Web-série — Situé en plein cœur du 17ᵉ arrondissement de Paris, à deux pas de l’hôpital Bichat, le centre de secours Pouchet se distingue par sa spécialité NRBC. Le sergent Anthony Epinat, nous partage son parcours et son attachement à la vie en caserne, 20 ans après son entrée au fort de Villeneuve-Saint-Georges.
Bonjour sergent, pouvez-vous vous présenter ?
Bonjour, je suis le Sergent Anthony Epinat, j’ai 40 ans et bientôt 20 ans de service à la Brigade. J’ai intégré la BSPP en juin 2005 en débutant au centre de secours Blanche, où j’ai servi pendant huit ans. Après un passage par la remise, j’ai rejoint le PEC avant de devenir gradé remise. En 2013, après avoir obtenu le PECCH, j’ai été muté au CS Clichy-sous-Bois pendant deux ans, puis en tant que sous-officier à Pierrefitte pendant quatre ans et à Villemomble durant un an et demi. Aujourd’hui, cela fait quatre ans et demi que je suis affecté au CS NRBC Pouchet en tant que chef de remise.
Quel est le premier aspect positif qui vous vient en tête en pensant à ce CS ?
Sans hésiter, la spécialité. Au-delà du CS Pouchet, je dirais que le Groupement des appuis et de secours (GAS) permet d’aborder les interventions sous un angle différent. Il nous offre aussi la possibilité d’accéder à des formations reconnues dans le milieu civil et d’avoir des opportunités de départ en opex ou en détachement plus facilement grâce à nos qualifications. Pour ma part, j’ai eu la chance de partir deux fois en détachement au Cameroun et en début d’année à Mayotte.
Quelles spécificités ou type d’inter’ pour ce secteur ?
Nous avons un VSAV qui peut être engagé sur notre carré des neufs en cas de besoin. Concernant la spécialité Nucléaire, radiologique, biologique et chimique (NRBC), les missions sont variées car le domaine englobe de nombreuses compétences et une large gamme de matériels. Nous disposons aussi d’une Berce Producteur Mousse (BPM), d’équipements pour réaliser des trouées et pour la gestion des feux de joints de dilatation, ce qui nous permet d’apporter un soutien aux autres centres d’incendie et de secours également.
Quelle est l’intervention qui vous a le plus marqué dans ce CS ?
En 20 ans, des interventions marquantes, j’en ai vu, bien qu’au niveau NRBC, je n’en ai pas encore vécu. Il y a une intervention dont je me souviendrai toujours : c’était un dimanche matin sur le marché de Villemomble. Nous sommes appelés pour une dame en arrêt cardio-respiratoire sur la voie publique. Nous commençons la manœuvre et réussissons à la ramener avant de l’emmener à l’hôpital le plus proche. L’intervention se termine sans que nous ayons de nouvelles de la dame.
Quelques mois plus tard, je termine une intervention et, au moment de partir des lieux, un monsieur m’aborde en me tapant sur l’épaule. Je n’arrive pas à remettre son visage et je ne comprends pas exactement ce qu’il souhaite. Puis il me demande si je reconnais sa femme… Il s’agissait de la dame du marché que nous avions sauvée trois mois plus tôt. Je suis resté bouche bée au début, car c’était un moment touchant.
Même si, pour nous, ce type d’intervention fait partie du « quotidien », j’ai trouvé ça incroyable de pouvoir revoir cette femme vivre sa vie, son quotidien, alors que tout aurait pu s’arrêter sans l’intervention des secours. Pour moi, c’est un moment qui m’a profondément marqué et qui m’a rappelé toute la valeur de notre mission de porter secours.
Souvenir personnel/cohésion le plus marquant dans ce CS ?
Ce qui me marque le plus, ce n’est pas un événement en particulier, mais plutôt la vie en caserne. C’est une véritable famille qui se construit au fil des années. On apprend à connaître chacun, à composer avec les personnalités et les habitudes de tous Certains il ne faut pas leur parler avant leur café du matin, d’autres, après minuit c’est compliqué …
Je cite des exemples mais de manière générale, cette diversité humaine est une vraie richesse. On rencontre et on vit avec des personnes que l’on n’aurait peut-être jamais croisées ailleurs, à cause de différences de milieux sociaux, de croyances ou de caractères. Mais à la Brigade, tout cela n’a plus d’importance : on apprend à vivre ensemble, à se découvrir et souvent à s’apprécier. Humainement, c’est une expérience unique.