, car c’était un moment touchant.

Même si, pour nous, ce type d’intervention fait par­tie du « quo­ti­dien », j’ai trou­vé ça incroyable de pou­voir revoir cette femme vivre sa vie, son quo­ti­dien, alors que tout aurait pu s’arrêter sans l’intervention des secours. Pour moi, c’est un moment qui m’a pro­fon­dé­ment mar­qué et qui m’a rap­pe­lé toute la valeur de notre mis­sion de por­ter secours.

Sou­ve­nir personnel/​cohésion le plus mar­quant dans ce CS ?

Ce qui me marque le plus, ce n’est pas un évé­ne­ment en par­ti­cu­lier, mais plu­tôt la vie en caserne. C’est une véri­table famille qui se construit au fil des années. On apprend à connaître cha­cun, à com­po­ser avec les per­son­na­li­tés et les habi­tudes de tous Cer­tains il ne faut pas leur par­ler avant leur café du matin, d’autres, après minuit c’est compliqué …

Je cite des exemples mais de manière géné­rale, cette diver­si­té humaine est une vraie richesse. On ren­contre et on vit avec des per­sonnes que l’on n’aurait peut-être jamais croi­sées ailleurs, à cause de dif­fé­rences de milieux sociaux, de croyances ou de carac­tères. Mais à la Bri­gade, tout cela n’a plus d’im­por­tance : on apprend à vivre ensemble, à se décou­vrir et sou­vent à s’ap­pré­cier. Humai­ne­ment, c’est une expé­rience unique.


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